Aménagement
La start-up romande Greenastic se lance dans le jardinage

La jeune entreprise vient de créer un site web d’aménagement de jardin et un service de vente de plantes et de conseils paysagers en ligne. À découvrir sur le stand «Terre&Nature», à Habitat-Jardin.

Le jardinage a aussi ses start-up! Maxence Vieux-Rochas, biologiste, va lancer Greenastic, un site web et une application permettant de concevoir massifs ou potagers, de faire son choix dans une sélection de plantes adaptées et de les acheter en ligne. Mais aussi de faire appel à des paysagistes pour de petits mandats: aménagement d’une plate-bande ou d’une terrasse. Son projet a été soutenu par des incubateurs de start-up romands: Genilem, Innovaud et Start Lausanne. Depuis 2015, 135 000 francs ont été levés pour permettre le lancement de cette plate-forme dans le cadre du salon Habitat-Jardin à Lausanne.
Le modèle d’affaires semble au point. L’avenir dira s’il existe un public en Romandie pour ce type de service. Le site web, doté d’un design frais et agréable, permet à tout un chacun, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, de réaliser un projet de jardin à partir de la photo aérienne de son lopin de terre. Si les premiers tests sont gratuits, il faut rapidement ouvrir son porte-monnaie pour pouvoir sauvegarder ou imprimer ses projets. Mais les tarifs des abonnements sont raisonnables: de 10 à 25 francs par an. Les utilisateurs seront-ils au rendez-vous? «Oui, à condition que l’outil informatique ne soit pas trop compliqué, estime Sandra, jardinière du dimanche à Bienne. Mais quand l’envie de jardiner me prend, je préfère être dehors plutôt que de passer des heures devant mon ordinateur!»

Guider les choix du jardinier
Les logiciels d’aménagement de jardin, ce n’est pas une nouveauté, en 2D ou en 3D, ils existent depuis de nombreuses années, avec des fonctionnalités plus ou moins élaborées, en version gratuite ou payante. Quelle est donc la spécificité de Green­astic? «La plus-value de notre système, c’est qu’il propose, grâce à des algorithmes numériques, des plantes en fonction des informations personnelles données par le client: la nature du sol, l’exposition et les conditions climatiques de son jardin, explique Maxence Vieux-Rochas. Je pense que les jardiniers ont souvent des déconvenues car, dans les garden-centres, ils craquent pour des plantes en fleur ou qui attirent l’œil, mais qui ne sont pas forcément adaptées aux conditions de leur parcelle. Notre système met également automatiquement en avant des associations de plantes favorables au potager ou des plantes compagnes qui attirent des auxiliaires utiles. Il est important pour nous de promouvoir des méthodes de jardinage naturelles qui permettent de se passer de pesticides. Nos fiches-conseils vont dans ce sens.»

Où sont les plantes suisses?
Le catalogue en ligne de Greenastic compte environ 5000 références de végétaux, de la plante annuelle à l’arbre. Un choix ambitieux, lorsque l’on connaît les difficultés de la vente de plantes fraîches par internet (voir encadré ci-contre). «Nous travaillons avec des horticulteurs et des pépiniéristes qui font déjà de la vente en ligne et nous nous appuyons sur leur chaîne logistique», précise Maxence Vieux-Rochas. On peut cependant regretter que les plantes vendues sur Greenastic, qui se revendique comme une plate-forme suisse, ne proviennent pas de producteurs helvétiques. «J’ai cherché à travailler avec des horticulteurs et pépiniéristes suisses, mais sans succès, ou alors leur rayon de livraison n’était pas assez étendu. Je le regrette.» Les plantes, toutes labellisées, seront donc produites en France. Les vivaces et graminées chez Lepage ou les rosiers chez Meilland Richardier. Les plantes devraient parvenir chez les clients en une petite semaine. Coût de la livraison: 25 francs. Quant à leur prix à l’unité, le concepteur du site annonce qu’il sera moins cher que sur les autres sites de vente en ligne approvisionnés en plantes suisses. À voir…
Nouveau président de Jardin Suisse Vaud, Patrick Aubort, professionnel à l’enseigne de Riviera Paysage à Clarens (VD), se réjouit de suivre l’évolution de cette plate-forme. «Peut-être que Greenastic finira par développer des partenariats avec les entreprises vertes romandes, horticulteurs, pépiniéristes ou architectes-paysagistes, pour aller au bout de la démarche de proximité et d’écologie dont ils se revendiquent, cela serait indispensable. Peut-être pourrons-nous envisager des collaborations?»

Paysagisme low cost
Le troisième service proposé par Green­astic, ce sont des formules à petits budgets (100 à 1500 francs) pour des projets clés en main d’aménagement de balcon, de massifs ou de carrés potagers. «Ces mandats n’intéressent pas toujours les entreprises de paysagisme», note Maxence Vieux-Rochas. Le client pourra choisir, en ligne, parmi cinq architectes-paysagistes à qui il pourra confier son projet. Tous les échanges se feront à distance à partir d’une photo. Et il bénéficiera au final d’un plan, d’une suggestion de plantes et d’une estimation des coûts. «Là encore, l’avenir dira si ce modèle répond à une demande, commente Patrick Aubort. Mais créer un jardin, c’est d’abord s’intéresser à son propriétaire, à ses rêves, à ses envies et échanger des idées. À nos yeux rien ne remplace le contact humain.»

+ D’infos www.greenastic.ch; www.js-vd.ch

Texte(s): Marjorie Born
Photo(s): DR

Plantes en ligne

«Les plantes, c’est quand même une marchandise particulière! Rien à voir avec des chaussures ou des livres. C’est vivant, délicat. Et on ne peut pas les renvoyer si cela ne va pas», souligne Audrey Girod. Les pépinières du même nom, à Saint-Triphon (VD), lancent leur shop en ligne. «On doit se mettre au goût du jour et multiplier nos outils de vente. Mais si les clients font leur choix en ligne, beaucoup passent au magasin pour discuter avec nous et voir les arbres avant de les acheter. La vente en ligne, plusieurs pépiniéristes et horticulteurs s’y sont mis en Romandie, notamment les grands du secteur: Hornbach, Migros et Coop. Tout comme les enseignes spécialisées comme lautrejardin, la pépinière de vivaces ou le rosiériste Alain Tschanz. Damien Romanens a créé plantes.ch il y a quinze ans. «Internet est un marché très volatil. On a eu de la chance, mais aujourd’hui je trouverais presque kamikaze de me lancer. Avant, on pouvait vendre les plantes moins cher sur internet grâce aux économies d’infrastructures, mais ce n’est plus le cas, car il faut investir régulièrement dans le marketing, la communication et le référencement du site.» Un horticulteur romand a d’ailleurs fermé début 2016 son site de vente en ligne, découragé par l’effort nécessaire pour renouveler sans cesse le fichier clients et par le poids des dépenses publicitaires et marketing. Pour les pépiniéristes comme Girod ou Meylan, la vente en ligne permet d’offrir une visibilité géographique plus large à leur production. Il n’empêche que ce service, bien qu’il s’avère de plus en plus indispensable, pour l’image, n’est pas encore la panacée pour bien des jardiniers qui préfèrent juger sur pied de la qualité des plantes.

Habitat-Jardin chouchoute les jardiniers

Le traditionnel salon printanier, qui se tiendra du 4 au 12 mars prochain à Lausanne, propose côté jardin:

  • Un espace de 400 m2 consacré au végétal et à la technologie créé par JardinSuisse.
  • Le concours des apprentis paysagistes. Dix équipes romandes seront en compétition pour démontrer leur savoir-faire dans l’utilisation des végétaux et matériaux. Les deux meilleures participeront aux Swiss Skills, les championnats suisses des métiers.
  • Une exposition de la Fondation Hortus, arts & culture des jardins, réalisée par les élèves de l’École supérieure d’arts appliqués de Vevey.
  • «Les cahiers du jardin», un cycle de conférences autour de la construction et de l’élaboration d’espaces verts privés, mais aussi de l’entretien des plantes et de la sauvegarde des variétés végétales. Tous les après-midi de 14 h à 16 h, halle 35
  • + D’infos www.habitat-jardin.ch