Rencontre
La météo de Robin Métrailler agite les réseaux sociaux

Suivi par plus de 14'000 abonnés sur Facebook, le Valaisan de 17 ans partage sa passion pour la météorologie avec de plus en plus de gens. Une vocation qu’il cultive depuis l’enfance.

La météo de Robin Métrailler agite les réseaux sociaux

Lorsqu’il annonce un orage, de la neige ou le retour du soleil sur la page MétéoRobin, c’est une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux. Chacune de ses publications réjouit près de 15’000 internautes. Les réactions et les remerciements affluent des quatre coins de la Suisse romande. «On n’aurait jamais cru que ses prévisions météorologiques rencontreraient autant de succès», relèvent en chœur sa maman Françoise et Estelle, l’une de ses deux grandes sœurs. Robin Métrailler, lui, y croyait. «Ceux qui se moquaient ont même fini par me suivre», relève-t-il avec satisfaction. Du haut de ses 17 ans, ce grand gaillard a les pieds bien sur terre. Même si sa tête, elle, est plutôt dans les nuages. En bon prévisionniste, il voit très clairement comment se dessine son avenir: «Après ma maturité, je compte partir à l’École polytechnique fédérale de Zurich pour me former à la météorologie et devenir directeur de MétéoSuisse», lâche-t-il d’entrée. «C’est un peu prétentieux», lui rétorque sa maman, qui suit la discussion depuis la cuisine de la villa familiale de Muraz (VS). «Mais non, c’est ambitieux», lui répond son fils du tac au tac. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce jeune homme sait ce qu’il se veut, à l’âge où d’autres ont de la peine à se lever le matin. Et il affronte la tempête de face, en choisissant de poursuivre ses études secondaires en allemand, à Brigue. Il y loge à l’internat toute la semaine et se frotte au dialecte haut-valaisan afin d’être bien armé pour poursuivre ses études en Suisse alémanique.

Une vocation précoce
Chez Robin, les souvenirs d’enfance ont tous un lien prononcé avec la météo: des nuits passées à la fenêtre à guetter les premiers flocons de neige au cœur de la maison endormie; des expéditions en lisière de forêt tandis que la tempête se déchaîne pour voir ployer les arbres sous les assauts du vent; ou des expérimentations sur les effets du gel dans le congélateur familial. «Je crois que ce que je préfère dans tous ces phénomènes, c’est de ressentir à quel point les éléments nous dépassent. D’ailleurs, je suis fasciné par les catastrophes naturelles. J’adorerais vivre une tornade!» Ses yeux brillent, mais il se reprend vite en précisant qu’il ne souhaite pas le malheur des gens. Animé par la fougue de la jeunesse, Robin n’a qu’une hâte: passer son permis de conduire, se payer une voiture pas dommage et aller voir, de près, orages et glissements de terrain. On jette un coup d’œil en direction de sa maman, pour prendre la mesure de son inquiétude, mais elle semble, depuis le temps, avoir appris à vivre avec l’obsession de son garçon. «Sa passion est un peu un mystère pour nous. Mais c’est vrai que dans ma famille, on était tout le temps connecté à la météo, même si ça ne prenait pas la même forme qu’aujourd’hui. Je revois papa taper sur le baromètre pour estimer s’il pouvait aller faucher. Chez les paysans, la météo dicte le travail quotidien, et le salaire. Ce n’est pas rien!»
Quelle quantité de neige va-t-il tomber au-dessus de 1400 mètres? Le vent va-t-il se lever? Des orages s’annoncent-ils pour ce soir? De telles questions affluent sur la page Facebook du jeune étudiant. La météo inquiète, ravit ou désole les gens. En tout cas, elle laisse rarement indifférent. «Comme je suis aux études, je ne peux pas répondre à toutes les demandes et je n’assure pas de prévisions régulières, mais je constate que l’attente et les exigences des gens qui me suivent augmentent.» Photos ou vidéos, alertes aux intempéries et avis à la prudence: le jeune homme relaie tous les événements importants qui se passent dans nos régions ou ailleurs dans le monde. Il s’essaie aussi à ses propres prévisions, sans pour autant se prendre pour un professionnel. Et quand les premiers flocons tombent sur la Suisse romande, ce sont près de 600 personnes qui lui envoient des images! «Je doutais un peu de ses compétences, mais j’ai dû me rendre à l’évidence», reconnaît sa maman, avec une touche d’admiration.

Auprès des professionnels
Robin est un autodidacte. Il collectionne les livres consacrés à la météo, suit des forums, consulte des sites, analyse des cartes et des modèles prévisionnels pour annoncer perturbations et embellies. À l’école, l’un de ses professeurs de géographie a su répondre à ses aspirations, mais une autre rencontre a été décisive. À force d’entendre parler de chutes du mercure et de nuages résiduels, les parents de Robin réalisent qu’ils connaissent un prévisionniste à MétéoSuisse. Ce dernier les invite à visiter en famille l’un des centres régionaux. «Après deux heures d’explications, on avait tous la tête qui tournait, sauf Robin, qui se désolait qu’on passe déjà à l’apéro», raconte Françoise en souriant. Depuis, régulièrement, le jeune Chablaisien fait un stage dans le saint des saints et se réjouit de ne pas y être cantonné à de l’observation. Il rédige aussi quelques bulletins. Mais la route est encore longue jusqu’à ce qu’un jour, peut-être, il y exerce son métier.
Hyperconnecté avec les éléments naturels et guettant les cellules orageuses quand d’autres ont le nez rivé sur leur téléphone portable, le Valaisan n’en oublie pas pour autant de profiter de la vie. Il sort avec la Jeunesse de Collombey-Muraz et s’est fait des copains à Brigue, même s’ils ne partagent pas son amour des fronts froids, des hautes pressions et des isobares. Quand on lui demande si la météo, ça marche avec les filles, il élude la question, lève les yeux au ciel, mais assure que ses prévisions lui confèrent une certaine notoriété. Qu’il semble apprécier. Cet été, afin de gagner un peu d’argent de poche, il ira travailler dans une buvette de montagne. Pour être plus prêt du ciel? Gageons en tout cas qu’il n’oubliera pas de surveiller altostratus et mammatus, entre deux services.

+ D’infos www.facebook.com/meteorobinmetrailler

Texte(s): Marjorie Born
Photo(s): Mathieu Rod