La perspective de pouvoir confectionner des totchés avec de la crème acidulée d’Ajoie a visiblement fait mouche: ce mois, les lecteurs de Terre&Nature ont voté en nombre pour le projet de la famille Marchand, à Courtedoux (JU), visant à agrandir l’espace dévolu à la vente directe de ses produits.

Depuis 2017, les Marchand n’ont cessé d’élargir la gamme des produits proposés dans leur petit cabanon au fil des dernières années. Le lait, d’abord, au gré d’un changement d’horaire de leur livraison quotidienne au camion, qui leur a permis d’en disposer d’un petit stock réservé à la vente directe. Viande hachée et salaisons sont ensuite venues compléter l’assortiment de leur libre-service, idéalement situé au bord d’une route passante.

Une offre étendue
«Nous y proposons aujourd’hui quatre produits: du lait, de la viande, des légumes et des œufs de producteurs de la région, détaille Patrick Marchand, qui a repris l’exploitation familiale au 1er janvier. Une offre que nous souhaitons élargir, pour que nos clients puissent véritablement faire leurs courses ici, dans ce local.» Leur projet a reçu un large soutien, aussi bien de particuliers que d’entreprises locales.

Une fois les fonds réunis, la construction d’un cabanon sur mesure pourra commencer, à l’ombre de deux bâtiments agricoles. La famille espère ainsi offrir une alternative aux magasins de village, de plus en plus rares en Ajoie. «Il n’y a plus de commerces à Courtedoux alors qu’il y a un réel intérêt pour les produits locaux, note Patrick Marchand, qui s’est notamment renseigné auprès de boulangers avant de mettre sur pied son projet. Notre seule incertitude réside dans un bassin de clientèle assez restreint.»

Coup de pouce marketing
Encouragés par Laurie, la sœur de Patrick – qui a suivi une formation dans le domaine du tourisme et du marketing –, ce dernier et son père Pascal ont donc accepté de lancer une recherche de fonds sur la plateforme Yes We Farm. «On a développé petit à petit notre point de vente, tout en étant conscients que l’on avait déjà suffisamment de travail sans ça avec nos 53 hectares et nos vaches», sourit Patrick Marchand. En cas de succès, il pourra toutefois compter sur son amie Marine, prête à diminuer son temps de travail à l’extérieur. Certes, pendant le semi-confinement, la demande en produits du terroir a explosé… puis les ventes ont diminué. Cela a toutefois permis aux Marchand d’évaluer le marché à disposition et les a confortés dans leurs démarches.

La famille ne mise toutefois pas sur la vente directe pour assurer la survie de l’exploitation dont elle s’occupe depuis 1964. «Mon grand-père louait ces terres avant de les acheter en 1972, raconte Patrick Marchand. On a toujours pu investir pour développer la ferme, dédiée au lait d’industrie, n’étant pas situés dans une zone de fromagerie.»

La vraie valeur du lait
Chaque jour, 20 litres de lait sont vendus dans le cabanon – une goutte parmi les 1800 kilos produits quotidiennement sur le domaine. «Ce type de commercialisation est anecdotique, mais l’échange avec les clients nous fait plaisir. On vend notre litre un franc, un prix juste pour nous et qui reste moins cher pour le consommateur que celui de la brique des grandes surfaces, poursuit Patrick Marchand. On redonne ainsi sa valeur réelle au lait… c’est gagnant-gagnant.» La famille Marchand entend encore mieux valoriser la production de ses vaches en misant sur des produits typiques, comme la crème acidulée utilisée dans la confection du totché, le gâteau star de l’Ajoie. «Il y a un débouché pour ce produit, mais aussi pour du beurre local, qui manque à en croire des professionnels», conclut l’agriculteur.

+ D’infos sur www.facebook.com/fermemarchand. Rendez-vous sur www.terrenature.ch/yes-we-farm pour voter pour votre projet préféré et tenter de gagner un cadeau surprise par tirage au sort! Les votes sont ouverts jusqu’au 17 septembre. Retrouvez, dans notre cahier «Les pros de la terre» du 24 septembre, un reportage sur le projet lauréat.