Architecture verte
Jouer avec le soleil et la circulation de l’air permet de chauffer cette villa

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de bâtiments exemplaires sur le plan énergétique. Visite de la maison des Liechti, à Lucens (VD), surplombant la vallée de la Broye depuis 1986.

Jouer avec le soleil et la circulation de l’air permet de chauffer cette villa

Bien qu’elle se fonde à merveille dans son quartier des hauts de Lucens, la demeure de Sylviane et Jean-Daniel Liechti est en réalité particulière à plus d’un titre. En premier lieu, elle ne s’aligne pas parfaitement avec ses voisines, offrant à ses habitants une vue dégagée sur la vallée, mais pas seulement. «Son orientation est primordiale, explique Jean-Daniel Liechti, l’architecte qui l’a conçue en 1986 pour y vivre avec sa famille. Je voulais tirer parti du soleil par le biais d’un jardin d’hiver orienté plein sud, alors que les locaux de service, n’ayant pas besoin d’être tempérés, ont été placés au nord.»

 

 

Moins d’énergie consommée

Cette verrière intégrée dans le bâtiment, sur deux étages, est la pièce maîtresse de la maison. L’été, ses portes restent ouvertes sur le luxuriant jardin, aérant la villa naturellement. Les vitres peuvent être voilées pour éviter que la chaleur envahisse l’espace, entièrement ouvert. Une mezzanine à l’étage permet à l’air de circuler librement et uniformément dans les chambres, mais aussi dans la cuisine et le salon au rez. Les avant-toits de la bâtisse ont par ailleurs été pensés pour que le soleil, très bas en hiver, puisse pénétrer dans les pièces de vie, mais qu’en été il n’éclaire pas directement le vitrage, afin de ne pas le surchauffer inutilement.

Durant la saison froide, les rayons tempèrent la verrière, cette dernière pouvant également être entièrement close pour éviter toute déperdition de chaleur. «Il suffit alors d’ouvrir et fermer les fenêtres pour ventiler les locaux, détaille Jean-Daniel Liechti. C’est un coup à prendre, mais cela fonctionne parfaitement depuis trente-cinq ans. Ces gestes simples font diminuer drastiquement notre consommation d’énergie.»

 

 

Du local avant tout

Le choix des matériaux joue aussi son rôle. Le sol est constitué de carreaux d’asphalte – comme on en trouve dans la gare Cornavin – d’un brun foncé brillant emmagasinant la chaleur. «L’ossature de la villa a été réalisée en bois local, provenant de la scierie du village, poursuit l’architecte à la retraite. On a posé douze centimètres de laine de verre, également fabriquée à Lucens, pour l’isoler. Aujourd’hui, cela semble peu, mais à l’époque c’était déjà bien plus que ce qui était usuel dans les constructions.»

Le noyau central de la villa est composé de briques en terre cuite apparentes, dites d’écurie, dépourvues de lignes permettant au crépi d’y adhérer, et elles aussi produites dans la région. «Voir les matériaux bruts est un peu une manie d’architecte, sourit Jean-Daniel Liechti. Ces briques forment le cœur solide de la bâtisse en accumulant la chaleur et nous ont permis d’éviter d’avoir recours aux peintures avec solvants.»

 

Visionnaires un peu fous?

Autre innovation de la maison: le couple a choisi d’y installer une pompe à chaleur dès sa construction, alors que la plupart des foyers se chauffaient à l’électricité. «On a dû multiplier les permis pour pouvoir placer notre sonde à 95 mètres de profondeur, se souvient-il. Beaucoup ne faisaient pas confiance à ce système plus coûteux au départ. D’ailleurs, à l’époque, il n’existait pas de pompe à chaleur pour équiper une villa comme on en conçoit aujourd’hui: la machine que l’on utilise depuis le début est en réalité un grand moteur de frigo. Nos voisins nous ont un peu pris pour des fous.» La pompe fonctionne quand le soleil fait défaut, s’arrêtant au retour des beaux jours. Enfin, le couple a également installé des panneaux photovoltaïques sur le toit de sa villa respectueuse de l’environnement, aussi efficiente qu’au premier jour.

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): François Wavre/Lundi13