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LES BRAS DROITS DES PAYSANS DE MONTAGNE


Depuis la crise sanitaire, de nombreux bénévoles en quête de grand air, de nature et de sens séjournent chez des familles d’agriculteurs afin de les aider durant la belle saison. Pour les organisateurs de ces programmes de soutien, l’enjeu est de faire perdurer cet élan de solidarité.

Chez la famille Terrettaz, qui élève des vaches d’Hérens à Sembrancher (VS), on se prépare pour l’été, saison la plus chargée du calendrier. Malgré la pression, Samuel et Stéphanie abordent cette période sereinement depuis cinq ans. De juin à septembre, le couple accueille au moins deux bénévoles par semaine, qui l’assistent à l’alpage, aux travaux d’entretien du pâturage, aux foins ou encore au ménage. Ce soutien est proposé dans le cadre du programme Caritas-Montagnards, créé il y a plus de quarante ans en Suisse alémanique à la suite de fortes intempéries dans les régions alpines. Son objectif: épauler les paysans d’altitude qui font face à une surcharge de travail ou qui traversent une situation difficile, grâce à la mise en place d’un large réseau de volontaires. «La première fois, je venais de me casser un bras pendant l’inalpe et nous ne pouvions pas nous permettre d’engager un employé. Je ne savais pas trop dans quoi je me lançais, puis finalement, tout s’est très bien passé, raconte Stéphanie Terrettaz. L’année suivante, j’ai accouché de mon cinquième enfant. Des bras supplémentaires n’étaient pas de trop à la maison! Désormais, nous y participons chaque été.» En plus de quatre décennies, le nombre de bénévoles inscrits n’a cessé de s’accroître, avec un pic en 2020, dès la fin du premier confinement. «Cette année-là, 90% des demandes d’aide ont été remplies. C’est-à-dire que les agriculteurs ont pu avoir quelqu’un sur l’exploitation la quasi-totalité de la période souhaitée, contre 70% d’habitude. C’est un bel élan de solidarité!» se réjouit Jessica Pillet, chargée du programme. En 2021, environ 130 familles et 1200 bénévoles ont répondu présent dans le pays. «L’enjeu est de rester sur cette lancée et motiver un maximum de monde à l’avenir.»

UNE POPULATION VULNÉRABLE

Sur la plateforme www.montagnards.ch, les inscriptions sont ouvertes à toute personne majeure et en bonne santé, domiciliée en Suisse ou dans l’Union européenne. Si environ 30% étaient souvent d’origine étrangère, principalement allemande, la proportion de participants helvétiques a augmenté depuis le début de la pandémie. Parmi les profils les plus fréquents, des citadins, des étudiants en vacances ou en congé sabbatique, des jeunes retraités ainsi que des personnes travaillant dans des bureaux. «Ces dernières ressentent le besoin de pratiquer une activité physique en extérieur et de se rendre utiles, encore davantage pendant la crise sanitaire», souligne Jessica Pillet. C’est justement le cas de Grégory Chapuis, employé administratif à Gland (VD), qui a secondé une famille fribourgeoise ces deux derniers étés. «Avec le coronavirus, je n’avais pas prévu de vacances et je savais que les paysans manquaient de main-d’oeuvre. Et surtout, j’adore le fromage, confie dans un sourire le trentenaire, qui a participé à la traite et à l’entretien des pâturages dans un alpage au-dessus de Charmey. On se levait à 4 h du matin, pour finir à la tombée du soir. Prendre l’air et faire une occupation concrète m’a fait du bien. C’est une bonne fatigue!» Du côté des familles, Caritas donne la priorité à celles qui ont moins de 40 000 francs de revenu imposable par an et n’ont pas les moyens d’embaucher un ouvrier agricole. «Pour ce type d’exploitations, une difficulté momentanée comme un accident, une opération, une grossesse, un éboulement, ou encore une surcharge de travail saisonnière peut avoir de graves conséquences. De manière générale, les agriculteurs de montagne sont particulièrement vulnérables, car ils sont soumis à une météo capricieuse et doivent évoluer dans des terrains escarpés, ce qui implique beaucoup de travail manuel. Chaque année, plusieurs d’entre eux sont contraints d’arrêter leur activité», explique Jessica Pillet. Faire les foins, tourner les fromages, déplacer les vaches d’un pâturage à l’autre, nettoyer les boilles à lait, s’occuper des enfants ou préparer les repas: telles peuvent être les tâches demandées aux bénévoles, suivant le type de production et la taille du domaine. «Nul besoin de compétences particulières, l’idée est de soulager les familles au quotidien afin que cela leur libère du temps pour avancer sur d’autres travaux.» Actuellement, la majorité des fermes inscrites se situe en Suisse allemande, contre une vingtaine en Romandie. Le programme devrait également se développer au Tessin en 2022.

RICHESSE DES ÉCHANGES

Si un pool de personnes pouvant se rendre disponibles pour les aides d’urgence se met actuellement en place, les inscriptions se font généralement à l’avance, pour une durée moyenne d’une semaine. En totale immersion, les participants sont nourris et logés sur place, afin de vivre au rythme de leurs hôtes et du travail à la ferme. «Il ne faut pas voir ça comme des vacances, mais plutôt comme un moment d’apprentissage et de partage», estime Jessica Pillet. D’après les questionnaires fournis par Caritas, le taux de satisfaction atteint une moyenne de 95%. «Nous avons de très bons retours, autant du côté des bénévoles que des familles. Souvent, ils retentent l’expérience les années suivantes.» Mais accueillir des gens qui ne connaissent pas le milieu agricole est-il vraiment avantageux pour les producteurs? «Il est vrai qu’il faut faire des efforts pour bien expliquer et être attentif, ce qui peut être assez fatigant. Mais cela s’avère aussi un échange précieux, qui ouvre sur d’autres cultures, expose la paysanne Stéphanie Terrettaz. Ce qui fait du bien, surtout pendant une période tourmentée ou chargée. De réelles amitiés sont nées.» «Pour ma part, cela m’a permis de réaliser à quel point les agriculteurs bossent dur, et de valoriser encore davantage leur travail. Depuis, j’achète les produits plus consciemment », relate Grégory Chapuis. Enfin, au-delà des bras supplémentaires offerts, Caritas-Montagnards vise à prévenir le burn-out, les accidents au travail ou encore l’isolement. «Les paysans prennent ainsi du recul sur leur activité. C’est un réel enrichissement personnel et une expérience bénéfique pour tous les acteurs du programme », estime la responsable.

ENTRETENIR LES ALPAGES

Depuis cinq ans en Romandie et plus d’un quart de siècle outre-Sarine, l’Aide suisse à la montagne et le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) proposent un service similaire. Baptisé Volontaires montagne (ou Bergversetzer), il vise à prêter main-forte gratuitement aux personnes actives dans l’agriculture, communes, bourgeoisies ou organisations touristiques désirant construire ou améliorer certaines infrastructures, grâce au concours de bénévoles. Parmi les travaux effectués, l’entretien de pâturages et de chemins pédestres pour accéder aux alpages, la rénovation de bâtiments agricoles ou encore l’installation de réseaux d’eau. «Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons constaté une hausse des inscriptions individuelles et une réelle envie de soutenir les populations alpines. Beaucoup d’entreprises du tertiaire, comme des banques et des assurances, ainsi que des fondations et des familles sont également motivées à participer», expose Alain Peter, coordinateur du programme pour la Suisse romande. Ainsi, en 2021, une soixantaine de groupes ont effectué près de 1270 jours d’activités en Romandie. Une fois leur projet annoncé sur le site www.bergversetzer.ch, les bénéficiaires s’engagent à assurer l’encadrement des journées, l’outillage de chacun et la nourriture. Dormir sur place s’avère également possible, si l’activité dure plusieurs jours. Dans le cadre d’une collaboration avec le Parc naturel Pays-d’Enhaut, de nombreux alpages se sont déjà inscrits pour cet été. Au menu: arrachage de plantes invasives, aménagement de places d’abreuvoir ou encore remise en eau de bisses. «Notre mission est de sensibiliser les participants aux difficultés liées aux régions alpines et de recréer un lien solidaire entre la ville et la montagne. Si cet engouement perdure, nous sommes sur la bonne voie!» se réjouit le responsable.

SURVEILLANCE NOCTURNE DU LOUP

Précieuse durant la journée, cette aide l’est tout autant de nuit, notamment depuis le retour du loup et la multiplication des attaques sur les troupeaux. Créée en 2020, l’association Oppal propose à des veilleurs de relayer les bergers sur les zones d’estivage lorsque ceux-ci doivent se reposer, afin d’assurer une surveillance continue des animaux de rente, tout en sensibilisant aux enjeux liés au retour du canidé grâce à des lunettes de vision thermique. «Des mesures d’effarouchement ont été effectuées, mais aucune attaque n’a eu lieu, se félicite le directeur Jérémie Moulin. Nous espérons au moins 300 personnes cet été.» Plusieurs alpages dans le canton de Vaud participeront également au programme. Les personnes intéressées peuvent se rendre sur le site www.oppal.ch afin de s’inscrire pour une formation de deux jours. «Il y a un réel mouvement de responsabilité citoyenne et l’envie de favoriser la cohabitation entre l’humain et la faune, ce qui passe par un engagement bénévole. C’est très réjouissant! »

Lila Erard

S’ENGAGER POUR LES FORÊTS DE MONTAGNE

Ailleurs en Suisse, un nombre croissant de bénévoles participent au Bergwaldprojekt (ou projet Forêt de montagne), avec là aussi un pic en 2020, à la suite du semi-confinement. Créée en 1987, cette fondation basée à Trin, dans les Grisons, promeut la préservation de la forêt et du paysage culturel dans les zones alpines. Environ 150 semaines de travaux sont organisées chaque année, de mars à novembre, grâce à la participation de 2500 participants. Plusieurs projets sont en cours à Blonay (VD), Naters (VS) ou Val Müstair (GR), par exemple pour planter des arbres, fabriquer des enclos afin de tenir le gibier éloigné de certaines essences, ou débroussailler des alpages. «Les forêts de montagne ont un rôle de protection contre les risques naturels, comme les avalanches et les crues, et constituent un abri précieux pour la biodiversité. Ce patrimoine doit être entretenu et sauvegardé à l’heure du réchauffement climatique, ce qui n’est pas toujours possible en raison du manque de temps et de moyens des forestiers», expose Yannick Pulver, chef de projet. Les inscriptions peuvent se faire en ligne, sur le site de la fondation. Le Bergwaldprojekt existe également en Allemagne, en Espagne et en Autriche.

www.bergwaldprojekt.ch

 

«C’EST UN RÉEL CADEAU»

Paysanne aux Posses-sur-Bex (VD), Martine Gerber gère seule une petite exploitation biologique, avec un élevage de moutons. Depuis trois ans, elle fait appel au programme Caritas-Montagnards pour avoir de l’aide pour les foins et les récoltes, de juin à octobre. «C’est un coup de main non négligeable sur un terrain en pente non mécanisé. Mais aussi une vision collective de l’agriculture, comme dans les fermes d’autrefois, où toutes les générations d’un même village participaient aux tâches. J’aime l’idée d’offrir aux gens la possibilité de prendre soin d’un bout de nature», exprime-t-elle. Céline Loussert, docteure en biologie de 42 ans, a justement passé une semaine sur le domaine en septembre dernier, avec son ami. «Nous avions envie de sortir du travail intellectuel et d’agir concrètement, même si nous n’avions aucune connaissance du monde agricole, explique cette habitante de Renens (VD). Martine nous a bien expliqué ce qu’il fallait faire et nous a fait confiance. Nous nous retrouvions à chaque repas pour discuter. C’était très chaleureux.» Malgré l’organisation en amont pour pouvoir accueillir les intéressés, cette expérience en vaut la peine, témoigne l’agricultrice: «C’est un réel cadeau de pouvoir faire des rencontres à domicile, surtout lorsque l’on oeuvre à 100% dans une exploitation.»

DEVENIR UN «WWOOFEUR»

Envie de vous familiariser avec l’agriculture et d’assister les paysans, tout en prenant le temps le découvrir la région? L’organisation Wwoof (Worldwide opportunities on organic farms), créée en 1971 au Royaume-Uni, est faite pour vous. Cette pratique d’écotourisme baptisée «Wwoofing» propose aux participants d’effectuer entre quatre et six heures de travaux par jour dans une exploitation – et ce cinq jours par semaine –, en échange du gîte, du couvert et de l’apprentissage des pratiques d’agriculture durable et biologique. Actuellement, 127 fermes offrent ce type de séjour en Suisse.

www.wwoof.ch