Cet été, cap sur les parcs suisses!

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Zoom sur les nouveautés en lien avec l’agritourisme

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L’œnotourisme séduit les Suisses

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À la ferme Gehren, la dolce vita à la schwytzoise

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Les parcs suisses, des joyaux à découvrir

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Les parcs suisses en un coup d’œil

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Dormir dans une cabane au bord du lac de Neuchâtel

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Notre sélection de destinations œnotouristiques

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Flâner des coteaux au lac de Neuchâtel

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Au fil des bisses de Sion

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Schaffhouse, terre de pinot noir

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Vin et rêveries autour de Bienne

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Les délices du terroir grison

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Pour des vacances à la ferme réussies (Genève, Vaud et région lémanique, Jura et Trois-Lacs)

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Pour des vacances à la ferme réussies (Fribourg et Berne)

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Pour des vacances à la ferme réussies (Oberland bernois, Région bâloise et Argovie)

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Pour des vacances à la ferme réussies (Lucerne et Lac des Quatre-Cantons)

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Pour des vacances à la ferme réussies (Zurich région et la Suisse orientale)

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Pour des vacances à la ferme réussies (Valais, Grisons et Tessin)

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LE VIN ET SES ARTISANS, UNE INVITATION AU SÉJOUR


Finies les initiatives isolées de quelques vignerons visionnaires: l’œnotourisme est aujourd’hui l’affaire d’un nombre croissant d’acteurs du monde de la vigne et du vin. La variété des formules proposées ne connaît aucune limite. Et fait l’objet d’un développement concerté de la part des instances touristiques et viticoles.

À l’Hostellerie du Château, à Rolle (VD), chaque chambre porte le nom d’un domaine viticole de La Côte, à laquelle la décoration et la carte des vins de l’établissement font la part belle; à Sion, un tour de la ville historique ponctue chaque étape de la découverte in situ d’un cru de l’appellation; à Jenins ou à Maienfeld (GR) ou encore à Schaffhouse, on peut passer la nuit dans un authentique tonneau douillettement aménagé, avec vue sur la vigne du domaine – dont une bouteille est offerte avec le repas du soir. Et si une dégustation dans le cadre chaleureux d’une cave est toujours un must, on peut désormais la faire en haut d’un barrage aussi bien qu’entre les parchets ou dans la cour d’un château. En bref, le vin est devenu le dénominateur commun d’offres touristiques dont la diversité s’étoffe de saison en saison.

 

CHANGEMENT DE MENTALITÉ

«En moins de dix ans, l’œnotourisme a énormément progressé et les concepts se sont multipliés, se réjouit Yann Stucki. Globalement, on est en train de passer du primat de la dégustation gratuite à une logique de prestation d’accueil professionnelle qui mérite un prix.» Cette évolution se fait tant dans les esprits des acteurs du vin que dans celles des responsables touristiques, souligne celui qui coordonne aujourd’hui le développement œnotouristique suisse. «De nos jours, quand on veut vendre du vin, on vend son terroir. Et quand on fait la promotion d’une destination, on met en avant le vin qui y est produit.»

Dans ce changement, c’est d’abord le dynamisme des vignerons prestataires qui a joué un rôle clé. Les plus clairvoyants se sont lancés il y a deux décennies déjà; progressivement, ils se sont mués en professionnels de l’accueil, voire de l’événementiel. Sans reculer devant les formations complémentaires. «J’ai fait la patente de restaurateur il y a dix ans et la certification Vaud Œnotourisme en 2017, raconte ainsi Éric Bovy du domaine du même nom à Chexbres (VD), un de ces pionniers. Je parle anglais et allemand et je prends aussi des cours de japonais pour pouvoir répondre à nos clients dans leur langue… On a aussi dû se battre pour concilier nos initiatives avec la réglementation, mais on a sans doute contribué à faire bouger les choses également sur ce plan (voir encadré ci-après).» Les instances touristiques, elles, ont vite perçu l’intérêt de surfer sur la tendance du tourisme du goût et du «consommer local». «Le vin est un produit phare du tourisme en Valais, considère Damian Constantin. Il nous a permis de mettre en valeur nos sites en plaine, alors qu’on était focalisé sur la montagne; il n’a pas de saisonnalité – la fréquentation des activités œnotouristiques est d’ailleurs encore plus marquée en hiver. Il touche autant le parahôtelier que l’hôtellerie traditionnelle», énumère encore le directeur de Valais Wallis Promotion. La clientèle œnophile, en outre, affiche un profil plus qu’intéressant: «Son âge se situe entre 38 et 55 ans. Elle se démarque par la fréquence soutenue de ses visites et son pouvoir d’achat élevé. Pour les deux tiers des hôtes, une visite équivaut à un séjour.»

 

SUR LE TERRAIN, À L’ÉCOUTE

Loin d’être purement opportuniste, le soutien des institutions a été très actif, relève Yann Stucki. «Dans le canton de Vaud, on s’est beaucoup déplacé sur le terrain pour convaincre des bénéfices de l’œnotourisme, mais aussi pour écouter les vignerons, les restaurateurs, les hôteliers et les autres acteurs touristiques. C’est ainsi qu’on a pu faire évoluer les choses.» La création du Prix suisse et des Rencontres de l’œnotourisme, en 2017, a de fait favorisé les échanges entre les acteurs de tout le pays – même si les deux grands cantons viticoles, Vaud et Valais, concentrent à eux deux près des deux tiers de l’offre globale. Les responsables touristiques ont également su tirer parti des initiatives locales: lancé par l’Office du tourisme de Sierre, Vinum Montis (un passeport de dégustation à présenter aux encaveurs de la région) a aujourd’hui pour partenaire Valais Wallis Promotion. En est né le Valais Wine Pass, au concept identique, mais valable dans tout le canton.

 

ATOUTS DE TAILLE

Outre la qualité des vins suisses, désormais reconnus hors de nos frontières, la passion des producteurs pour leurs crus et l’enthousiasme de ceux qui les intègrent à leurs prestations sont autant d’atouts à exploiter. «Le vin se prête comme aucun autre produit au storytelling, crucial pour la valorisation d’un endroit, remarque Damian Constantin. Il ajoute encore à l’expérience humaine et authentique que recherchent les touristes.»

Évidemment, l’œnotourisme suisse doit aussi composer avec des inconvénients qui lui sont propres. L’absence de grandes structures comme les wineries californiennes ou les châteaux bordelais ne facilite pas son essor. «Des sites comme les Celliers de Sion ou le Vinorama de Lavaux endossent partiellement ce rôle, nuance Yann Stucki. Mais globalement, on compose avec une multitude d’acteurs de taille modeste. Cela dit, chaque lieu touristique peut jouer cette carte. Je pense notamment à des moteurs comme Aquatis, à Lausanne, ou la Maison Cailler, à Broc (FR). C’est là qu’il convient prioritairement d’implanter la démarche œnotouristique.»

DES PIONNIERS TOUJOURS NOVATEURS

Au cœur de Lavaux, le Domaine Bovy est un des acteurs les plus dynamiques de l’œnotourisme en Suisse – et l’un des premiers à s’être lancés. À sa reprise de l’entreprise familiale en 1998 avec ses deux frères (l’un d’eux est décédé depuis lors), Éric Bovy a construit un jardin d’hiver destiné à accueillir des dégustations et des repas-événements préparés par un traiteur. «Avec le coup de projecteur amené par le classement de la région au patrimoine de l’humanité par l’Unesco, en 2007, la fréquentation a pris l’ascenseur», se souvient-il. Asiatiques (en majorité), Américains ou autres, les touristes, la plupart par le biais de voyagistes, n’ont cessé de se succéder au domaine de Chexbres. Le vigneron, lui, est toujours à la recherche de nouveaux produits œnotouristiques, de la chambre d’hôte aux brunches avec DJ, mais n’oublie pas d’être là en tout temps pour les hôtes de passage. «En saison, 100% de mon temps est consacré à l’œnotourisme, constate Éric Bovy. Mes horaires et mon rythme sont plutôt ceux d’un restaurateur!»

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QUESTIONS À…
GÉRARD-PHILIPPE MABILLARD

DIRECTEUR DE L’INTERPROFESSION DES VINS DU VALAIS

 

Les vignerons sont-ils désormais des acteurs du tourisme?

Ils sont des acteurs majeurs de l’œnotourisme, qui est devenu bien plus qu’une simple visite de cave associée à une dégustation. Les amateurs recherchent désormais autre chose: ils veulent vivre une expérience unique et ludique, tutoyer le mode de vie des vignerons. L’œnotourisme permet d’inventer de nouvelles relations avec ce qui nous entoure; c’est une nouvelle manière de mettre en lumière les vins, mais aussi
les paysages que les vigneronnes et vignerons façonnent et entretiennent magnifiquement.

 

Quels sont les plus grands atouts du Valais en la matière?

Je dirais en premier lieu le regroupement des forces, notamment entre les produits du terroir et le tourisme aussi bien en plaine qu’en montagne. Il est d’ailleurs réjouissant que l’œnotourisme constitue une des priorités de Valais Wallis Promotion. Cela vaut aussi pour l’Interprofession des vins du Valais. Nous y attachons énormément d’importance. Et on peut déjà considérer les Caves ouvertes, l’événement Au cœur
des vendanges et la Cyclosportive des vins du Valais comme des exemples œnotouristiques majeurs.

 

Ce développement ouvre-t-il des pistes intéressantes pour surmonter les difficultés d’accès au marché pour les producteurs?

Oui. Pour nous, l’œnotourisme va agir à l’avenir comme un dynamiseur pour nos vins. Les Caves ouvertes, par exemple: d’un point de vue économique, elles représentent pour certaines caves 20% de leur chiffre d’affaires annuel, voire plus. Et l’événement attire chaque année de très nombreux nouveaux clients, en provenance de toute la Suisse et même de l’étranger. Nous parlons là du lien très étroit et essentiel qui existe et qui grandira entre le producteur et le consommateur. La découverte de vins est déjà une expérience très forte, à laquelle s’ajoute un sens de l’accueil unique dans des lieux qui le sont également.

https://lesvinsduvalais.ch/cavesouvertes

Et pour que la Suisse parvienne à rattraper son retard, même très relatif, par rapport aux autres pays, il faut parvenir à en faire une destination œnotouristique globale, estime le Vaudois. Ce qui passe nécessairement par une fédération à l’échelle interrégionale, mais aussi intersectorielle. «La fragmentation de nos institutions touristiques et viticoles est un frein à dépasser», insiste-t-il – citant d’ailleurs en exemple le développement valaisan de Vinum Montis. «C’est clairement le futur, approuve Damian Constantin. Ce n’est pas facile: il faut vaincre les habitudes et les réticences qu’elles entraînent. Mais le tourisme globalisé est de plus en plus exigeant en compétences et en ressources que les destinations ne peuvent plus aligner chacune de son côté.»

Pour être incontournable, cet «œnotourisme national» risque pourtant de prendre encore un peu de temps. «À ce niveau, la complexité devient très difficile à gérer, constate le Valaisan. Pour avancer sur la durée, nous devons parfois apprendre à nous contenter de petits pas pour ne pas devoir reculer plus tard.» Synergies régionales et coordination intercantonale sont donc à favoriser. «Fédérer les prestataires, je suis à fond pour! s’exclame Éric Bovy. On a des destinations qui sont des images fortes derrière lesquelles on a tout intérêt à se ranger. Et il est faux de vouloir se préserver de la concurrence locale: plus de prestataires, ça fait les affaires de tous en fournissant des plans B à chacun en période de forte affluence, ce qui est bon pour la région tout entière. D’ailleurs, j’incite tous mes collègues qui ne l’auraient pas encore fait à se lancer!»

 

BLAISE GUIGNARD

 

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