l’écho des campagnes
Flavescence dorée: lutter et replanter

La végétation a repris ses droits dans les vignobles de la Riviera. L’heure est à l’ébourgeonnage et au repiquage, sur fond de surveillance sanitaire.

Flavescence dorée: lutter et replanter

Barbues en main, Xavier et Willy Bühlmann sont dans les starting-blocks. Père et fils exploitent ensemble un domaine d’une vingtaine d’hectares de vignes, cultures fruitières et herbages autour de Blonay (VD) et s’apprêtent à replanter un parchet de 3500 m2, du Domaine des Doges, sur les hauts de La Tour-de-Peilz (VD). En effet, l’automne dernier, des analyses moléculaires effectuées sur des ceps malades de ladite parcelle ont révélé qu’ils étaient atteints de flavescence dorée. Cette maladie bactérienne présente au Tessin et en France est redoutée pour ses conséquences sur la pérennité du vignoble. L’arrachage de la parcelle est aussitôt ordonné par le Canton. «Un moment assez particulier à vivre», avouent les Bühlmann, qui venaient tout juste de reprendre ces vignes en tâche. Une fois les souches brûlées, la parcelle a été retournée. «On en a profité pour la rendre plus mécanisable.»
Les viticulteurs blonaysans ont donc consacré leur fin d’hiver à construire des terrasses, puis à les piqueter et à les échalasser. «On y plantera du chasselas. Le marché semble demandeur», glisse Xavier Bühlmann. Ces prochains jours, cette étape délicate du repiquage va donc occuper trois personnes pendant une semaine, l’heure est également à l’ébourgeonnage. Les coups de froid de fin avril-début mai ne semblent pas avoir affecté la dizaine d’hectares de vignes que Willy et Xavier travaillent sur la Riviera. S’ensuivront les premiers traitements contre l’oïdium et le mildiou. «Avec cette alternance pluie-soleil, tout peut aller très vite, il faut être réactif», confie Xavier Bühlmann, qui vient également de poser des diffuseurs de phéromones dans ses vignes, afin de lutter par confusion contre le ver de la grappe.

106 hectares concernés
Un autre traitement ordonné par le Canton s’imposera ce printemps, chez les Bühlmann, comme chez une cinquantaine d’autres viticulteurs de la région, afin d’éradiquer la cicadelle, l’insecte vecteur de la flavescence dorée. «Courant juin, 106 hectares de vignes seront donc traités à deux reprises contre cet insecte qui en se nourrissant sur un cep malade peut aller en contaminer d’autres, sains», précise Michel Jeanrenaud, chargé de la lutte contre la flavescence dorée au Service vaudois de l’agriculture. Cette lutte systématique est aux yeux des autorités la seule façon de combattre efficacement la maladie qui pourrait ravager des centaines d’hectares. «L’enjeu n’est pas seulement sanitaire, mais également économique, au vu de l’importance de la viticulture dans la région.» Chez Bühlmann, on considère que cette lutte chimique est un mal nécessaire. «Espérons que cette molécule de synthèse ne vienne pas déséquilibrer ce qu’on a réussi à mettre en place ces dernières années», soupire Willy Bühlmann. Le vigneron est en effet parvenu à s’affranchir totalement des interventions chimiques contre les insectes, grâce à la lutte intégrée à l’aide d’auxiliaires, comme les typhlodromes.
La réponse de Michel Jeanrenaud se veut rassurante: «La molécule qu’on utilisera ces prochaines semaines cible spécifiquement la cicadelle. La matière active est neutre pour les auxiliaires ainsi que pour les abeilles.» En attendant, la vigilance sera particulièrement de mise cette année, pour les Bühlmann comme pour leurs collègues de la Riviera.

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller