Alors que la rémunération moyenne des producteurs de lait d’industrie est de 60 centimes le litre (un prix qui a incité 652 d’entre eux à jeter l’éponge rien qu’en 2020), les membres de la coopérative Faireswiss reçoivent quant à eux 1 franc par litre livré.

L’idée de permettre aux exploitants de reprendre l’initiative sur un marché défavorable et de toucher un prix équitable leur garantissant la rentabilité de la production laitière est venue à Anne Chenevard début 2017, alors que la rémunération des producteurs (instaurée près de dix ans auparavant par l’abandon des quotas laitiers) continuait à dégringoler. Les distributeurs et transformateurs contactés se sont montrés favorables au projet, et la coopérative a reçu en 2018 son baptême officiel. «Nous étions alors 14 producteurs, dont 13 Romands, relève la présidente de Faireswiss, paysanne à Corcelles-le-Jorat (VD). Aujourd’hui, nous sommes plus de 60 dans toute la Suisse, et nous avons une liste d’attente de 80 exploitants prêts à prendre des parts sociales et à donner à Faireswiss de la visibilité, par exemple en participant à des animations en magasin.»

Sceptiques au début, les distributeurs jouent le jeu, d’autant plus que le label renforce sa notoriété. «Nous sommes à la fois présents dans les petites épiceries et les grandes surfaces, grâce à des partenariats qui fonctionnent très bien», note Anne Chenevard. La coopérative a ainsi vendu l’an dernier plus d’un million de litres de lait équitable – et vise le double pour 2021; outre des briques de lait UHT ou pasteurisé, l’assortiment Faireswiss ne cesse de s’agrandir et comporte divers produits comme des fromages à pâte molle, des mélanges à fondue ou encore des petits pots de crème à café.

«Pour le consommateur, la différence à la caisse est d’environ 50 centimes par litre de lait. Ce n’est pas grand-chose… et ça change la vie du producteur», souligne la productrice avec force. En 2020, 350 000 francs ont pu être redistribués à la soixantaine de coopérateurs Faireswiss – dont la moitié environ sont situés en Suisse alémanique –, chacun étant rémunéré selon une tabelle basée selon les volumes livrés.

«Notre but est aussi de contribuer à maintenir une production laitière familiale, rentable et durable en Suisse. On n’a pas l’ambition de la sauver à nous seuls, mais Faireswiss montre l’exemple d’une solution basée sur la coopération. Et on préfère toucher un grand nombre de petits producteurs plutôt que quelques gros: nous avons besoin d’être nombreux, afin d’accentuer notre poids dans un marché très tendu», conclut Anne Chenevard.

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