Du côté alémanique
Eveline Hildbrand parvient à sublimer une génisse sur le ring

À l’occasion du premier concours de présentation, le showmanship, organisé dans le cadre de Swiss Expo, Terre&Nature est allé à la rencontre d’une des concurrentes favorites, sur les hauteurs de Hägendorf (SO).

Eveline Hildbrand parvient à sublimer une génisse sur le ring

Ligne de dos droite, corps redressé, tête relevée, pattes alignées: Desideria ne semble dérangée ni par la neige ni par le froid. Sur les flancs du Belchenflue, sommet de l’arc jurassien qui fait office de frontière entre les cantons de Soleure et de Bâle-Campagne, la petite génisse de la ferme Gyger, à Hägendorf, parade, menée au licol par Eveline Hildbrand. La jeune éleveuse de 19 ans connaît par cœur sa protégée. Toutes deux s’entraînent en effet depuis trois mois pour le showmanship de Swiss Expo, un concours de présentation organisé pour la première fois à Beaulieu Lausanne. Exporté d’Amérique du Nord, le showmanship est une discipline, où, à la différence d’un concours bovin classique, on juge l’accompagnant plutôt que l’animal. «Ce qui compte aux yeux du juge, c’est la manière dont l’éleveur le présente sur le ring, explique Eveline. Sont évalués sa capacité de suivre les instructions du juge et de placer son animal afin de présenter sa morphologie de la façon la plus avantageuse possible.» Bref, être showman est un art à part entière dans lequel excelle Eveline Hildbrand.

Cinq participations à la Royal
La jeune femme, originaire du Canada, est tombée dans la marmite de l’élevage enfant déjà. Fille de paysans suisses, elle a grandi dans une ferme de l’Ontario, à une trentaine de kilomètres d’Ottawa. L’exploitation familiale compte alors une centaine de vaches holsteins et red holsteins. «J’ai effectué à ma première expo quand j’avais 11 ans. J’étais alors la plus jeune participante au concours de showmen. Malgré mon jeune âge, j’ai tout de même fini à la troisième place du concours.»
Depuis, Eveline voue à l’élevage et aux concours de présentation une véritable passion. À l’adolescence, comme tout jeune éleveur canadien, elle rêve de participer à la Royal Fair de Toronto, où les 350 meilleurs showmen du pays, s’affrontent chaque année au début du mois de novembre. Talentueuse, Eveline affiche d’ores et déjà cinq participations à son compteur!

Love story canado-suisse
C’est d’ailleurs lors de cette exposition, en 2016, qu’elle rencontre celui qui deviendra son petit ami. Jonas Gyger, jeune paysan soleurois, est alors en stage dans une exploitation québécoise. Ensemble, ils décident de revenir en Suisse. Le couple vit désormais sur les hauteurs de Hägendorf, dans la ferme familiale des Gyger. Jonas, lui aussi un fondu d’élevage et d’expos bovines, travaille avec son père sur le domaine. En outre, il préside l’Association des jeunes éleveurs suisses. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il organise avec la Swiss Expo le premier showmanship international du pays.
Les deux jeunes gens ne comptent pas les heures qu’ils consacrent à leur passion. À l’étable, les vaches sont lavées et clippées régulièrement, sorties au licol plusieurs fois par semaine. Eveline a pris sous son aile plusieurs génisses qu’elle travaille pour les concours de présentation. Elle a par ailleurs brillé plusieurs fois cet automne, notamment dans les concours de Wattwil (SG) et de Bulle (FR). Autant dire que son expérience et son palmarès font d’elle une des favorites pour Swiss Expo! Elle garde cependant les pieds sur terre: «Il faut de la persévérance et de la patience pour créer un lien de confiance entre l’animal et son meneur. L’habituer au licol, lui apprendre à se placer, s’entraîner à marcher avec lui, répéter les gestes clés qui permettent de mettre en valeur ses atouts morphologiques, tout cela prend du temps!»

Tout est dans l’harmonie
Le showman doit lui aussi avoir une attitude irréprochable. «Il faut rester calme en toute circonstance, être rigoureux sur sa posture et avoir envie de gagner», poursuit Eveline Hildbrand. Pour la jeune femme, un bon showman est capable de montrer la vache ou la génisse sous son meilleur jour, en tout temps. «Il doit pouvoir prendre en main n’importe quelle bête et la sublimer, conclut-elle. Au final, ce qui fera la différence sur le ring, c’est l’harmonie qui se dégagera du couple animal-meneur.»

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller

La ferme Gyger en chiffres

25 vaches laitières holsteins et red holsteins.
180’000 kg de lait vendu à Emmi.
25 années de sélections génétiques
+ D’infos Gyger’s Red Holstein, Fasiswald 1, 4614 Hägendorf. Facebook: Gyger’s Red Holstein

Une première en Suisse

Voici un atout de plus pour Swiss Expo! C’est la première fois cette année que se tiendra en effet un showmanship. Ce concours de présentation est ouvert aux jeunes éleveurs âgés de 10 à 28 ans et originaires de tous les pays. Les organisateurs de l’exposition internationale qui se déroule à Beaulieu jusque dimanche 14 janvier ont décidé de prêter leur ring à l’Association des jeunes éleveurs suisses pour cet événement. «La plupart des expositions régionales en Suisse organisent désormais un showmanship pour les jeunes éleveurs, mais Swiss Expo sera l’occasion d’ouvrir ce concours à l’international, explique Jonas Steiger, président des jeunes éleveurs suisses. À Lausanne, les candidats seront regroupés par tranches d’âge et le juge déterminera un champion junior et un champion senior, afin de garantir une compétition équitable.» Dans les concours bovins, la façon de mener la vache influe directement sur son classement, notamment si la bête a quelques petits défauts à camoufler. «Au final, un concours de showmen ne peut que participer à améliorer le niveau des concours et à servir l’élevage suisse.»
+ D’infos www.swiss-expo.com; http://swiss-jungzuechter.ch.