valais, Dorénaz

Balade à flanc de coteau, où la nature respire

Aussi sauvage que diversifié, les coteaux de Dorénaz sont un paradis pour la randonnée. Depuis le hameau de Champex-d’Alesse, un sentier traverse des pentes rocailleuses boisées qui courent jusqu’à la plaine.

Prendre de la hauteur en regardant par la vitre d’un téléphérique a un petit côté magique. Depuis Dorénaz, quelques minutes suffisent pour passer de 450 à plus de 1100 mètres d’altitude. Lorsqu’il débarque à Champex-d’Alesse, c’est un autre monde qui s’ouvre au randonneur. La chaîne des Alpes est un horizon sublime et la silhouette pourtant caractéristique du premier sommet des Dents-du-Midi, la Cime-de-l’Est, se dévoile sous un angle peu connu. Ici, l’air est plus vif, plus limpide. Nos poumons de citadins s’en trouvent ragaillardis. Cette balade va nous faire traverser le paysage, rude et austère, en tout cas tel qu’on le perçoit depuis la plaine, d’une forêt sur éboulis.

Il nous faut d’abord longer une route durant quelques centaines de mètres pour laisser derrière nous le hameau de Champex. Quelques-unes de ses maisons aux toits anthracite rappellent que des strates d’ardoise émaillent le sous-sol de la région. En tournant à gauche à partir du grand pâturage, le décor change. Dans le sous-bois, on tombe rapidement sur une construction qui, de loin, paraît être un joli refuge. L’armature de bois protège en réalité le Trou-à- l’Ours: un piège à grand prédateur – loup, ours et lynx –, qui se présente sous la forme d’un puits en pierre dont la construction remonterait peut-être au XVIIIe siècle.

Tout de suite après débute la longue traversée des pentes éboulées du Châble-de-la-Corne.  L’apparente monotonie de ce dénivelé de 700 mètres, qui descend en longs zigzags vers la plaine, est trompeuse. Cette forêt sur éboulis abrite une large faune, mais son relief escarpé cache facilement ses hôtes. Parmi lesquels certaines espèces rares d’oiseau comme la huppe, l’autour des palombes ou le circaète, un rapace mangeur de reptiles. Plus de mille plantes ont été recensées, et de grandes espèces d’insectes d’origine méditerranéenne telles que Saga pedo, une sauterelle géante, la cigale de l’orne ou le rhinocéros, un gros coléoptère, sont présentes. Cette richesse a mené au classement national et européen de la vaste réserve des Follatères dont l’autre versant est bien connu pour ses orchidées.

Des funambules dans le pierrier
La plaine du Rhône est en vue, quelques centaines de mètres en contrebas, lorsqu’un chamois apparaît. L’animal n’a qu’une courte hésitation face à un promeneur pourtant tout proche. D’un bond, il survole le chemin et dévale le champ de pierres instables à une allure vertigineuse. À peine disparu, un second animal prend le même chemin. La suprématie d’un dominant ne semble pas établie sur ce territoire. La recherche d’un endroit pour m’asseoir et voir si cette rivalité aura une suite me permet de repérer un reptile. Un museau légèrement retroussé, des yeux à pupilles verticales… une minuscule vipère aspic se tient lovée dans les herbes qui ornent le pied d’un rocher bien exposé. Une carte n’est pas nécessaire pour situer géographiquement les falaises qui bordent le sentier à son arrivée dans la plaine. Aux portes de Dorénaz, le vent violent qui frappe soudain le randonneur rappelle que nous sommes au «carrefour des Alpes», une charnière climatique constituée par le coude du Rhône. Sur l’épaule rocheuse que nous venons de contourner, des grimpeurs s’entraînent, agrippés à des appuis improbables. Peut-être auront-ils la chance de voir de près les restes fossiles de palmiers qui y sont stratifiés? Le relief géologique du territoire de Dorénaz est en effet complexe et laisse songeur. Des cendres de volcans actifs au voisinage y ont été découvertes. C’était lors de l’ère primaire il est vrai.

Conclure ce périple en laissant traîner le regard sur les pentes rocheuses qui bordent le village peut réserver une dernière et belle surprise: la découverte d’un faux-alysson renflé. En Suisse, cette plante aux fleurs jaune vif ne pousse que dans ce coin du Valais.

Texte(s): Daniel Aubort
Photo(s): © Daniel Aubort

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Arrêt d’Évionnaz par train régional sur la ligne CFF Lausanne-Sion. Service de bus entre la gare d’Évionnaz et Dorénaz téléphérique.

En voiture
Sorties de Saint-Maurice ou de Martigny sur l’autoroute Lausanne-Sion. Suivre Dorénaz. Grand parking dans le village, au départ du téléphérique pour Champex-d’Alesse.

Le parcours

Parcours sans véritables difficultés, de 6 km, mais d’un dénivelé de 700 mètres, en grande partie sur de petits sentiers caillouteux. Ne pas sortir du chemin. Compter 1 h 45 de marche effective dans le sens de la descente, et 2 h 15 en montée pour rejoindre les stations du téléphérique de Dorénaz ou de Champex-d’Alesse.

Carte au 1:25 000 de l’OFT: No 1305 Morcles. La carte «Follatères», éditée par les communes de Fully et Dorénaz, donne la description des postes numérotés de ce parcours.

Se restaurer

À deux pas du téléphérique, le Café-Restaurant la Rose Rouge de Dorénaz propose des spécialités suisses et portugaises. Assiettes pour enfants.
Ouvert 7/7.
Rue Principale 80, 1905 Dorénaz
Tél. 027 764 19 11

Se renseigner

Géologie «De Dorénaz à Champex-d’Alesse»:
www.swisstopo.admin.ch

Randonnée à Dorénaz sur le site de Randonnée Pedestre.