Architecture verte
Terre cuite et bois, recette d’avenir

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de maisons exemplaires sur le plan énergétique. Visite, à Granges-Veveyse (FR), d’une habitation sobre et adaptée aux défis climatiques.

Terre cuite et bois, recette d’avenir

Parfois, le progrès peut être synonyme de simplicité, au point de revenir à des techniques éprouvées depuis plusieurs siècles. Cette maison construite entre 2013 et 2014 dans la commune de Granges-Veveyse (FR) en est un exemple parlant. Vue de l’extérieur, elle ressemble à n’importe quelle autre villa contemporaine, avec ses volumes simples, son toit à deux pans percé d’une large lucarne, ses murs couleur sable et ses larges ouvertures. Pourtant, elle est loin d’être comme les autres.

Comme une maison d’antan

Née de l’impulsion d’une propriétaire très au fait des enjeux climatiques de notre époque, cette demeure est le fruit d’une réflexion globale qui prend en compte aussi bien l’implantation sur le terrain, la conception durable et la gestion énergétique du bâtiment que l’impact environnemental de sa construction: «Tous les matériaux utilisés proviennent d’un rayon de 150 kilomètres au maximum autour du village de Granges, explique Olivier Lyon, l’architecte vaudois qui est à l’origine de sa réalisation. C’était un véritable défi, mais cela faisait partie intégrante du processus, pour limiter l’énergie grise nécessaire à la construction de la maison. Cela pousse aussi les artisans locaux à s’intéresser à ce type de procédés et de techniques.»

L’un des matériaux les plus importants et les plus particuliers de cette villa individuelle est… une brique de terre cuite: «Nous avons utilisé des briques mesurant 50 centimètres d’épaisseur et dont la structure alvéolée leur procure d’excellentes propriétés isolantes.» Au point qu’il n’y a même pas besoin de poser d’isolation supplémentaire en périphérie: un simple crépi à la chaux à l’intérieur et à l’extérieur, et le tour est joué. «Ces murs épais lui donnent une inertie très intéressante en termes de température: en été, ils conservent la fraîcheur de la nuit, tandis qu’ils se chargent de chaleur grâce au soleil et au poêle à bois en hiver. Exactement comme le faisaient les épaisses parois de pierre des bâtiments d’autrefois.»

À l’intérieur de cette enveloppe de terre cuite, dalles et cloisons sont faites de bois massif, local et idéal pour l’isolation phonique. «Bois et briques sont des matériaux qui respirent, précise Olivier Lyon. Ils sont non seulement isolants, mais permettent aussi d’assurer le confort des habitants en absorbant un éventuel surplus d’humidité, qu’ils restituent quand l’atmosphère est trop sèche. Les enduits naturels utilisés complètent le tableau en offrant une qualité d’air optimale.»

De l’électricité à revendre

Ajoutez à cette structure une solide isolation thermique en toiture faite de près de 40 centimètres de laine de bois, des fenêtres à triple vitrage et vous obtenez une coquille qui se chauffe aisément au moyen de quelques panneaux solaires thermiques posés sur le garage attenant, mais aussi grâce à une orientation soigneusement étudiée pour que les larges vitrages laissent autant que possible entrer les rayons du soleil. «Un accumulateur de 3700 litres intégré au bâtiment avant même de couler la dalle permet de stocker l’eau chauffée par le soleil et par le poêle hydraulique installé au salon avant de l’injecter dans le circuit d’eau chaude sanitaire.» Pour ce qui est de l’électricité, des panneaux photovoltaïques orientés plein sud produisent de quoi couvrir la consommation moyenne de quatre ménages, permettant à des milliers de kilowattheures d’être injectés dans le réseau.

Un peu plus de six ans après sa construction, la maison de Granges tient toutes ses promesses: facile à vivre, elle offre à ses habitants un confort en toute saison tout en se révélant aussi sobre que prévu. Solidement posée sur son repli de terrain, elle est prête à résister au temps et aux changements climatiques.

Texte(s): Clément Grandjean
Photo(s): Atelier O

En chiffres

  • Label Minergie-P.
  • Construite en 2014.
  • 290 m2 de surface habitable.
  • 20 m2 de panneaux solaires thermiques.
  • 14600 kWh d’électricité produits par an.
  • 50 centimètres, l’épaisseur des briques
    qui composent les murs.
  • 1 stère de bois par an pour le chauffage.

Les architectes

Économie d’énergie, matériaux naturels et confort, voilà ce qui pourrait résumer la philosophie de l’atelier o, basé à Romanel-sur-Lausanne depuis 2010. Olivier Lyon assure avec son épouse Sibylle et Claude Nyffenegger la codirection de ce bureau, qui dispose d’une solide expérience dans la rénovation de bâtiments anciens et les techniques respectueuses de l’environnement.