berne, Berthoud (BE)

Balade à vélo électrique au cœur d’une carte postale emmentaloise

Cet été, la rédaction de «Terre&Nature» se relaie pour parcourir à vélo électrique les sept premières étapes de la Route du Cœur. Au départ de Berthoud (BE), nous rejoignons Willisau (LU).

Aux portes de l’Emmental, Berthoud – ou Burgdorf en allemand – mélange les époques. À l’ouest, direction Berne, la ville s’avère être une banale banlieue industrielle. Mais vers l’est, où nous nous dirigeons, elle se révèle comme un bourg pittoresque et dévoile tout son charme. Un coup d’œil vers le ciel suffit pour apercevoir son château, perché sur une colline. C’est probablement les Zaerhingen qui lancèrent sa construction il y a plus de neuf cents ans pour verrouiller la vallée de l’Emme. Aujourd’hui, cette ancienne forteresse abrite trois musées, dont le musée helvétique de l’or. Après avoir fait le plein d’histoire et d’énergie électrique, nous quittons les routes mi-bétonnées mi-pavées en deux courts virages. Les bords de l’Emme, ombragés, sont rafraîchissants.

«Je vivrais bien ici», me lance mon compagnon du jour, Marco, sur le premier sentier de terre que nous empruntons. Surprenante déclaration venant d’un citadin genevois, mais plutôt de bon augure pour la suite. Le rivage est aguicheur et les plages de galets comblent de bonheur les promeneurs et les pique-niqueurs. Nous enjambons cet affluent de l’Aar grâce à un pont en bois à la charpente impressionnante. Après la fraîcheur fluviale, la chaleur nous met rapidement au défi à mesure que nous approchons de Lützelflüh, où la Route du Cœur nous conduit vers les collines de l’Emmental. 
La sueur fait son apparition et nous peinons – un peu, merci la propulsion électrique – pour atteindre des points de vue de plus en plus intéressants. Difficile de garder sa concentration sur son vélo alors que le paysage nous invite à la pause. Derrière les nuages, on devine les majestueux sommets des Alpes bernoises au sud et la chaîne du Jura à l’ouest. En bas, le lit de l’Emme, si frais, paraît déjà bien loin.

Jamais sans mon fromage
Le décor ne change guère alors que nous longeons de vastes coteaux aux allures de carte postale. Des passages ombragés aux saveurs boisées et des tronçons champêtres aux odeurs de foin fraîchement fauché se succèdent. Les chants des oiseaux et des grillons nous accompagnent… Sauf quand ils sont couverts par le bruit de notre propre moteur électrique. Notre estomac crie famine alors que la Schaukäserei d’Affoltern in Emmental apparaît en contrebas. Ici, quatre fromageries se sont succédé de 1750 à nos jours. La cuisine locale, servie sur une grande terrasse, apporte son plein d’énergie malgré les limites de son raffinement. Nous dégustons quatre fromages locaux avant d’aller observer la fromagerie moderne accessible par la boutique du restaurant. Pas de doutes, nous sommes bien dans le cœur de l’emmentaler. Même les jeux pour enfants sont munis de trous, c’est dire… C’est l’heure du départ, il nous reste 40 kilomètres à parcourir. Pour digérer, rien de tel qu’une première côte sévère. Les moteurs électriques – Dieu merci! – fonctionnent du tonnerre. En chemin, entre deux petites forêts, deux grands milans tournoient au-dessus de nos têtes. L’itinéraire, agréable, est ponctué de descentes, parfois sur route avec des pointes de vitesse à 70 km/h, parfois sur chemin caillouteux avec quelques frayeurs. «Je vais calmer le jeu», annonce Marco après un dérapage incontrôlé. Nous traversons de coquets petits villages – Hohtannen, Häckligen, Lünisberg, Flösch – au rythme de «grüezi» amicaux. Les magnifiques fermes de l’Emmental, typiquement bernoises, nous invitent à nous arrêter un peu trop souvent. Le temps file plus rapidement que nous qui pédalons en direction de Madiswil.

Partout des fleurs
Commune bernoise de quelque 1200 ans, ce grand village agricole impressionne, collectionnant les fermes, chalets et fromageries à l’architecture rustique. L’été y dévoile toute sa splendeur, avec des fleurs aux couleurs attractives au bord des routes, sur les balcons, sur les terrasses, dans les jardins… Et ici, tu pourrais vivre, Marco? «C’est magnifique, mais s’arrêter pour un verre me suffira.» Un bon compromis qui nous permet de recharger les batteries – les nôtres et celles des vélos. Un espresso-verre d’eau plus tard, et c’est la dernière portion de notre parcours qui nous attend. Les paysages se suivent et se ressemblent, sans pour autant qu’on s’en lasse. Après avoir passé les belles communes d’Auswil, de Gondiswil et de Hüswil, nous voilà en terres lucernoises. Un dernier effort pour traverser Zell avant de plonger vers notre destination finale, Willisau, et son petit mais magnifique château. Fatigués de la longue journée, nous observons les alentours. Il paraît que la région du massif du Napf, que nous avons effleurée par le nord, cache des beautés à couper le souffle. À ses pieds, vers l’est, la vallée de l’Entlebuch a obtenu en 2008 le label de «parc nature».

Texte(s): Guillaume Chillier
Photo(s): Guillaume Chillier

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