Architecture verte
Pionnier de la durabilité, L’Aubier prône un habitat naturel et solidaire

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte de bâtiments exemplaires sur le plan énergétique. Cette semaine, visite d’un hôtel-ferme 100% bio et de son écoquartier, à Montezillon (NE).

Pionnier de la durabilité, L’Aubier prône un habitat naturel et solidaire

Voici l’histoire de deux jeunes Neuchâtelois qui rêvaient d’un monde meilleur. Il y a près de quarante ans, Marc Desaules, physicien, et Philippe Girardier, droguiste, ont fondé la première ferme biodynamique du canton, dans le hameau de Montezillon. En plus de produire du blé et du lait, ils ont rapidement acquis l’auberge voisine pour y ouvrir un restaurant 100% bio, grâce au soutien financier de leurs clients et de leurs proches. Au fil des ans, un hôtel, une épicerie, des salles de séminaires et un écoquartier ont été bâtis selon des normes écologiques rigoureuses, faisant de L’Aubier un projet pionnier de la construction durable en Romandie. Aujourd’hui, Marc Desaules nous accueille pour une visite printanière au cœur de ce lieu devenu un emblème de la région.

Pour des touristes écolos

«Dès le départ, nous avons tenu à utiliser un maximum de matériaux naturels et locaux, tels que des briques, du bois, du crépi à la chaux et une isolation en flocons de papier recyclé. Nous avons appris sur le tas, car cela se faisait peu à l’époque», se rappelle le sexagénaire en pénétrant dans un bâtiment jaune, élu premier écohôtel du pays en 1994. Dans les quinze chambres personnalisées aux couleurs pastel, meubles de récupération et draps en coton bio créent une atmosphère confortable et chaleureuse. «Afin d’éviter les champs magnétiques, le cadre de lit n’est fait que de bois, sans aucune pièce métallique», précise notre hôte. Toilettes et buanderie fonctionnent à l’eau de pluie, récupérée sur les toits et stockée en citerne. «Nous avons aussi des cuvettes spéciales qui ne consomment que 3 litres d’eau par chasse, soit deux à trois fois moins qu’un système traditionnel», explique-t-il.

Autosuffisance et lien social

Au cœur de la ferme, non loin des trente vaches laitières, une chaudière centrale à bois alimente à distance la totalité des bâtiments. Outre les panneaux solaires, un système de couplage chaleur-force a été mis en place, afin de générer simultanément du chauffage et de l’électricité à partir de gaz. «Pendant les pics d’utilisation, nous avons aussi la possibilité de couper certains réseaux, comme la ventilation ou le séchage du foin, afin de fonctionner au maximum avec du courant indigène», se félicite-t-il. L’Aubier est-il autosuffisant en énergie? «Pas encore, mais nous y tendons. Pour l’instant, nous préférons parler de cohérence: si nous consommons quelque chose, nous essayons de le produire à un moment ou à un autre dans le domaine.»

Conformément à la philosophie anthroposophe des fondateurs, caractérisée par une approche globale des êtres et du monde, d’autres secteurs d’activité ont vu le jour, comme un écoquartier intergénérationnel d’une vingtaine de logements, bâti en 2008. En plus d’une architecture durable et d’un potager partagé, entraide et lien social sont au cœur du projet. «Les personnes âgées peuvent profiter d’une restauration bio et d’un service de ménage avec des produits écologiques, tout en s’approvisionnant au magasin sur place. C’est un lieu de rencontre entre ceux qui partagent les mêmes valeurs», dit-il. Plus récemment, une parcelle attenante de 6400 m2 et sa demeure de maître ont rejoint le territoire de L’Aubier. «Nous avons refait l’intérieur avec de la chaux faite de pierres du Jura. Les dorures, ce n’est pas le genre de la maison», plaisante Marc Desaules, qui y donne des cours sur la biodynamie, l’économie associative et le développement personnel avec ses collègues, dans le cadre d’une formation baptisée «Osez l’indépendance!» La preuve par l’exemple.

Texte(s): Lila Erard
Photo(s): Guillaume Perret/Lundi13

Les responsables

Marc Desaules (photo), cofondateur, est aujourd’hui responsable de la partie habitation. Six autres personnes gèrent le café-hôtel, l’auberge, la ferme, la fromagerie et le pôle formation. En 2014, un espace équin avec des ateliers de développement personnel a aussi été créé. Depuis ses débuts, L’Aubier prospère grâce au soutien d’actionnaires, prêteurs et donateurs, désireux d’investir dans des projets éthiques.

 

 

 

En chiffres

L’Aubier, c’est:

  • 1979, date de création.
  • 9 secteurs d’activité.
  • 40 hectares de domaine agricole.
  • 40 collaborateurs sur le site.
  • 55 000 kWh par an produits par le solaire.
  • 45 000 kWh par an, la production locale d’électricité par couplage chaleur-force.
  • 1000 m3 d’eau de pluie récupérée par an.
  • 1980 partenaires financiers.