C’est en bordure de forêt, au lieudit la Maison-Rouge qui domine le bourg de Burtigny, que démarre notre randonnée sur le sentier des Pierres. Une première étape, qui nous emmène en lisière du bois des Tattes, permet de jouir du magnifique panorama qui s’étale du pied du sommet facilement reconnaissable de la Dôle au bassin lémanique. Délaissant alors le sentier qui s’engage plus profondément dans le bois, nous parvenons à un premier bloc erratique, qui trône à quelques mètres. Il a été déposé là lors de la fonte du glacier du Rhône, il y a plusieurs milliers d’années. L’utilisation de cette précieuse roche granitique pour la reconstruction de la tour de l’horloge du village – détruit par un incendie en 1864 – explique son aspect curieusement morcelé. Quelques centaines de mètres plus loin, un rayon de soleil perçant entre les arbres souligne les contours d’une seconde pierre, tout aussi massive, de forme tabulaire, mais cette fois-ci d’un seul tenant. Il faut parvenir à sa hauteur pour remarquer les multiples dépressions circulaires entaillées dans ses surfaces les plus planes. De nos jours encore, la signification de ces coupelles, ou cupules, façonnées par l’homme reste mystérieuse: sites rituels ou destinés à des sacrifices, repères géographiques ou liés à l’astronomie? Plusieurs explications, toujours sujettes à controverse, sont avancées à propos de ces vestiges vieux d’environ 6000 ans.

Des géants bien cachés
Après avoir encore admiré la pierre à Mille trous et celle du Serpent, comme on les nomme familièrement, nous quittons les mondes géologique et archéologique pour partir à la découverte d’arbres monumentaux. Revenant de quelques centaines de mètres sur nos pas, nous suivons alors une route rectiligne qui monte légèrement. Une bifurcation discrète mène d’abord au sapin des Grandes-Tattes. Attention: l’inscription du panneau en bordure du chemin qui devrait nous indiquer la présence de ce vénérable arbre est effacée. Pour le trouver, il faut pénétrer dans le sous-bois. La forêt devient plus dense, s’entoure de mystère. Après trois minutes, le promeneur arrive au pied d’un arbre dont la stature ne déparerait pas une forêt primitive. Même si, par manque de recul, il est difficile d’apprécier les 48 mètres que mesure ce sapin blanc, on se sent tout petit face à la dimension impressionnante du fût qui s’élance vers le ciel.

Sur le chemin qui permet de rejoindre la place à Dill, les rumeurs de civilisation s’éteignent alors que le chemin longe par le haut une dépression boisée. Nous voilà dans la partie la plus intimiste de cette balade. La mousse y est d’un vert éclatant et la forêt un jeu d’ombre et de lumière. Arrivés dans une clairière où trône un mélèze imposant, nous profitons d’une vue admirable qui porte jusqu’aux crêtes ciselées des Dents-du-Midi. Puis c’est un autre géant, le sapin des Saugey, qui mérite notre attention, situé à deux pas seulement du joli pont en rondins qui nous ramène sur une large piste. La place à Dill n’est plus qu’à quelques minutes de marche. Cet espace de pique-nique abrite trois grands troncs évidés. Dommage que la collection d’arbres indigènes qu’ils contiennent ne soit pas étiquetée! Vingt minutes de marche facile concluent notre balade. Elles laissent libre cours à la réflexion, mais ne suffiront pas à élaborer une nouvelle théorie sur les curieuses pierres à cupules.