Reportage
L’une des rares micromaisons de Suisse profite du soleil valaisan

Chaque mois, nous vous présentons des bâtiments exemplaires sur le plan énergétique. Cette semaine, direction Luc, dans la commune d’Ayent (VS), où une tiny house minimaliste a été érigée sur pilotis.

L’une des rares micromaisons de Suisse profite du soleil valaisan

Amateur de vastes surfaces, passez votre chemin! La maison construite par Victoria et Jac Leaney est du genre petite, très petite. À Luc (VS), ils ont bâti une tiny house d’à peine 21 mètres carrés sur une parcelle en pente, en lisière de forêt. Érigé sur six pilotis de 16 centimètres de diamètre, ce cocon cerné d’un grand balcon offre une vue imprenable sur le Christ-Roi. «Il y a bien plus de place que dans la chambre que j’avais chez ma maman, relativise avec humour son locataire, Jac Leaney, 21 ans. Peut-être que le fait de ne pas pouvoir disposer d’un espace à soi, si on y habite à plusieurs, pourrait en gêner certains.»

La visite des lieux est rapide: la pièce principale est équipée d’un canapé, d’un poêle à bois et d’une table.  Dans le prolongement se trouvent la cuisine et une armoire, la douche et les toilettes sèches. Le lit a été disposé sur une mezzanine plutôt basse de plafond, rappelant un peu la cabine d’un bateau. «Il y a 90 centimètres de hauteur, ajoute Jac Leaney. Avec le matelas, il reste environ 60 centimètres pour se coucher, c’est largement suffisant.» Une cave a été aménagée sous les pilotis et lui permet de ranger son vélo.

Cadre légal manquant
Cette habitation hors du commun a été imaginée par l’architecte Hervé Savioz. À l’origine, elle devait être construite sur une remorque afin de pouvoir être déplacée, mais la commune d’Ayent a donné un préavis négatif à la mise à l’enquête préalable. «Comme ces micromaisons sont novatrices, il n’existe pas encore de cadre légal clair à leur sujet, explique-t-il. Sur roues, elle aurait été considérée comme une caravane et aurait dû être installée dans un camping et non dans une zone à bâtir comme c’est le cas ici. On a donc dû trouver un compromis.» Si le gabarit de base est resté inchangé – celui d’un conteneur maritime – des fondations ont dû être faites, comme le raccordement aux eaux usées.

Autonomie et emprise minime
Cette résidence est particulièrement respectueuse de l’environnement, Victoria Leaney, ingénieure en physique du bâtiment de profession, ayant rendu son enveloppe très efficiente du point de vue énergétique. Elle est même autonome grâce à la pose de panneaux thermiques et photovoltaïques en toiture. L’eau de pluie est récupérée – puis traitée aux UV pour la rendre potable – et chauffée par le poêle à bois. L’emprise au sol de la maison est également minime: une fois l’habitation enlevée, le terrain sera intact.

Son enveloppe en bois local, provenant de la scierie d’Icogne (VS), est bien isolée avec de la laine de bois, tant en façade qu’au sol et en toiture. «Pour que notre démarche soit cohérente, il faut utiliser les ressources d’ici, poursuit Jac Leaney. On l’a construite nous-mêmes dès 2019 et pendant le Covid, alors que j’étais en dernière année d’apprentissage, ce qui nous a permis de réduire les coûts.» La plupart des travaux ont donc été réalisés par les Leaney, en privilégiant les low-tech, soit l’opposé du high-tech: des technologies simples, réutilisables et surtout facilement réparables. Un modèle que promeuvent l’Association pour l’habitat léger et les low-tech HaLege, qui aident les personnes souhaitant relever le défi de la construction d’une tiny house.

«Les démarches administratives ont pris du temps, il y a évidemment des règles à suivre, mais je pense que ce type de logement a de l’avenir, notamment pour les jeunes ou les personnes âgées n’ayant pas besoin de beaucoup d’espace pour vivre confortablement», conclut Jac Leaney.

+ d’infos habitat-leger.ch

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Sedrik Nemeth

L’architecte

Imaginer cette micromaison a été le dernier projet – et l’un des plus sensés à ses yeux – de son bureau d’architecte. Après près de quinze ans d’activité en tant qu’indépendant, Hervé Savioz s’est réorienté et travaille comme urbaniste pour la commune d’Yverdon. «Œuvrer pour la collectivité, notamment dans la création d’espaces publics, donne du sens et de la cohérence à mon travail.»

+ d’infos www.hervesavioz.com

En chiffres

  • Maison de 8,25 m de long et 2,55 m de large.
  • Construction en ossature bois de 12,8 m2, pour un espace de vie de 21 m2, mezzanine comprise.
  • 500 watts fournis par les panneaux photovoltaïques et 4 m2 de thermiques installés sur le toit.
  • 18 cm de laine de bois en isolation dans les murs, 28 cm au sol et 18 en toiture.
  • Érigée sur six pilotis à 950 m d’altitude.