Echo des campagnes
En dépit des difficultés, Pierre-Alain Épars reste fidèle à la betterave

Dans le Gros-de-Vaud, la récolte de la betterave sucrière bat son plein depuis le début du mois. Une campagne que viennent ternir sécheresse, chaleurs excessives et maladies.

En dépit des difficultés, Pierre-Alain Épars reste fidèle à la betterave

Une terre craquelée et pulvérulente, un feuillage en berne là où il n’est pas carrément brûlé, des racines que la sécheresse a tendance à ramollir, d’autres attaquées par la pourriture: à l’évidence, le champ de betteraves à sucre de Pierre-Alain Épars a connu des automnes plus favorables. «La cercosporiose accroît chaque année sa pression, peut-être en raison de la concentration de producteurs dans notre région. On est aussi dans une zone très touchée par le syndrome des basses richesses apparu l’an dernier», commente l’agriculteur de Penthalaz (VD), à quelques jours du début de la récolte, programmé en fonction du plan de rotation établi pour le secteur, qui compte au total une centaine de producteurs.

Rendements réduits de moitié
Celui qui est également président des betteraviers de Suisse occidentale cultive quelque 40 hectares de colza, tournesol, blé et betterave. Celle-ci occupe 8 hectares, «soit le maximum possible en fonction de nos rotations», souligne-t-il. À l’instar de la plupart de ses homologues, il se résigne cette année à une récolte amoindrie, tant en matière de volume que de teneur en sucre. «On va vraisemblablement vers un rendement de 50 tonnes par hectare, voire 40 tonnes, alors qu’on atteint couramment 80 tonnes. Et la richesse en sucre ne va pas dépasser 16%, quand on obtient généralement 18 à 20%.» La sécheresse et les chaleurs élevées n’arrangent rien, au contraire, mais Pierre-Alain Épars préfère rester positif plutôt que de se lamenter. «Même si mes betteraves sont IP-Suisse, produites sans fongicides ni insecticides, et ont donc largement perdu leur feuillage, elles n’ont vraisemblablement pas des teneurs en sucre plus faibles que celles qui sont traitées», fait-il remarquer en désignant un champ voisin.
Le betteravier n’escompte pourtant pas beaucoup mieux pour l’an prochain. «Il faut désormais compter avec le syndrome des basses richesses. Mais si les conditions sont meilleures que cette année, on peut en minimiser l’impact.» Il n’envisage en tout cas pas d’abandonner, même si «certains betteraviers de la région vont sans doute jeter l’éponge, en tout cas parmi ceux qui sont fortement touchés pour la seconde fois. Mais la sucrerie, en accord avec la profession, a supprimé les déductions pour les livraisons en deçà des 16% de sucre et décidé de maintenir la prime de fidélité même en cas de livraison n’atteignant pas les quotas. De toute façon, la betterave, je suis tombé dedans étant petit: mon père et mon grand-père ont été responsables de la rampe de chargement de Cossonay avant moi.» Pour se changer les idées, l’agriculteur ne manque actuellement pas de tâches, entre les semis de blé et la production de spécialités vendues directement à la ferme – jus de pomme artisanal, huile de noix, huile de colza non traité, courges, etc. «Le bassin de clientèle est large, et avec le beau temps, la demande est là. On est d’ailleurs en train d’agrandir notre local de vente.»

Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): François Wavre