Chronique
En août, un œil sur la pépinière, l’autre sur les futurs greffons

Chaque mois, «Terre&Nature» vous propose de découvrir comment les pépiniéristes viticoles valaisans de Multiplants, à Vétroz, sélectionnent et multiplient les ceps au fil des saisons.

En août, un œil sur la pépinière, l’autre sur les futurs greffons

Drôle de rythme de travail que celui du pépiniériste! En plein mois d’août, tandis que leurs parcelles de jeunes plants de vigne poursuivent leur croissance, toujours sous contrôle, Paul-Maurice Burrin et Matthieu Vergères ont déjà la tête en 2020: dans les six hectares de vignes disséminées entre Salquenen et Martigny leur fournissant habituellement des greffons et où les grappes commencent doucement à changer de couleur, l’heure est désormais aux repérages.  Armés de pinceaux et de pots de peinture jaune, les deux pépiniéristes parcourent les rangs, examinant les ceps un à un. But de l’opération? Marquer ceux montrant des signes de faiblesse sanitaire afin de les éliminer lors du prélèvement de greffons qui aura lieu… en janvier prochain! «C’est une sélection massale négative qu’on effectue une saison à l’avance, précise Paul-Maurice Burrin. À présent, la vigne est bien développée, les grappes commencent à tourner, c’est le moment idéal pour rechercher des traces de maladies virales ou bactériennes comme le court-noué, l’enroulement chlorotique, la flavescence ou le bois noir. Il nous faut repérer les ceps à problèmes pour ne surtout pas contaminer nos futurs plants de vigne!» Pendant ce temps-là, dans les pépinières de Vétroz et de Conthey, les jeunes plants ont atteint un volume foliaire suffisant, signe que le développement racinaire l’est également. L’écimage effectué environ toutes les deux semaines a permis de renforcer les pieds. Quant aux maladies cryptogamiques – mildiou, oïdium – elles sont maintenues à distance grâce à une attention de chaque instant accordée par nos deux pépiniéristes.
Mais pas question de souffler pour autant! Il s’agit désormais de faire mûrir leurs jeunes protégés en vue de leur arrachage, en novembre prochain. L’aoûtement des bois – processus de lignification des jeunes rameaux qui se transforment en sarments en se durcissant et en accumulant des réserves – exige une réduction sévère de l’irrigation. «Un apport en cuivre va également freiner le développement végétatif des plants, signale Matthieu Vergères. Les bois doivent être parfaitement mûrs pour que la conservation en frigo se passe au mieux et éviter tout développement de champignon.» L’heure des vendanges approche dans le vignoble, mais la pépinière sait ne pas se faire oublier!

+ d’infos Retrouvez notre chronique en images sur www.terrenature.ch/videos/de-la-pepiniere-a-la-vigne-6/

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller