Reportage
A la rescousse des espèces de perroquets menacées

Les perroquets font de plus en plus d’adeptes, séduits par l’intelligence et la beauté de ces oiseaux. Afin de s’engager pour leur sauvegarde, l’association Swiss Parrot a vu le jour en Romandie.

A la rescousse des espèces de perroquets menacées

Rouge, jaune, vert, bleu: les couleurs chatoyantes des oiseaux détenus par Jonathan Pellet, de Lully (VD), attirent immanquablement l’œil. Captivé par les perroquets depuis son adolescence, le jeune homme prend quotidiennement soin d’une soixantaine d’individus, appartenant à vingt-cinq espèces différentes. Une telle diversité est unique en Suisse romande, d’autant plus que ces spécimens comprennent des oiseaux très rares, voire en voie de disparition dans leur habitat naturel, à l’image du cacatoès de Banks ou de la conure dorée. «Les perroquets me fascinent par leur intelligence, s’enthousiasme le Vaudois. Comme chaque groupe développe son propre langage, les jeunes doivent apprendre à reproduire les sons de leurs parents. Ils développent ainsi un talent d’imitateur incroyable. Les gris du Gabon et les amazones sont spécialement doués, arrivant même à reproduire des bruits complexes, comme un éternuement. Leur ingéniosité leur permet en outre de susciter parfois quelques surprises. L’un de mes cacatoès a ainsi réussi à tourner la clé d’un cadenas laissé sur sa volière pour prendre la poudre d’escampette.» Si les perroquets sont capables de reconnaître les diverses personnes qui s’en occupent et peuvent même développer un lien affectif avec elles, Jonathan Pellet ne cherche pas à les apprivoiser outre mesure, mais apprécie d’observer leur comportement. «Je m’efforce avant tout de leur offrir des conditions de vie les plus optimales possibles, afin qu’ils puissent s’épanouir aussi bien mentalement que physiquement.»

Espèces en danger
Si désormais tous les jeunes perroquets commercialisés en Europe sont nés en captivité, ce n’était pas le cas jusqu’en 2007. Les importations massives d’individus capturés dans la nature, ajoutés à la modification de leur habitat naturel, ont eu un impact négatif sur les populations sauvages, nombre d’espèces étant désormais en danger. Sensible au sort de cet oiseau qui lui est cher, Jonathan Pellet a créé récemment l’association Swiss Parrot, afin de s’engager pour la sauvegarde des perroquets. «Un élevage ciblé en captivité, en prenant en compte la diversité génétique, permet d’assurer la survie des diverses espèces menacées, relève-t-il. On contribue ainsi à augmenter le nombre d’individus qui peuvent potentiellement être relâchés ensuite en pleine nature.» Plusieurs exemples montrent le succès de telles démarches. L’ara de spix, considéré comme éteint à l’état sauvage, a ainsi survécu à une extinction définitive grâce à un programme d’élevage. D’autres, comme l’ara macao, ont vu leurs populations renforcées par des lâchers. Chaque année, plusieurs oisillons d’espèces rares issus des couples de Jonathan Pellet sont ainsi confiés à d’autres éleveurs, tandis que les perroquets plus courants sont acquis par des particuliers. «Par le biais de l’association, je souhaite également participer à des projets concrets en milieu naturel. Mon rêve serait de pouvoir acquérir une parcelle de forêt amazonienne, afin d’y créer une réserve.»

Sensibiliser les propriétaires
Mais si Jonathan Pellet s’engage pour la survie des nombreuses espèces de perroquets, il n’oublie pas pour autant qu’ils sont considérés chez nous comme des animaux de compagnie. Afin d’améliorer le bien-être des oiseaux détenus par des particuliers, il sensibilise ces derniers aux conditions idéales de détention. «Malheureusement, je constate trop souvent de la maltraitance causée par la méconnaissance des besoins élémentaires de ces oiseaux», regrette-t-il. L’une des erreurs les plus fréquentes est la garde d’un seul individu. Ces animaux sociables, qui forment des couples fidèles, ont en effet besoin d’avoir des interactions avec d’autres congénères. L’alimentation doit également être adaptée à l’espèce et variée. Si les perroquets se nourrissent principalement de végétaux –tels que des fruits, des graines, des légumes, des fleurs ou encore des racines –, ils consomment également des insectes et des larves, selon l’environnement naturel dont ils sont issus. Des jouets, divers branchages, des perchoirs de diamètres différents, du sable et une douche avec un brumisateur compléteront avantageusement la volière, afin que les oiseaux puissent exercer leur comportement naturel. «Avant de songer à acquérir un perroquet, il est important de se renseigner auprès de personnes compétentes, souligne Jonathan Pellet. Une telle adoption est un engagement à long terme, car un perroquet peut vivre plusieurs dizaines d’années!»

+ D’infos www.swissparrot.ch

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): François Wavre

En chiffres

Les perroquets, ce sont…

  • 350 espèces recensées en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie et en Australie.
  • 1 mètre d’envergure pour le plus grand d’entre eux, l’ara.
  • 1 à 4 oisillons par couvée.
  • 40 à 80 ans, l’espérance de vie de certaines espèces.
  • 500 à 500’000 francs, le prix de vente selon la rareté.
  • 150 mots que pouvait prononcer un perroquet étudié par une éthologue américaine.

Un cadre légal à respecter

Chaque particulier peut adopter un perroquet, à l’exception des aras et cacatoès de grande taille. Pour ces deux espèces, dont la détention est exigeante, une attestation de compétences, délivrée par le vétérinaire cantonal, est nécessaire. La loi et l’ordonnance sur la protection des animaux fixent les dimensions minimales pour les cages, qui varient selon la taille des perroquets. Ces oiseaux étant sociables, ils doivent être détenus au moins par paires, selon la législation en vigueur. À noter que la garde des perroquets à l’attache, fréquente par le passé, est désormais interdite. Ce mode de détention était à l’origine de nombreuses blessures graves, lorsque les oiseaux tentaient de s’envoler. Il est également prohibé de leur couper les ailes, une telle intervention les rendant définitivement incapables de voler.