Animaux
Du jardin au salon, le minipig est un fidèle compagnon de jeu

À la mode depuis dix ans outre-Atlantique, ce cochon nain a également la cote en Suisse. Intelligent, curieux, vif et étonnamment propre, ce grand gourmand peut toutefois peser plus de 30 kilos à l’âge adulte.

Du jardin au salon, le minipig est un fidèle compagnon de jeu

Deux nouveaux arrivants font sensation dans la zone résidentielle de Bouloz (FR). Au milieu des villas modernes et des gazons verdoyants, ils se prélassent dans leur enclos, attendant patiemment leur maîtresse. Il s’agit de Pumba et Bounty, une femelle et un mâle noirauds âgés respectivement de 1 an et de 4 mois, dont Nadia Fernandez est l’heureuse propriétaire. «J’ai découvert l’existence des cochons miniatures en regardant une émission de téléréalité. Une candidate en avait un. C’était si mignon! J’ai craqué», confie cette secrétaire de 58 ans.
À la mode aux États-Unis depuis dix ans, popularisé notamment par l’acteur George Clooney et le mannequin Paris Hilton, cet animal poilu aux oreilles droites et au ventre bedonnant est appelé minipig. Initialement développé pour la recherche médicale, ce cochon nain d’origine asiatique est issu de divers croisements sur plusieurs générations. On parle alors de lignée d’élevage plutôt que de race. Si certains d’entre eux, comme le vietnamien, peuvent peser 60 kilos à l’âge adulte, le minipig ne dépasse pas les 30 kilos, soit dix fois moins qu’un porc de ferme. «Il y a un intérêt grandissant pour les cochons de compagnie, même si c’est encore anecdotique en Suisse, observe Claudia Steinacker, collaboratrice chez ProSpecieRara, fondation pour la diversité génétique et patrimoniale liée aux végétaux et aux animaux. Ils ne sont pas élevés spécifiquement pour le maintien de la diversité génétique, mais c’est une alternative originale pour ceux qui ne veulent pas de chat ou de chien.»

Agité et agile
D’un naturel craintif, le cochon nain est toutefois difficile à apprivoiser. De la patience, des câlins et des friandises sont nécessaires pour gagner sa confiance. «Au début, elle ne se laissait pas approcher. Maintenant, regardez comme elle demande des caresses!» sourit Nadia Fernandez, en grattant le ventre de Pumba. Une fois acclimaté à sa famille d’accueil, le minipig est un fidèle compagnon de jeu. Attention toutefois à ne pas le frapper ou le punir. Cet animal rancunier ne vous le pardonnera pas. «Ce n’est pas près d’arriver. Toute la famille les adore, surtout mes petits-­enfants, précise la quinquagénaire. En revanche, je ne les sors pas encore de l’enclos, car ils courent vite et je ne peux pas les rattraper.» Claudine Rime, éleveuse de minipigs à Charmey (FR) depuis deux ans, confirme. «C’est vrai qu’ils sont agiles et font beaucoup de bêtises. Mais ils sont aussi intelligents et très propres, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Au bout d’une heure, les nouveau-nés font déjà leurs besoins au même endroit que leur mère.» Béatrice Berz, qui en  élève une vingtaine à Fregiécourt (JU), rappelle néanmoins que l’adoption d’un tel animal n’est pas chose aisée. «Il convient de les éduquer avec patience et de ne pas céder à leurs caprices, sinon ils deviennent envahissants. Mais surtout, il faut être conscient qu’un cochon nain ne reste pas petit toute sa vie», insiste l’agricultrice, qui vend ses bêtes entre 300 et 400 francs, suivant la couleur.

Instinct de fouisseur
Tirant parti de la popularité du minipig, certains éleveurs peu scrupuleux en profiteraient pour arnaquer les clients, dissimulant la taille réelle de l’animal une fois adulte. Selon l’Association française Groin Groin, 70% des cochons nains seraient abandonnés après quelques années. «En Suisse, ce n’est pas le cas, car cet animal est encore peu répandu. Il existe moins de dix éleveurs dans la région», estime Claudine Rime. Bien que les minipigs fassent partie de la liste française des NAC, soit des nouveaux animaux de compagnie, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires les considère comme des animaux de rente, d’où la nécessité de les vendre avec un numéro d’identification. Les propriétaires doivent alors s’annoncer au service vétérinaire de leur canton. Dans cette optique, ils sont soumis à l’ordonnance sur la protection des animaux, les obligeant à posséder au moins deux individus dans un enclos avec des proportions adaptées. «Pour s’épanouir, cette espèce curieuse doit pouvoir fouisser en extérieur dans la paille et le foin avec ses congénères», souligne Béatrice Berz.
Peut-on tout de même accueillir son cochon sur le canapé? «Bien sûr, c’est mon but! s’exclame Nadia Fernandez. Pour l’instant, ils sont effrayés et leurs pieds glissent sur le carrelage. Mais à terme, j’aimerais qu’ils investissent la maison comme de vrais animaux de compagnie.» Attention toutefois à surveiller le frigo, que ces grands gourmands pourraient ouvrir d’un coup de groin pour assouvir leur faim.

Texte(s): Lila Erard
Photo(s): François Wavre

Questions à...

Danielle Perrin Frei, médecin vétérinaire au cabinet Au Furet, à Échichens (VD)

  • Le minipig est-il un animal fréquemment soigné par les vétérinaires en Suisse?
    Non, c’est rare. Si cette espèce est populaire aux États-Unis, ce n’est pas le cas ici. En règle générale, ce sont les vétérinaires de campagne qui se déplacent, car un cochon nain peut peser un certain poids à l’âge adulte.
  • À quels types de problèmes les propriétaires sont-ils confrontés?
    L’obésité est fréquente chez le minipig. Il faut donc surveiller son alimentation. Un régime végétarien pauvre en protéines et riche en fibres est adapté. Sinon, c’est un animal plutôt robuste, qui doit toutefois être vermifugé deux fois par an. Des vaccins pour la prévention de certaines maladies existent également.
  • Que conseillez-vous aux personnes tentées par l’achat d’un tel animal?
    De demander conseil aux éleveurs et de s’assurer que quelqu’un puisse s’en occuper en cas d’absence. Il ne faut pas prendre à la légère l’adoption d’un cochon. Lorsqu’une femelle est en chaleur, elle fait beaucoup de bruit, ce qui peut engendrer des problèmes de voisinage. Habiter à la campagne est indispensable, afin qu’il puisse fouisser et se défouler dehors.

Son cousin vietnamien

À Lancy (GE), la ferme pédagogique La Gavotte élève quatorze cochons vietnamiens, dont s’occupe l’association Les groins heureux. En septembre prochain, des travaux de rénovation auront lieu, obligeant la bénévole Isabelle Guignard à trouver un nouveau terrain. «C’est urgent, sinon ils seront euthanasiés. Malheureusement, ces animaux ont mauvaise réputation, alors qu’ils sont propres et dociles. Nous espérons trouver rapidement une solution.» À terme, la quadragénaire aimerait créer un programme de thérapie assistée par le cochon, encore peu connue en Suisse.