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Deux drones de plus voleront à la rescousse des faons

Terre&Nature s’allie à la plateforme de financement participatif pour l’agriculture Yes We Farm. Chaque mois, le projet préféré des lecteurs est présenté dans ces colonnes et recevra un coup de pouce financier.

Deux drones de plus voleront à la rescousse des faons

Une escadrille de drones est en voie de formation pour venir en aide aux faons jurassiens: depuis un an, l’association Sauvetage Faons Jura bernois, créée par Lise Neukomm, propose de survoler les parcelles devant être fauchées pour y repérer les animaux qui s’y dissimulent – et ainsi leur éviter une rencontre fatale avec… la grande faucheuse.

Une première campagne de financement participatif a permis à Lise Neukomm d’acquérir un drone. La seconde, encore en cours, a séduit ce mois-ci les lecteurs de Terre&Nature. Grâce à la somme d’ores et déjà récoltée, l’association pourra s’équiper avec un drone supplémentaire, et peut-être même en acheter un troisième si la générosité des internautes se confirme.

Des sauvetages à la chaîne
«Chaque année, des milliers de faons meurent sous les lames des faucheuses agricoles en Suisse. Au lieu de fuir, ils s’immobilisent face au danger, essayant d’être le plus discrets possible, ce qui les rend quasi invisibles, rappelle la jeune femme. En 2020, on a vérifié 150 parcelles du Jura bernois dès la mi-mai. En deux mois, on y a débusqué 75 faons.» En Suisse romande, de telles démarches se développent dans la plupart des régions. Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à recourir à ces associations la veille d’une fauche.

Pour faire face à une demande qui ne fait qu’augmenter grâce au bouche-à-oreille, l’habitante de Courtelary (BE) a donc recherché un moyen d’équiper son association avec deux drones supplémentaires, afin que les sauvetages soient encore plus efficaces le printemps prochain.

«Au départ, je pensais que ces engins étaient réservés aux professionnels, mais ensuite j’ai vu que leur usage s’est démocratisé auprès des particuliers, poursuit Lise Neukomm. Ils nous permettent de survoler plusieurs terrains et de débusquer rapidement les faons grâce à leur caméra thermique.»

En recourant à ces machines, les bénévoles – les chasseurs effectuent ce travail depuis des années— évitent de procéder à de longues battues dans l’herbe fraîche à la recherche d’un faon apeuré. Un survol de quelques minutes suffit aujourd’hui à ausculter l’entier d’un terrain sans l’endommager, tôt le matin ou le soir après le coucher du soleil, à la recherche de sources de chaleur inhabituelles en plein champ.

Outils d’une grande précision
Une fois qu’un point de chaleur apparaît sur l’écran de la télécommande du drone, un bénévole se rend à l’endroit indiqué pour repérer l’animal et le déplacer, en prenant soin de ne pas modifier son odeur. S’il le touchait à mains nues, sa mère l’abandonnerait aussitôt. «Les faons sont minuscules, ce n’est pas toujours facile de les trouver dans l’herbe haute, même si on a clairement identifié leur emplacement, reconnaît Lise Neukomm, qui travaille parallèlement dans le monde de la finance. Parfois, les taches chaudes sur l’écran se révèlent être un renard, un lièvre ou même des crottes de blaireau!»

La précision des drones est en effet redoutable. Cela fait d’eux des outils bien plus efficaces que les moyens utilisés jusqu’à présent, notamment ceux qui visent à effrayer la chevrette afin qu’elle vienne chercher ses petits – si des paysans se livrent à de longues battues, d’autres diffusent ainsi de la musique la veille d’une fauche. «On estime le succès de ces mesures à quelque 50% seulement, note Lise Neukomm. Vous pouvez passer à quelques centimètres d’un faon sans le voir alors qu’une caméra thermique ne laisse rien passer.»

En attendant de recevoir ses nouveaux drones, l’association continue à se développer. Et les bénévoles se préparent déjà à se lever tôt dès la mi-mai 2021 pour sauver des vies avec un équipement dernier cri.

+ D’infos sur www.sauvetage-faons-jurabernois.ch. Rendez-vous sur www.terrenature.ch/yes-we-farm pour voter pour votre projet préféré et tenter de gagner un cadeau surprise par tirage au sort! Les votes sont ouverts jusqu’au 15 octobre. Retrouvez, dans notre cahier «Les pros de la terre» du 29 octobre, un reportage sur le projet lauréat.

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): DR