chronique
Désormais, porte-greffes et greffons ne font plus qu’un

Chaque mois, «Terre&Nature» vous propose de découvrir comment les pépiniéristes viticoles valaisans de Multiplants, à Vétroz, sélectionnent et multiplient les ceps au fil des saisons.

Désormais, porte-greffes et greffons ne font plus qu’un

Après plus d’un mois en chambre froide, histoire de terminer tranquillement leur période de repos végétal, il est temps pour les porte-greffes et les greffons minutieusement préparés en février d’être assemblés. Les Palox contenant les uns et les autres sont amenés dans la partie chauffée de la halle tenant lieu d’atelier, au fur et à mesure, sans mélanger les cépages ou les dimensions. Cruciale traçabilité, qui contraint Matthieu Vergère et Paul-Maurice Burrin à étiqueter chaque lot au moyen d’un code maison… Les deux pépiniéristes ont déterminé le nombre de boutures de chaque cépage en amont, en tablant sur un taux de réussite des greffes d’environ 50% et en évaluant les besoins du vignoble et de leurs clients. Ceux-ci passent parfois commande d’une année à l’autre, «pour environ 12 à 13% de l’ensemble», précise Paul-Maurice Burrin. Dans le concert des claquements mécaniques des machines à greffer, un petit groupe d’ouvrières apparient les bois en fonction de leur diamètre; en deux temps et deux mouvements, les greffons sont insérés dans les porte-greffes à la façon d’une pièce de puzzle. «Autrefois, on procédait à la main, à l’aide d’un couteau à greffer, explique Paul-Maurice, joignant le geste à la parole. Le travail est désormais plus facile. C’est un coup à attraper!» Hier, au premier jour de la greffe, les ouvrières sont venues à bout de cinq Palox, soit 20 000 boutures environ. Le rythme peut augmenter un peu lorsqu’il s’agit de traiter de grands lots, mais va ralentir avec les spécialités, comme cette rèze que tous les pépiniéristes valaisans ont pour mission de multiplier, par lots confidentiels de 20 à 25 pièces.Une fois greffées, les boutures sont trempées dans une cire qui évite le dessèchement du point de greffe, le protège des moisissures et favorise la cicatrisation. Elles sont ensuite empilées verticalement dans des caisses colmatées de sciure d’épicéa humidifiée. Un cocon protecteur dans lequel elles pourront attendre, au frais, de passer toutes ensemble (elles seront au total plus de 400 000 unités) à la stratification, c’est-à-dire la formation d’un bourrelet de tissu de soudure autour du point de greffe. Une opération pour laquelle une chaleur de 28°C est requise durant une quinzaine, et qui débutera dès la fin avril. On y sera!

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Texte(s): Blaise Guignard
Photo(s): blaise guignard