Agriculture
Des signes à détecter pour améliorer bien-être et performance de la vache

Élaborée par des vétérinaires néerlandais, la méthode CowSignals permet de diagnostiquer les signes révélant un problème métabolique de l’animal ou causé par son environnement.

Des signes à détecter pour améliorer bien-être et performance de la vache

«Comment vont mes vaches?» Voilà une question que tout propriétaire de bétail s’est un jour ou l’autre posée. «Mes vaches? Ma foi, elles mangent, elles ruminent et elles produisent, que demander de plus?» On peut cependant pousser la réflexion un peu plus loin pour s’assurer de la bonne santé et du bien-être de ses bêtes. C’est ce que propose la méthode CowSignals, qui commence à faire des émules en Suisse. «Avec cette approche, l’éleveur s’interroge sur l’état général de son troupeau et celui des animaux de façon individuelle, explique Jasmin Jordi, conseillère agricole à Grangeneuve (FR). Le troupeau est-il calme? Y a-t-il assez de lumière dans le bâtiment? Remarque-t-on des bosses sur l’épine dorsale de ­certaines? Etc.» Cette méthode permet d’identifier des signes critiques chez les vaches laitières puis de proposer des solutions simples pour améliorer les conditions de détention, qui influencent directement la santé et les performances des animaux.

Couchée 14 heures par jour
«Dans une étable idéale, une vache mange et boit pendant quatre à neuf heures, à raison de dix à douze repas par jour, se socialise avec les autres vaches pendant trois heures. Et elle passe quatre heures dans le processus de traite. Le reste du temps, elle doit être couchée», décrit Jasmin Jordi. La mamelle d’une vache allongée est en effet mieux irriguée par la circulation sanguine, et donc plus productive – 1 kg de lait par jour! Par ailleurs, il existe une corrélation entre le temps de repos d’une vache et le taux de mortalité de ses veaux à la naissance. «Il faut donc éviter que des vaches restent debout sans raison et apporter beaucoup de soin aux logettes, souvent trop petites trop peu confortables.»
La lumière est un autre facteur clé dans la performance du troupeau. «Les recommandations légales sont insuffisantes. On devrait pouvoir lire le journal assis par terre», poursuit l’experte, qui précise encore que la luminosité doit être homogène dans le bâtiment: «L’œil d’une vache met dix fois plus de temps que le nôtre à s’adapter de la lumière à l’obscurité!» La méthode Cow­Signals incite donc les éleveurs à appréhender le bâtiment en se mettant à la place de leurs vaches. «Testez la litière en y restant une minute à genoux, parcourez les couloirs avec l’œil d’une vache et supprimez culs-de-sac et obstacles, conclut l’ingénieure. Dans des bâtiments neufs comme dans d’anciennes étables, des mesures simples peuvent avoir un impact très favorable sur la santé de l’animal.»

 

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Roodbont Publishers / DR

Les signes à détecter

Les OREILLES doivent être relevées et tournées vers le haut. Les yeux brillants, le regard frais sont signe d’une bonne santé. Par contre, une tête trop peu active peut traduire un manque d’énergie, voire une acidose. Le museau est fermé, sans salivation excessive, signe de douleur buccale ou de difficulté à avaler.
La RUMINATION doit être dynamique et vigoureuse. Un bol alimentaire doit être mâché au moins à 55 reprises. Une activité de la mâchoire insuffisante signifie que la ration est trop peu structurée. Si une partie de l’aliment est recraché, c’est que l’animal souffre des dents.
Le DOS est droit et horizontal. Creux, bosses, courbures sont synonymes de gêne voire de douleurs au niveau des aplombs. Les plaies au niveau du dos sont généralement à mettre sur le compte des barres situées à l’avant des logettes.
La ROBE est brillante, sans aucune zone glabre. Un poil terne est à mettre sur le compte d’une mauvaise alimentation. Des lésions cutanées peuvent être causées par des parasites ou un manque de place dans les logettes.
La PANSE doit être pleine, signe que l’animal mange suffisamment. Le «triangle de panne» apparaît quand il y a trop peu de fibres dans la ration. La condition optimale de la vache(suffisamment charnue, sans trop de graisse) est garante d’une bonne santé et d’une meilleure résistance au moment du vêlage.

Comment améliorer l’environnement et prévenir maladies et baisses de performances

Fourrage en quantité
Dans les stabulations, on recommande que chaque vache dispose d’une place à l’auge. Quant à la crèche, elle ne doit jamais être vide, l’animal doit pouvoir en tout temps venir y faire un repas. «On compte au minimum cinq repousses par jour», précise Jasmin Jordi.

 

Eau à volonté
On compte environ un abreuvoir pour 15 vaches. Les bassins doivent mesurer au moins 35 cm de large et être installés à environ 60 cm du sol. Le débit doit être d’au moins 20 l par minute pour éviter que les vaches n’aspirent de l’air ou qu’elles soient obligées de s’arrêter.

 

Air frais et renouvelé
On peut améliorer le climat de l’étable en créant un flux d’air d’un mètre par seconde. Multiplier les ouvertures, minimiser les obstacles au courant permet aux animaux de mieux réguler leur température corporelle. Au-dessus de 25°C, la baisse de production est garantie!

 

Lumière en suffisance
La luminosité a un impact indéniable sur la santé des animaux, leur consommation de fourrage et leurs performances laitières. Il faut au moins 150 lux pour une vache en lactation pendant seize heures et 10 lux durant la nuit, ce qui est supérieur aux exigences légales.

 

Espace et repos requis
Dans l’idéal, les vaches doivent pouvoir rester couchées quatorze heures par jour. Des phases de repos fréquentes sont un bon indicateur du niveau de qualité d’une aire de repos. Dans la stabulation, il faut des distances d’évitement suffisantes où la visibilité est bonne.

Née aux Pays-BAS

La méthode CowSignals a été mise au point à la fin des années nonante par une équipe de vétérinaires néerlandais convaincus que la réussite d’une exploitation laitière passait par la bonne santé, la longévité et le bien-être des vaches. «Leur approche est très pratique. Elle est synthétisée dans un manuel qu’on peut se procurer via internet», précise Jasmin Jordi, conseillère agricole au Centre de vulgarisation de Grangeneuve (FR). La jeune ingénieure agronome s’est récemment formée à cette méthode et propose régulièrement des interventions en Suisse romande.

+ d’infos www.cowsignals.com, www.roodbont.nl