Reportage
Des bénévoles donnent de leur temps pour promener les chiens abandonnés

Les refuges accueillent de nombreux chiens dont les propriétaires doivent se séparer. Avant de retrouver un foyer attentionné, ils reçoivent un peu de réconfort grâce à de nombreuses personnes qui les emmènent en balade.

Des bénévoles donnent de leur temps pour promener les chiens abandonnés

D’un côté, des chiens aboient, enthousiastes à l’idée de la sortie à venir. De l’autre, une file d’une vingtaine de personnes attend patiemment que les portes s’ouvrent. Nous sommes au refuge de la Société genevoise pour la protection des animaux, à Bernex. En cet après-midi, retraités, étudiants et femmes au foyer se retrouvent aux portes de Genève, afin de consacrer un peu de leur temps libre à ces animaux en attente d’un nouveau foyer. Individuellement, ils partiront dans la campagne pour une balade de quelques heures. La plupart sont des habitués, qui ne manqueraient pour rien au monde ce rendez-vous hebdomadaire. Parmi eux, ­Daniela Chiaramonte vient régulièrement depuis plus de dix-huit mois: «J’ai grandi entourée de chiens. J’adore cet animal. Malheureusement, il me serait difficile d’en adopter un actuellement, vu mes horaires de travail. De plus, la vie en appartement que je pourrais lui offrir n’est pas optimale à mes yeux. Comme ce contact me manque, promener les chiens du refuge est une bonne alternative.»

Apporter du réconfort
Les motivations de ces bénévoles sont diverses. Les uns ont déjà eu un chien, mais ne souhaitent pas en reprendre vu leur âge. D’autres y voient un moyen de faire une bonne action. Certains se familiarisent avec cet animal par ce biais-là. Quelques-uns apprécient d’être ainsi accompagnés pour sortir en pleine nature. Un à un, les bénévoles s’inscrivent auprès de l’un des collaborateurs de la SPA, avant d’accueillir leur compagnon de l’après-midi. La seule condition est d’être majeur. Ce jour-là, Bambou est confié à Daniela. «Je promène à chaque fois un autre chien, relève-t-elle. Un gardien m’a confié que cela permettait d’éviter que celui-ci ne s’attache trop à moi. Mais même si je ne côtoie le chien que pendant quelques heures, un lien se crée entre nous. Je ne connais jamais rien de son histoire, si ce n’est son nom.» Jack russell, corniaud, labrador ou bouvier bernois: les chiens sont de races diverses. En moyenne, ils restent entre un et deux mois au refuge avant d’être adoptés. Il est temps de se mettre en route. Un chemin emmène le couple à travers une campagne où alternent forêt, vignes et champs. Bambou furète ici et là, captant des odeurs connues de lui seul. Parfois, il se colle à Daniela pour quémander une caresse.

Faire oublier l’abandon
Cette promenade, qui lui permet de se dépenser et d’avoir un contact privilégié avec un être humain, est une parenthèse bienvenue dans son quotidien. «Bien qu’ils soient sortis deux fois par jour dans les grands parcs du refuge, rien ne remplace une bonne balade avec un bénévole, souligne Jacques Ferrand, directeur de la SPA Genève. De plus, les promeneurs nous donnent des indications précieuses quant au comportement du chien face à diverses situations. Quelle est, par exemple, son attitude face à un cycliste? Ces renseignements nous permettent de mieux le comprendre et facilitent ensuite son placement dans une nouvelle famille.» Après tout un après-midi passé dans la nature, Bambou ne semble cependant pas le seul à être ragaillardi par cette sortie. «Si ces balades me donnent l’occasion d’apporter un peu d’aide à ces animaux en détresse, ceux-ci me donnent en retour beaucoup de bonheur, s’enthousiasme Daniela Chiaramonte. Ces moments de partage en pleine campagne me permettent de tout oublier, loin du stress quotidien.» À l’heure de rendre Bambou, un brin de tristesse s’installe cependant. «Je ressens à chaque fois un pincement au cœur, admet la Genevoise. Il n’est d’ailleurs pas rare que je sois à deux doigts de craquer pour adopter l’un ou l’autre. Mais j’essaie de relativiser, car je suis persuadée que Bambou va trouver un foyer aimant.»

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Thierry Parel

Les chats ont aussi droit à de l’attention

Les chats abandonnés ont tout autant besoin de contacts sociaux que les chiens. Pour eux, point de balades, mais des séances de caresses! Elles permettent d’amadouer les chats sauvages et de leur apprendre à faire confiance à l’homme, pour augmenter leurs chances de placement. À la SPA de La Chaux-de-Fonds, comme ailleurs, ces moments de tendresse font partie intégrante des soins apportés aux pensionnaires. Cependant, les refuges préfèrent en général s’en charger eux-mêmes plutôt que de faire appel à des bénévoles extérieurs. En effet, apprivoiser certains félins demande de la régularité, du tact et de la compétence. Un trop grand défilé de personnes différentes pourrait être contre-­productif, en les stressant inutilement. Seuls quelques rares refuges, comme celui de la SPA de Fribourg, ont des «caresseuses» de chats attitrées, soit des bénévoles dont l’unique rôle est de cajoler les félins.

Une activité courante dans les refuges

Genève, Neuchâtel ou Vaud: la majorité des refuges pour animaux de Suisse romande proposent aux bénévoles de promener les chiens en attente d’être adoptés. Chacun ayant cependant son mode de fonctionnement, il vaut la peine de se renseigner au préalable. Certains demandent par exemple d’annoncer par téléphone sa venue. Au Chalet-à-Gobet, la Société vaudoise de protection des animaux exige de ses promeneurs bénévoles d’avoir suivi une formation théorique de quatre heures. «L’objectif est notamment d’enseigner les règles élémentaires de sécurité, afin d’éviter tout accident, explique Stéphane Crausaz. Les gens ont beaucoup de bonne volonté, mais on ne peut jamais exclure une maladresse.» De nombreux refuges sont victimes du succès rencontré par cette activité. Ils ne peuvent plus garantir la disponibilité d’un chien pour chaque promeneur bénévole, surtout le week-end.