Architecture verte
Depuis dix ans, cette villa fonctionne selon les rythmes de la nature

Une fois par mois, nous vous emmenons à la découverte d’habitations exemplaires sur le plan écologique. Cette semaine, la maison autonome en énergie et en eau de Stéphane Collet, à Orbe (VD).

Depuis dix ans, cette villa fonctionne selon les rythmes de la nature

Vue de l’extérieur, elle ressemble à une maison comme les autres. Située au cœur d’un quartier résidentiel de la commune d’Orbe, la villa de la famille Collet est pourtant loin d’être ordinaire. Dans ses murs de béton rouge se cache un système circulaire ingénieux de récupération des eaux et de production d’énergie verte. Stéphane Collet, son concepteur et propriétaire, nous accueille, souriant, au bord de l’étang de son jardin entouré de roseaux brunis par l’automne. Cela fait maintenant dix ans qu’il vit ici avec sa compagne. «Je voulais créer un lieu d’habitation autonome, écologique et agréable à vivre», raconte-t-il avant de nous guider vers l’intérieur. Pari réussi pour l’architecte amateur.

Entre ciel et robinet

La première différence marquante par rapport à une bâtisse classique, ce sont les toilettes sèches. La maison en possède deux. Les excréments passent au travers d’un conduit noir menant directement à la cave, où ils sont stockés dans un composteur. Au lieu de tirer la chasse d’eau, les utilisateurs y jettent du bois déchiqueté. Le tout ne dégage pas de mauvaises odeurs. «Je collecte ainsi l’équivalent d’environ quatre cageots de compost par an, résume Stéphane Collet. Que j’utilise ensuite comme engrais pour mon jardin.»

Ces toilettes sèches sont une nécessité dans une maison dont la source d’eau principale est la pluie. Le toit d’une surface de 110 m2 permet sa récupération. L’eau est filtrée, puis stockée dans des jerrycans d’une capacité totale de 11000 litres. «Cela nous permet de tenir environ onze semaines, signale Stéphane Collet. À ce jour, elles sont presque vides malheureusement. Cela fait déjà un moment qu’il n’a pas assez plu.» Cette eau est utilisée dans toute la maison, de la douche à la cuisine. «Elle est parfaitement potable, j’en bois depuis que j’habite ici», nous rassure-t-il en nous tendant un verre. Quant aux eaux usées, au lieu de finir dans les égouts, elles sont envoyées dans trois cuves, situées sous la maison. Elles y restent 72 heures, un laps de temps suffisant pour séparer les huiles et les matériaux lourds, avant d’être pompées dans l’étang. «Ce système de traitement est efficace, déclare le propriétaire. La preuve: le bassin accueille de la vie. Nous avons une grande variété d’insectes et d’amphibiens comme des salamandres. Notre eau vient de la nature, et je la lui rends en quelque sorte.»

Dépendante du soleiI vaudois

Tout comme l’eau, l’énergie nécessaire au bon fonctionnement de la maison provient aussi du ciel: ainsi, 90 m2 de panneaux photovoltaïques assurent les besoins en électricité et alimentent quatre batteries de 1.2 kWh. «Tout a été pensé pour qu’une heure de soleil hivernal produise une quantité d’énergie suffisante pour 24 heures», explique le concepteur. Lors de journées très ensoleillées, la majeure partie de la production électrique est redistribuée dans le réseau. Le chauffage, lui, est géré par deux panneaux thermiques, une baie vitrée au salon et un poêle très particulier. «Il est relié aux chauffe-eaux; ce qui permet, lorsque nous faisons un feu, que 70% de la chaleur soit distribuée à travers le chauffage au sol.» Le propriétaire dépense environ 200 francs de charges par an, dont moins de 50 pour l’électricité. «La majorité des frais est due à l’achat du bois de chauffage», précise-t-il. Par mesure de sécurité, la villa est tout de même branchée aux réseaux d’eau et d’électricité du quartier, qui ne sont quasiment jamais sollicités. Bien que la maison soit fortement dépendante des aléas de la météo, cela n’a jamais été un problème pour ses habitants, admet Stéphane Collet. «Nous apprenons à vivre simplement et au plus près de la nature.»

Texte(s): Mattia Pillonel
Photo(s): Thierry Porchet

En chiffres

  • 160 m2 d’habitation pour 1000 m2 de terrain.
  • 90 m2 de panneaux photovoltaïques produisant plus de 13000 kWh par an.
  • 4 batteries de 1.2 kWh.
  • 1 poêle pour le chauffage hydraulique.
  • 11 000 litres d’eau de pluie stockés.
  • 3 cuves pour traiter les eaux usées.
  • 2 toilettes sèches.

Le concepteur

Conseiller de vente pour l’entreprise de climatisation Krueger, Stéphane Collet travaille depuis trente ans sur les habitations vertes. Construire sa propre villa écologique était un rêve d’enfant. Le quinquagénaire passionné de durabilité s’est inspiré d’une maison de La Tour-de-Peilz (VD) pour réaliser son projet. En plus d’être à l’origine du concept, il a participé activement aux travaux de construction, jouant le rôle de maître de chantier.