Animaux
Chiens et enfants se jettent à l’eau pour apprendre le sauvetage

Pratiquer un sport canin permet de renforcer le lien entre un jeune et son chien. Original, le sauvetage aquatique plaira aux enfants qui aiment l’eau. Découverte d’une activité peu répandue.

Chiens et enfants se jettent à l’eau pour apprendre le sauvetage

Au bord du lac de Neuchâtel, un groupe d’enfants et leurs chiens s’amusent dans l’eau, sous un soleil brûlant. L’un va rechercher un objet que lui lance son jeune maître, alors qu’un autre tire une bouée. Mais ces jeux dépassent le simple passe-temps. Structuré, cet entraînement vise en effet à initier ces binômes à la pratique du sauvetage aquatique. L’objectif n’est pas de sauver des vies, mais de développer leurs compétences canines de manière ludique. «Nous avons créé l’année passée cette section jeunesse pour les 8 à 20 ans, souligne Julien Savary, moniteur breveté et président de l’Amicale neuchâteloise du chien de sauvetage aquatique. Les exercices leur permettent de découvrir le travail éducatif, tout en renforçant le lien avec leur animal.»

Équipés d’une combinaison thermique pour les uns, d’un harnais pour les autres, enfants et chiens écoutent attentivement les conseils des trois moniteurs diplômés qui les encadrent. Chacun peut participer. Seul impératif: aimer l’eau! Pour Juice et ses jeunes maîtres Jeanne et Rémi, cette séance est une première. «Notre bouvier de l’Entlebuch adore nager, se réjouit leur maman. Comme nous n’habitons pas à côté du lac, cette activité nous semble un bon moyen de permettre à notre chien de profiter régulièrement de cet élément, tout en progressant.»

Dépasser ses craintes

Juice, impressionné par les marches qui bordent le lac, a néanmoins besoin d’un peu de temps pour oser faire le premier pas. Il est encouragé par Jack, un habitué, qui lui montre l’exemple. Ayant repéré le manchon tressé en corde lancé par son jeune maître Marlo, il s’élance d’un bond pour rapporter l’objet flottant. Si l’exercice semble relativement simple, il demande néanmoins un certain entraînement pour être effectué correctement. Jack doit attendre l’ordre sagement assis, puis rapporter l’objet jusqu’au bord, sans le lâcher.

«Avant de plonger ainsi dans les flots, une éducation de base, qui comprend le rappel, est indispensable, relève la monitrice Martine Leuenberger. Gérer son chien à distance est loin d’être évident.» Pour des raisons de sécurité, le chien doit en outre apprendre à nager en gardant un certain espace. Certains d’entre eux ont en effet tendance à s’approcher trop de leur maître, les mettant alors en difficulté. Juice a enfin fait le grand saut. Bien que nager soit inné, le moniteur corrige son geste. L’apprenti nageur à truffe doit garder son dos bien plat, pour éviter de couler.

De plus en plus dur

Progressivement, les exercices deviennent plus complexes. Les chiens doivent désormais secourir une personne en difficulté. Canaliser l’attention de son animal sur le travail en cours est parfois loin d’être évident. L’envol de mouettes, le passage d’un canard, un bateau au loin sont autant de distractions possibles. Ilio est chargé de ramener sur la berge une planche à voile, sur laquelle est couché un enfant qui simule un nageur en situation délicate. Celui-ci encourage l’animal à saisir la corde accrochée à la planche, en tapotant l’eau. «Au début, certains, en sentant le poids de l’objet, lâchent la corde, explique Julien Savary. Peu à peu, ils s’habituent à nager sans craindre la masse qui flotte derrière eux.» Pour corser la difficulté, Camille demande à son chien Galix d’amener une bouée à un nageur en péril.

«Cet exercice est beaucoup plus compliqué que celui de rapporter un objet. Il développe l’autonomie du chien.» Jack tracte ensuite une personne en difficulté en la laissant se cramponner directement à son harnais. Lorsqu’ils auront plus d’expérience, les canidés apprendront même à ramener au bord une personne inconsciente en prenant sa main dans la gueule, sans la serrer. À la fin de la séance, jeunes maîtres et chiens se sont bien dépensés. Il ne faut en effet pas sous-estimer l’effort que demande cette activité. La nage permet notamment de renforcer la condition physique du chien en travaillant sa musculature et son endurance. Mais le plaisir et la complicité restent primordiaux. À voir la mine réjouie des enfants, le pari est réussi!

Texte(s): Véronique Curchod
Photo(s): Thierry Porchet

Des terre-neuve bien outillés

Les terre-neuve sont les chiens de sauvetage par excellence. Ils sont appréciés pour leur docilité et leur force. Ils ont la particularité d’avoir les pattes palmées, ce qui leur permet d’être plus efficaces à la nage, tout en utilisant leur queue comme un gouvernail. En outre, leur pelage imperméable, composé d’une sous-couche et d’un poil de surface, agit comme une combinaison isolante. Cela leur évite de se refroidir au contact de l’eau glacée.

Pas reconnu à sa juste valeur

Les atouts du chien dans une opération de sauvetage à l’eau sont sa force physique et sa résistance au froid. L’animal travaille toujours en binôme avec un sauveteur diplômé. Sinon, la personne en difficulté pourrait en effet avoir peur ou faire des gestes inappropriés qui la mettraient en danger. Le chien permet en outre au maître-nageur de se soucier exclusivement des soins éventuels à prodiguer à la victime. Le canidé fait alors office de locomotive pour ramener tout le monde à bon port. En Suisse, le sauvetage professionnel à l’eau à l’aide de chien n’est pas reconnu. Les personnes qui pratiquent cette activité participent cependant parfois à des concours. En Italie, en revanche, les chiens sont intégrés à la protection civile pour la surveillance des plages. Ils y apprennent même à sauter dans l’eau d’un hélicoptère. En France, ils ne sont pas reconnus officiellement pour le sauvetage professionnel, mais certains maîtres-nageurs bénéficient d’autorisation pour les intégrer à leur activité.