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Nos conseils pour bûcher le bois de feu sans se casser la tête

Préparer son bois de feu est un plaisir lorsqu’on apprécie le travail physique. Encore faut-il bien s’équiper pour que ce délassement ne tourne pas à la corvée ni, bien pire, à la catastrophe ou à la tragédie. Quelques trucs à observer.

Nos conseils pour bûcher le bois de feu sans se casser la tête

Sur la quantité totale de bois-énergie utilisée en Suisse, la part des bûches traditionnelles stagne au profit des copeaux et granulés. Néanmoins, le nombre d’adeptes du bois bûché augmente. Ils en achètent ou en préparent simplement des quantités plus faibles, pour des chauffages d’appoint. Par nécessité, par goût ou par passion, on continue donc à «casser du bois». La scie à main s’est marginalisée au profit de la circulaire et de la tronçonneuse et, pour fendre, la hache laisse la place à une gamme d’appareils hydrauliques qui n’a jamais été aussi étendue. Le prix des machines à préparer le bois de feu a baissé, ces dernières s’achetant même en grandes surfaces. On y trouve du matériel correct, voire de bonne qualité, et de grandes marques. «J’ai préféré m’adresser à un commerçant spécialisé, mécanicien et qui m’assure des réparations et un approvisionnement en pièces directs et rapides, contrairement à la plupart des magasins de bricolage», confie un de nos interlocuteurs. C’est un premier critère d’achat.

Faut-il vraiment acheter?
À Romont (BE), Jean-Luc Schenk, garde forestier, prépare, pour lui et ses proches, quelques dizaines de stères de bois par an. «Quand la fendeuse est attelée au trois-points du tracteur, on ne peut plus déplacer la remorque et, que ce soit en forêt ou près de la maison, il est souvent difficile d’installer côte à côte la scie, la fendeuse et une remorque près du tas de bois pour éviter les manipulations inutiles.»
Jean-Luc Schenk s’est donc équipé d’une machine combinée, à moteur à essence, qui scie et fend en une seule opération. Un tel achat se justifie toutefois seulement pour des volumes assez importants. «Nous songeons, avec mon fils, à proposer nos services à façon chez des particuliers.» Une solution que ces derniers ne devraient pas totalement écarter.

Mobilité et rapidité
À Chernex (VD), au-dessus de Montreux, Alain Cochard récolte et prépare une dizaine de stères de bûches pour ses propres besoins. Tout se fait en forêt, à la tronçonneuse et à la fendeuse hydraulique sur remorque. Son moteur thermique la rend autonome. «Ces fendeuses permettent d’intervenir partout; il en existe sur remorques homologuées pour la route (pesant moins de 500 ou 750 kilos, elles s’attellent à quasiment toutes les voitures) ou à essieu 30 km/h agricole», explique Denis Liaudat, concessionnaire de la marque AMR à Châtel-Saint-Denis (FR). Le prix de tels équipements, à partir de 4000-5000 francs, est abordable et ils offrent une puissance et une rapidité suffisantes pour un usage aisé.
Voisin d’Alain Cochard, Dominik Hunziker se chauffe au bois bûché; il en vend aussi à des particuliers. «J’ai acheté il y a deux ans une fendeuse hydraulique sur remorque pour fendre le bois en mètres. Je scie ensuite ces quartiers à la scie circulaire électrique, avant de refendre si nécessaire les bois courts avec une petite fendeuse électrique. Je travaille sans tracteur, le plus souvent en forêt, et j’alimente les machines électriques avec une génératrice 400 volts installée à distance du chantier pour limiter le bruit.» Les fabricants vantent le plus souvent la puissance de leurs fendeuses. C’est une valeur importante, mais la vitesse de progression et de retour du couteau du couteau est tout aussi importante. «Ma fendeuse d’un mètre est trop lente pour les bois courts», constate ainsi Dominik Hunziker. Conclusion: si c’est trop lent, c’est énervant.

Prise ou moteur? Combinez-les!
Un de nos témoins possède une fendeuse 10 tonnes à moteur thermique acquise ce printemps, pour moins de 1000 francs. Elle les vaut, et peut fendre des quartiers jusqu’à un mètre de longueur, mais elle est surtout équipée d’un dispositif de butées pour limiter la course du piston en fonction des bois à fendre. «Et ça va beaucoup plus vite», constate l’utilisateur. Son moteur à essence, un peu bruyant mais très économe, permet de l’utiliser simultanément avec une scie circulaire qui, elle, mobilise la prise de 400 volts. Même près d’une maison, on dispose rarement d’assez de prises pour entraîner simultanément deux appareils, chacun gourmand en intensité, une observation que Denis Liaudat rappelle volontiers à ses clients. Pour qu’ils ne pètent pas, littéralement, les plombs!

Texte(s): Alain Douard
Photo(s): Mathieu Rod/DR

Sécurité

L’équipement indispensable pour éviter petits et gros accidents

Casque et accessoires
pt_09_foret-casqueLe casque ne sauve certes pas d’un arbre qui s’abat, mais prémunit contre les branches sèches et autres morceaux d’écorce dégringolant des frondaisons lors de l’abattage. La visière et le protège-face évitent de graves blessures en cas de rebond de la tronçonneuse, et protègent les yeux des copeaux.

Pantalon anticoupure
pt_09_anticoupureEn forêt, avec des vêtements colorés, on se rend visible des personnes qui travaillent ou passent dans les environs. Le pantalon anticoupure est indispensable avec une tronçonneuse. Les jambières anticoupures qui s’enfilent rapidement et offrent une protection suffisante, sont une bonne alternative.

Gants
pt_09_gantsLes gants amortissent les vibrations subies par les mains lors de l’utilisation d’une tronçonneuse; ils doivent aussi protéger des coupures lorsqu’on touche la chaîne à l’arrêt et des esquilles au contact du bois. En choisir des spéciaux pour tronçonneuse, fins mais résistants, dans un commerce ou un rayon spécialisé.

Bottes ou souliers
pt_09_jambieresAvec une tronçonneuse, le port de chaussures anticoupures est très vivement recommandé. Un truc pour les utilisateurs occasionnels: les bottes spéciales anticoupures sont plus légères, faciles à enfiler, plus polyvalentes (étanches à l’eau) et moins chères que les gros souliers de bûcheron.

Prévention

Initiations affûtées

Maniement de la tronçonneuse, sécurité, entretien, affûtage: des formations courtes permettent de s’initier à des travaux forestiers et d’éviter ainsi de s’exposer à de gros risques, surtout dus à l’inexpérience. Proposées par divers organismes, comme le centre forestier de formation professionnelle du Mont-sur-Lausanne (VD), le service de prévention des accidents dans l’agriculture, à Moudon (VD), ForêtSuisse à Soleure, elles sont ouvertes à tous.
+ d’infos www.foretsuisse.ch, www.spaa.ch