Une hirondelle ne fait pas le printemps
Une hirondelle ne fait pas le printemps

“Il paraît que Blanche-neige ne se promène plus qu’avec six nains, depuis qu’ils ont mis Atchoum en quarantaine.” Assis dans le bus qui m’amène au bord du lac, je suis témoin des plaisanteries et des discussions qui tournent immanquablement autour DU sujet qui préoccupe les gens. Une dame à côté de moi relève son col discrètement, tandis qu’une autre plus loin se frotte les mains avec une lotion antiseptique…

Je suis bien soulagé de me promener maintenant à l’air libre et d’échapper pour un moment à la psychose qui agite la terre entière. J’arpente les digues du port dans l’espoir d’observer les premières manifestations amoureuses des grèbes.

Le temps est doux après les récentes giboulées. Je repère assez vite un escadron d’hirondelles des rochers qui chasse silencieusement au-dessus des bateaux, en rasant les mâts. Quel plaisir de revoir ces silhouettes familières. L’hirondelle de rochers est la première de la famille à arriver chez nous et il n’est pas inhabituel de les observer en petits groupes, dès la fin du mois de février déjà.

Debout sur la digue, j’attends patiemment que l’une d’elles passe à proximité pour apprécier les délicates nuances de brun de son plumage. Elles chassent les moucherons en volant si vite qu’il est difficile de les observer aux jumelles.

Celle-ci a un manteau noir et le croupion blanc! J’identifie sans peine une hirondelle de fenêtre qui évolue dans le groupe. Je l’observe un moment, un peu surpris par sa présence si précoce que le proverbe bien connu ne démentira pas!

Si quelques oiseaux sont signalés parfois à la fin du mois de mars, après l’arrivée des hirondelles rustiques, c’est dans le courant du mois d’avril que l’on voit revenir nos hirondelles de fenêtre qui tournent dans les villages à la recherche d’une sous-pente de toit pour établir leur nid.

Je transmets mon observation au groupe ornithologique local et j’apprends que la date du 4 mars constitue la donnée la plus précoce pour le canton de Genève! Mon émerveillement retombe pourtant assez vite puisque la discussion tourne maintenant autour des changements que la dégradation du climat induit. Nous vivons décidément une époque bien anxiogène!

Texte(s): Pierre Baumgart
Photo(s): Pierre Baumgart