Une attirance pour les sésies
Une attirance pour les sésies

Enfin il m’a été livré. Cela fait bientôt deux semaines que j’attends impatient et un peu énervé, ce paquet dont le prix du postage en livraison rapide est presque équivalent au prix de l’achat du produit ! J’ai hâte d’utiliser le petit set de phéromones pour sésies que j’ai commandé en Angleterre.

Après avoir déchiré l’emballage, je découvre des petits morceaux de plastique rouge brique qui ressemblent à des gommes que l’on peut fixer au bout d’un crayon. Ils sont insérés dans des sachets qui portent des étiquettes sur lesquelles figurent des lettres majuscules : API, VES, MYO, HOR, TAB. Je cherche en vain de petites fioles auxquelles les accrocher…

Vérification faite, il ne manque rien. Les petits bouts de caoutchouc ont été imprégnés des phéromones de différentes espèces de sésies et sont utilisables tels quels. Il s’agit simplement de les disposer dans un bas en nylon ou un petit baluchon de gaze bien étiqueté et de les placer dans un site favorable à une heure favorable pour une espèce spécifique…

Un peu de lecture s’avère nécessaire pour utiliser mon nouveau « jouet » de la meilleure manière.

Les sésies sont des papillons de nuit actifs de jour qui imitent par leur structure et même leur manière de voler certains hyménoptères. Cette stratégie qui vise à se faire passer pour une espèce dangereuse aux yeux d’un éventuel prédateur s’appelle l’aposématisme.

Discrètes, elles sont très difficiles à découvrir dans la nature et souvent confondues. Comme elles réagissent vivement aux phéromones sexuelles, je me suis offert ces leurres pour les découvrir et les dessiner.

Le petit sachet HOR m’intéresse spécialement. Il s’agit de l’abréviation anglaise de Hornet clearwing, la saisie apiforme. La plus grande et plus « dessinable » de nos sésies, ressemble à s’y méprendre à un frelon. Elle vit sur les peupliers.

Me voilà le long d’une haie de vieux peupliers noirs en campagne. Je viens d’accrocher un bas nylon abritant la précieuse substance, sur le tronc d’un des arbres et j’attends.

Incroyable ! Après quelques minutes seulement, un « frelon » surgit de nulle part tourne soudain autour de moi et effectue maintenant un vol stationnaire devant le bas qui pend misérablement à l’écorce craquelée. Je m’approche et contemple. Le frelon a bien une tête de papillon.

J’observe pour la première fois la sésie apiforme. Après quelques croquis du papillon en vol, je découvre un autre individu posé sur le tronc, au pied de l’arbre…

Texte(s): Pierre Baumgart
Photo(s): Pierre Baumgart