Un palace pour les abeilles sauvages
Un palace pour les abeilles sauvages

En quelques années, les nichoirs à abeilles sauvages et les hôtels à insectes sont devenus très tendance, au point de figurer en bonne place et à prix de luxe sur les rayons des jardineries et des supermarchés. Beaucoup sont très jolis certes, avec leur bois coloré, leurs baguettes bien rangées et leur niche à papillons, mais question efficacité, on peut avoir quelques doutes:  le diamètre des bambous est souvent beaucoup trop grand et les aménagements intérieurs un peu trop vernis. Bref, plutôt que de céder à la facilité consumériste, je vous encourage vivement à fabriquer vous-même ces petits refuges pour la vie sauvage, à partir d’éléments glanés au jardin ou dans la nature. C’est l’occasion d’une chouette activité en famille, entre amis ou voisins. Et au jardin bien sûr, si le temps le permet. C’est que que nous avons fait ce samedi à L’Abergement (VD), dans le cadre de rencontres sympathiques proposées par l’association locale “La Bergeronnette”.

En pratique, les matériaux nécessaires à la construction sont très simples: il faut un caisson en bois d’environ 18 cm de profondeur pour la structure -petit si on vise le nichoir, grand si on a l’ambition d’un hôtel- et des tiges et des branches sèches pour le remplir. Les tiges creuses ou à moelle des tournesol, roseaux,  framboisiers, roses trémière, iris, ronces, sureaux, bambous …. font parfaitement l’affaire, une fois coupées au sécateur en tronçons de 10 à 2o cm de longueur et attachées en petits fagots. A peine plus complexe, l’autre module de base sera la bûche percée: un bout de branche, de tronc ou de bois de feuillu (de préférence ) dans lequel on fore à la perceuse des trous de 2 à 10 mm de diamètre. Toutes ces galeries sont destinées prioritairement aux abeilles et aux guêpes solitaires dites cavicoles: elles se déclinent en plusieurs dizaines d’espèces et font naturellement leur nid dans les tiges creuses et le bois mort.

On peut aussi attirer d’autres visiteurs en intégrant des pots en terre cuite bourrés de paille (pour les chrysopes et les perce-oreilles), des boîtes ajourées pour les papillons hivernants et des empilements de tuiles où s’enfileront les coccinelles. Et si vos enfants y trouvent de la place pour  des pommes de pin ou des aiguilles de sapin, des coquilles d’escargots ou  des petits cailloux, laissez-les faire. Cela n’attirera peut-être que des araignées, mais ce sont ces petites touches artistiques et personnelles qui font de ces hôtels de jolis objets de décoration et qui rendent par là même les insectes plus sympathiques!

Bien sûr me direz-vous, la meilleure façon de venir en aide aux abeilles sauvages est de leur laisser plein de chenis au jardin (lire billet du 1er novembre 2018), du bois mort et d’y accueillir la plus grande diversité possible de fleurs indigènes et horticoles. C’est vrai! Mais n’empêche. Les hôtels à insectes ont le grand mérite de pallier à la crise du logement dont souffrent les hyménoptères dans les villes et les jardins trop propres. Ils ont aussi un rôle pédagogique indéniable car ils nous incitent à observer la nature proche. Et question sociale, ils permettent de réunir le temps d’un joyeux moment des habitants qui ne se voient pas très souvent. La preuve à L’Abergement: samedi, la construction de l’hôtel à insectes a réuni une douzaine de petits et grands. La résidence s’annonce d’ores et déjà très accueillante. Encore deux-trois chambrettes à fignoler et nous l’offrirons à la commune, pour que chacun -et pas seulement les insectes- puisse en profiter dès le printemps.

Plus d’infos sur les abeilles sauvages sur cette page et dépliant de la Ville de Lausanne

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens