Briquette, future star de l’arène
Briquette, future star de l’arène

Elle s’appelle Briquette. C’est une belle et grande vache tachetée rouge, et l’autre soir, j’ai assisté à son dernier entraînement en vue de la Fête des Vignerons. Dès le 12 juillet, Briquette – qui fait partie des 40 vaches sélectionnées pour défiler lors des spectacles et des cortèges – prendra ses quartiers d’été au Jardin Doret, à quelques encablures de l’arène veveysanne. Je dois le confesser, Briquette m’a tapé dans l’œil. J’aime sa robe fauve, sa tête blanche et son air décidé. J’aime surtout son histoire. Car Briquette revient de loin.

En mai dernier, à Savigny (VD), lors du casting pour la Fête, j’avais alors été touchée par l’enthousiasme et la fierté d’un de ses propriétaires, Edouard Fonjallaz. Ce dernier ne cachait pas qu’il lui faudrait désormais s’armer de patience pour apprendre à sa protégée, qui est à moitié montbéliarde, les rudiments de sa nouvelle notoriété. Sa protégée avait beau être «la plus gentille de tout le troupeau», il fallait quand même la préparer comme il faut à cet événement hors du commun.

Alors ce printemps, l’agriculteur d’Ecoteaux (VD) n’a pas ménagé sa peine.  Première étape, lui faire accepter le toupin. Briquette – qui n’a, en tant que vache, jamais fait d’inalpe ni vécu d’été à la montagne – n’en avait tout bonnement jamais porté. Même topo pour le licol. Notre héroïne vit en stabulation depuis sa naissance, libre comme l’air de ses allées et venues, et n’avait jamais vu la couleur d’une corde. Enfin, lui apprendre à marcher avec un meneur, qu’elle soit seule ou accompagnée par d’autres vaches. Avec l’aide de plusieurs armaillis, après bien des suées et quelques «ronnées», Edouard Fonjallaz a réussi son pari.

Ce soir, Briquette, grosse chenaille autour du cou, est enfin prête. En descendant de la bétaillère, elle commence par faire comprendre au petit monde rassemblé pour l’occasion qu’elle veut bien être gentille, mais qu’elle gardera son caractère bien trempé. Il n’empêche, elle passe de main en main, se prêtant de bonnes grâces aux exercices qu’on lui impose. Sur le chemin qui longe la ferme d’un des chefs de troupeau des Armaillis de la Veveyse, elle marche, s’arrête, presse le pas, ralentit, tourne. Briquette passe brillamment l’examen. «Elle a de l’allure, elle avance bien, elle est fière», apprécie le chef de troupeau qui en fait carrément une prétendante à la première place pour le cortège.

Briquette doit désormais aller se faire une beauté. Un coup de tondeuse, quelques passages au jet, et elle sera la reine du bal, fin prête pour l’arène, son plateau en LED, ses flashs et ses décibels. En attendant, Briquette remonte dans la bétaillère. Son éleveur a le sourire. La Fête n’a pas encore commencé mais déjà il lève son verre en s’exclamant «Santé, Briquette!»

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller