Stress hydrique et alerte orange
Stress hydrique et alerte orange

Vendredi dernier, j’avais décidé de vous parler de sécheresse, de terre craquelée, d’arbres alanguis et de feuillages recroquevillés. De vous raconter comment j’avais dégainé le tuyau d’arrosage pour prêter main  forte aux arbres fruitiers, rendus incapables par le stress hydrique de lutter contre une attaque massive de pucerons. De me plaindre de ces pluies annoncées qui font systématiquement demi-tour en s’approchant du pied du Jura…

Et puis samedi le miracle a eu lieu à l’heure de midi. Attablés au jardin, on a accueilli les premières gouttes avec méfiance (encore une fausse alerte?) et, sans précipitation, on s’est replié avec nos côtelettes sous la gloriette. Puis le ciel s’est obscurci d’un coup, la pluie a redoublé, a éclaboussé nos assiettes. L’orage s’est mis à gronder très fort, à cracher des grêlons. Comme des fourmis, on s’est mis a courir dans tous les sens pour ranger les outils, plier les hamacs, rajuster les tonneaux sous les gouttières et bâcher notre copain le silure affalé sous le poirier (c’est la sculpture en cours de notre fils Gaël). Cette fois c’est du sérieux, ça mouille vraiment: j’entends l’eau qui ruisselle, la terre qui se gorge, les racines qui gonflent, les arbres qui frémissent… C’est la manne céleste tant attendue, l’or bleu qui sème la vie, précieux et indispensable.

Une fois l’euphorie passée, les limaces sont arrivées. Comme par miracle elles aussi. Des cohortes orange et affamées en ordre dispersé, bien décidées à raser tous mes plantons sur leur passage. N’en déplaise à Hervé Coves, on a sorti nos crocs et nos lames et pourfendu les assaillantes. Mais comme il en déboulait de toute part et que je n’allais pas y passer la nuit, j’ai fini par miner le terrain avec des granulés d’orthophosphate de fer (ferramol) et décrocher de son clou la ribambelle de demi-bouteilles en PET. Mes petits choux sont désormais sous cloche. Les bouteilles sont d’un esthétisme tout à fait discutable, mais pourraient faire le lien salvateur jusqu’à la prochaine vague de chaleur. Pour autant bien sûr que des limaces ne s’y enfilent par le goulot et que le planton ne grille pas sous sa verrière…

Décidément, le jardinage n’est pas une aventure de tout repos.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel, Aino Adriaens