Tressons la ronce et le cornouiller
Tressons la ronce et le cornouiller

Cette fois, le couperet de l’hiver est tombé. Il faut mettre les plantations au verger sur le mode “pause” en attendant le prochain redoux. Et bien tant mieux car c’est le moment de se remettre à la vannerie sauvage, de retrouver le fendoir et les bons gestes pour nouer un oeil, lever des éclisses, fendre la ronce et tresser des liens. Mais avant cela, il faut commencer par enfiler les godillots, les gants et le bonnet pour aller récolter au fond du jardin et le long des haies champêtres les longues pousses de l’année qui se prêtent bien à l’exercice.

Bien sûr il y a l’osier, prélevé sur les saules têtard qui poussent près du poulailler, mais je lui préfère de loin la viorne lantane, si souple et si facile à tresser, le cornouiller sanguin, le troène, le noisetier pour les anses et les montants, la clématite, la ronce et le lierre de la forêt, ou encore le cornouiller blanc, un arbuste ornemental aux magnifiques brins rubis souvent planté au bord des routes. Le temps d’une promenade, et on revient le rouge aux joues, les bras chargés de lianes et de branches jolies et la tête pleine d’envies. Pour le vannier Bernard Bertrand (voir encadré), la vannerie sauvage, c’est partir en forêt avec son couteau et revenir avec un panier. C’est presque vrai.

Ce week-end, on s’y est mis à plusieurs au village. Pour apprendre, s’entraider et passer un chouette moment dans un atelier bien chauffé. Les enfant ont fait une mangeoire, les grands ont attaqué un panier. Pour ma part, j’ai enfin terminé la cageole commencée l’hiver dernier, puis amorcé un panier rond et peu profond pour les tomates et les petits fruits, parce que des paniers on n’en a jamais assez quand le jardin se met à donner. Ce ne sera pas du grand art, il sera rustique et pratique comme les bons vieux paniers d’autrefois. Il sera surtout fait main et avec bonheur, et ce sera sûrement là sa plus grande valeur.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel, Aino Adriaens

Lectures sauvages et bucoliques

Remise au goût du jour par le paysan-écrivain Bernard Bertrand, la vannerie sauvage m’a séduite dès que j’ai ouvert l’un de ses bouquins publiés aux éditions du Terran. Un stage de trois jours au centre Terre vivante, à Mens (F), m’a encouragée à m’y mettre vraiment, de même qu’un abonnement à Le lien créatif, la seule revue francophone entièrement dédiée à la vannerie. D’autres ouvrages, tels la vannerie bucolique et la vannerie de jonc, par Patricia Brangeon, et la vannerie buissonnière, par Babeth Ollivier, font également la part belle aux matériaux prélevés dans la nature toute proche. Un régal pour les yeux et les mains pendant les longues soirées d’hiver.