Pai tsai, Tatsoï ou Pak choi?
Pai tsai, Tatsoï ou Pak choi?

Avant d’avoir deux serres (voir encadré), jamais je n’aurais imaginé pouvoir aller récolter chaque jour des légumes frais en hiver. Aller y cueillir de la salade n’est pas une corvée, mais un petit bonheur que j’apprécie d’autant plus que la météo est exécrable.  C’est un peu comme si on se trouvait dans une bulle contre laquelle les éléments s’acharnent mais n’ont aucune prise. Nos légumes doivent ressentir la même chose et et je les imagine faire la nique aux giboulées en déployant lentement mais sûrement leur feuillage tendre. Il y a bien sûr les grands classiques, comme la mâche, les épinards  et la laitue. Mais j’ai découvert aussi toute une collection de nouvelles saveurs aux noms très exotiques, comme les  pai tsai, pak choi, tatsoït , mizuna et autres choux chinois, des légumes feuilles asiatiques qui ont la grande qualité de bien supporter les températures négatives. On peut les manger ciselés en salade ou poelés avec d’autres légumes.

Dans la petite serre bleue, c’est une réussite: toute la surface cultivable est recouverte de verdure. Dans la grande serre rouge par contre, le résultat est moins convainquant car, comme la place était prise par les tomates et les concombres jusqu’à la mi-novembre,  j’ai trop tardé à faire les semis. Je comptais sur la germination spontanée de la Claytone du Cuba, montée en graines ce printemps, mais seules quelques touffes éparses sont apparues. Pour ne pas rater le coche, il faudrait s’imposer dès le mois d’août la lecture du livre du maraîcher bio américain Eliot Coleman, “Des légumes en hiver. Produire en abondance même sous la neige”, -et sans chauffer la serre pourrait-on rajouter-. Je m’y suis plongée hier soir, blottie au coin du feu, et j’ai aussitôt regretté de ne pas avoir semé entre les pieds de tomates des carottes d’hiver et des poireaux, des betteraves, du persil, de la roquette et des radis. Inspiré par les techniques des maraîchers parisiens du 19e siècle, Coleman a mis au point des méthodes simples et peu énergivores qui lui permettent de produire des légumes tout l’hiver dans le Maine, une région où le thermomètre peut descendre jusqu’à moins 26°C. L’anticipation est un des piliers de la réussite. J’avoue que ce n’est pas trop mon truc, mais heureusement il n’est jamais trop tard pour bien faire. Dès que les jours commenceront à se rallonger, je ressortirai mes sachets de graines.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens

Le coût d'un saladier

Pourquoi diable n’y a-t-il pas plus de serres en verre dans les jardins des Suisses? Et bien nous l’avons compris quand nous nous sommes lancés dans l’aventure en 2015! D’abord il a fallu convaincre nos autorités communales que, non, notre serre n’allait pas éblouir les voitures qui passent à côté et que non, il n’était pas envisageable de construire une palissade autour pour la cacher, sans nuire à la croissance des légumes. Ensuite nous avons dû obtenir un permis de construire, ce qui nous a poussé à rajouter une deuxième serre sur le plan, histoire de  “rentabiliser” les frais de procédure. Quand cette année, les travaux se sont achevés et que nous avons reçu, moyennant un petit émolument, un permis d’utiliser, c’est l’établissement cantonal d’incendie qui s’est manifesté. On n’y avait pas pensé, les serres pourraient brûler….. Mais heureusement, elles sont désormais couvertes chacune par une police salutaire. L’ECA a ensuite transmis le dossier aux impôts et au cadastre. Résultat: une taxe foncière pour chacun de ces  bâtiments et une sommation pour les faire cadastrer dans les plus brefs délais.

En d’autres termes, si j’ai un seul conseil à vous donner: optez plutôt pour une serre tunnel en plastique. C’est nettement moins joli dans le paysage, mais cela vous fera beaucoup moins cher la salade!