Mission B, comme Biodiversité
Mission B, comme Biodiversité

Mission B: vous retiendrez ce nom. Car il déferlera bientôt sur les ondes de la RTS comme le printemps dans nos jardins! Mission B, c’est un défi qui nous concerne tous, que l’on habite en ville ou à la campagne, que l’on soit paysan ou informaticien: celui de venir en aide aux populations d’insectes en péril en semant la biodiversité autour de soi. Avec cette opération d’envergure nationale, la RTS a décidé de prendre le taureau par les cornes et nous invite à agir pour aider la petite faune sauvage. L’objectif est chiffré: d’ici cet été, Mission B espère que dans tout le pays, un million de mètre carrés seront refleuris avec des plantes indigènes, qu’il s’agisse de balcons, jardins, prairies, talus, murs ou toitures.

Chaque nouvelle surface gagnée sera inscrite sur la carte évolutive de missionb.ch, afin de suivre virtuellement l’avancée des fleurs sur le béton ou le gazon. Sur le site, on trouve aussi beaucoup d’infos sur les enjeux de la préservation de la biodiversité et des conseils pour y parvenir. Car il ne s’agit pas seulement de semer des fleurs sauvages: on nous encourage aussi à replanter des haies, creuser des étangs, laisser des tas de bois pour le hérisson et le troglodyte, des cailloux  pour les lézards, renoncer aux pesticides et au propre-en-ordre. Bref, c’est génial: le message que les écolos et les associations de protection de la nature diffusent depuis belle lurette sera relayé à la puissance 10 par la RTS pendant une année au moins! Et tant pis pour le voisin qui n’aime pas les herbes folles.

De mon côté, je ne rate pas l’occasion de vous faire part d’une façon diablement efficace d’installer des plantes indigènes chez soi. Comme beaucoup de jardiniers, j’ai testé les sachets de graines de fleurs sauvages proposés dans le commerce, mais sans grand succès. J’ai finalement adopté la technique de la fleur de foin, ou herbe à semences, mise en œuvre par des paysans exemplaires. Elle consiste à faucher en juin une prairie ou un talus riche en fleurs, juste au moment où les graines sont mûres mais pas encore tombantes, puis d’étendre ensuite cette herbe à semences sur une parcelle receveuse, où les graines germeront sous la protection du foin. En pratique, je suis allée faucher mon herbe sur un bout de talus d’une route voisine, juste avant le passage des cantonniers, et j’en ai recouvert quelques mètres carrés du jardin, préalablement désherbés grâce à de vieux tapis de la déchetterie. Le résultat a été stupéfiant: à la fin de l’été déjà, des sauges, des scabieuses et des marguerites pointaient le bout de leurs feuilles. C’était il y a 10 ans. Depuis, les fleurs sauvages ont colonisé toute la parcelle et les papillons y virevoltent jusqu’à l’automne.

A défaut d’espace suffisant pour une prairie, quelques plantes indigènes sur un balcon ou dans les massifs peuvent déjà faire la différence. Outre les sachets de semences ad hoc, on peut prélever des graines dans la nature ou acheter en pépinière (lire encadré ci dessous)  des plantes vivaces estampillées  charte des jardins ou floretia: ces labels garantissent qu’il s’agit bien d’espèces indigènes et donc, qu’elles pourront donner un sérieux coup de pouce aux papillons, aux abeilles sauvages et aux syrphes qui en ont tant besoin.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens, Benoît Renevey/naturecommunication.ch

Lautrejardin, une pépinière engagée

A Cormérod (FR), la pépinière Lautrejardin n’a pas attendu Mission B pour militer en faveur de la flore et de la faune sauvage. Chaque année, elle investit un peu plus de temps et d’espace pour multiplier et offrir à la vente les belles sauvageonnes. Pas moins de 150 espèces indigènes figurent déjà au catalogue et Xavier Allemann ne compte pas en rester là:  «Cette année, nous allons doubler la surface, qui occupe actuellement 15% de la pépinière. Mais j’ai besoin d’aide pour la récolte de graines, car je souhaite cultiver des plantes qui soient parfaitement adaptées aux conditions climatiques et édaphiques qui prévalent entre Genève à Fribourg».

A la belle saison et en automne, ce passionné organise des journées dédiées au jardin naturel et se montre  intarissable quand il s’agit de raconter l’intérêt de l’achillée millefeuille, du mélilot blanc ou du thym pouillot pour les butineurs, mais aussi pour la pharmacie ou la cuisine du jardinier. Et à ceux qui reprochent aux plantes indigènes de ne pas fleurir longtemps, le pépiniériste prodigue ses conseils de culture: «Si vous taillez les sauges et les scabieuses après la floraison, elles refleuriront et égaieront le jardin tout l’automne.» Et d’ajouter: «Ces plantes ont besoin de votre aide. En les installant chez vous, elles pourront se ressemer et reconquérir les abords des villages».  Plus d’infos: lautrejardin.ch