La permaculture fait-elle école?
La permaculture fait-elle école?

Tout le monde parle de permaculture. Depuis le succès du film Demain, le mouvement a déferlé sur l’Europe entière et multiplié les jardins collectifs, les buttes et les mandalas. Dans les écoles primaires, les enfants cultivent des carrés potagers et dans les universités, les étudiants en mal de nature se mettent également au jardinage. Mais qu’en est-il des écoles professionnelles? La permaculture a-t-elle fait son entrée dans le cursus des futurs agriculteurs, maraîchers et horticulteurs? Comment un concept aussi innovateur et déstabilisant est-il perçu et accueilli parmi les professionnels des métiers de la terre? Pour en avoir le coeur net, j’ai fait le tour des centres de formation romands aux métiers de la terre. Vous pourrez découvrir le résultat de cette enquête dans l’édition de ce jeudi 22 février, mais je m’autorise à vous en dévoiler déjà quelques éléments…

Et bien primo: je ne m’attendais pas à ce que ce soit si laborieux! J’ai fait le tour de six cantons et de six écoles elles-même divisées en plusieurs sites et multiples filières allant de l’arboriculture au paysagisme en passant par la floriculture, le maraîchage, l’agriculture et la viticulture. Vu que le permaculture touche à la fois tous ces domaines, mais que les filières sont très cloisonnées, j’ai été renvoyée d’un secrétariat à l’autre, de la direction aux doyens, des doyens aux professeurs, avant de tomber sur la personne pouvant me renseigner sur ce qui se faisait sur le site. Au final, la bonne nouvelle, c’est que pratiquement toutes les écoles ont au moins un professeur qui s’intéresse à la permaculture et en parle à ses élèves. A défaut de figurer dans le cursus officiel des apprentis édicté au niveau fédéral, la permaculture apparaît dans les cours d’écologie, les cours à options ou les programmes de formation continue ouvert à tous les publics.

Secundo, il y a de grandes disparités entre les écoles. S’il fallait décerner une palme, elle irait sans doute au site d’Agrilogie Marcelin à Morges, où un verger permacole “à la Sobkowiak” a été mis en place dès 2014 , à l’initiative du SAVI et de l’institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL). Outre ce Biodiverger, Marcelin est en train de convertir son domaine maraîcher  en  “Perma-jardin”, où professeurs, élèves et visiteurs d’autres écoles sont d’ores et déjà bienvenus.  Tout l’enjeu sera maintenant d’y démontrer qu’une démarche permacole peut être viable et résiliente économiquement dans un contexte de micro-ferme. A l’inverse, d’autres écoles se disent à la fois curieuses et sceptiques, mais préfèrent attendre que la permaculture ait fait ses preuves ailleurs avant de la prendre davantage au sérieux.

Tertio, j’ai pu constater que la permaculture n’est pas toujours très bien comprise et reste difficile à appréhender par des professeurs prisonniers d’un programme déjà plein à craquer. Les écoles font donc souvent recours à des intervenants externes pour parler de leur expérience et de leur passion. Car c’est bien une réalité: la permaculture est avant tout une affaire de passionnés, issus ou non des métiers de la terre, mais surtout prêts à oser faire ce qui n’est enseigné dans aucun manuel officiel.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens

Formations tout public

Envie de suivre une formation en permaculture? En Suisse romande, Permaculture romande est l’association qui fédère les initiatives et les projets, informe sur le concept, valide et garantit la qualité des formations qu’elle diffuse via son site internet permaculture.ch