Des buttes pas toutes au top
Des buttes pas toutes au top

Pas facile de quitter le jardin en été mais cela nous paraît absolument indispensable, à la fois pour prendre un repos salutaire et un certain recul qui nous permettra de mieux avancer. A notre retour, nous devons nous rendre à l’évidence: nos buttes ne nous donnent pas entière satisfaction.

L’an dernier, grâce au temps humide, les premiers résultats étaient très encourageants, mais cette année la sécheresse a passablement changé la donne. Avec notre sol très drainant, le haut des buttes se dessèche beaucoup et le bois qu’elles contiennent ne suffit pas à compenser l’évaporation de surface. Il faut mulcher me direz-vous! C’est ce que nous faisons à tour de bras grâce au hache-paille, mais on a beau avoir un grand jardin, il nous faudrait encore davantage d’herbe, de feuilles, d’orties et de broyats divers -et de temps- pour pouvoir disposer une épaisseur suffisante de paillis entre toutes nos plantations. En plus, avec la pente, les buttes ont une certaine tendance à l’érosion et quand les merles s’en mêlent – ce qui devient une habitude- le mulch finit rapidement sur les chemins. Le bon côté de la sécheresse, c’est que les limaces se tiennent à carreau. Les campagnols par contre s’en donnent à coeur joie dans ces monticules épargnés par la grelinette, au point que quand je repique des plantons, le sol truffé de galeries s’affaisse régulièrement sous mon plantoir! Sous la dent des rongeurs, les cardons sont restés rachitiques, des poireaux ont disparu sous nos yeux et les céleris-raves luttent toujours pour leur survie. Bref, nous avons dû aiguiser nos armes (ce qui fera l’objet d’un prochain billet), mais pris aussi des résolutions pour améliorer la situation:

  • mettre des planches ou des poutres en bordure des buttes, ce qui devrait  limiter l’érosion et permettre de maintenir le mulch en  surface et l’humidité dans la butte.
  • élargir certaines buttes et remplacer les quelques poutres enterrées  -qui se décomposent mal- par du bois mort en état de putréfaction plus avancé
  • densifier les cultures (voir encadré) et miser sur les plantes couvre-sol
  • dédier les buttes de compost d’écorce situées à l’ombre à la culture de plantes pourvoyeuses de mulch (consoude, citronnelle, rhubarbe, topinambours,…)
  • récupérer davantage de branches et déchets verts à la déchetterie du village, qui dépense chaque année une fortune pour se débarrasser de matières premières pourtant si précieuses pour la nature et les jardiniers.

Qui donc a dit que la permaculture était une méthode de jardinage pour jardiniers paresseux?

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens, Emile Pion (vues aériennes)

Densifier pour ombrager

Le tableau dépeint ci-dessus pourrait vous paraître bien noir mais détrompez-vous: certaines de nos cultures sur buttes sont très réussies! C’est le cas notamment des endives, des radis blancs, des celtuces, des navets d’automne, des panais et des bettes à tondre. Leur point commun? Un feuillage dense qui maintient de l’ombre au niveau du sol et atténue ainsi l’évaporation tout en freinant les herbes indésirables. La leçon est intéressante et l’an prochain nous densifieront et mélangeront encore davantage les variétés, quitte à les desserrer plus tard. Au final, un fouillis végétal est bien plus reposant et rafraîchissant qu’un sol nu qu’il faut pailler ou arroser constamment!