Buttes à campagnols ou buter les campagnols?
Buttes à campagnols ou buter les campagnols?

Mon titre pourra choquer certains. Mais tous ceux qui arrachent ces jours-ci des endives aux racines amputées ou des betteraves rouges prometteuses en dehors mais creuses en dedans, comprendront mon état d’esprit! OK, la permaculture prône le partage et je veux bien céder une part des légumes au petit peuple du jardin. Mais ma générosité a des limites. Vous l’aurez compris: j’ai une dent contre les campagnols.

Notre jardin est hélas leur royaume. Dans la prairie, ils se sont créé un terrain de jeu genre “montagnes russes” où l’on risque l’entorse à chaque pas. Au potager, des familles nombreuses se sont installées à demeure dans certaines buttes et piochent allègrement dans tout ce qui est sucré et juteux.  Ce printemps, un affamé a même englouti deux plants de tomate en les tirant par les racines, pour ne laisser qu’un toupet de feuille à l’orifice de son antre.  Quelques coups de sonde dans le sol ont permis d’évaluer l’ampleur de l’invasion: c’est truffé de galeries là dessous, dont le plafond s’effondre à chaque fois que je creuse un petit trou.

Vu qu’il est difficile de détruire un labyrinthe situé au fond de buttes couvertes en permanence de légumes, il n’y a pas eu 36 solutions: nous avons sorti les pièges à assommoir. Le nec plus ultra dans cette catégorie est le Top Cat en acier inoxydable: on l’enfile en travers de la galerie, sur le passage du rongeur qui l’actionne en le traversant. Son seul défaut est d’être assez cher (environ Fr 90.- pièce), ce qui peut être un facteur limitant si on veut en disposer plusieurs en même temps. Nous avons donc opté pour le Super Cat, une version low cost en plastique, tout aussi efficace. Notre campagne de piégeage a pu sauver pas mal de légumes. Mais en fin de saison, nous avons baissé la garde. Déjà affaiblies par la sécheresse, nos endives en ont payé le prix. Qu’à cela ne tienne! En automne, le champ est libre pour passer la grelinette: la cité troglodyte sera bientôt ensevelie.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens, Eric Bernier