Ail à grosse tête et pauvres choux
Ail à grosse tête et pauvres choux

Jardiner offre autant de satisfactions que de déceptions, mais ce qu’il y a de bien, c’est qu’elles diffèrent toujours d’une année à l’autre, ce qui motive à continuer! Cet été donc, la récolte d’oignons et d’échalottes a été magnifique, alors que l’an passé les campagnols avaient fait bombance à notre place. A la faveur du printemps sec et de notre sol hyper drainant, l’ail planté en novembre a pour la première fois produit des têtes digne de ce nom, et ce aussi bien dans la serre que sur les buttes du potager. De quoi faire une ratatouille 100 % maison, sitôt que les tomates, les poivrons et les aubergines daigneront mûrir en même temps.

Du côté des choux et des raves par contre, c’est la catastrophe. Mes jolis plantons du printemps ont subi toutes les attaques : pucerons, chenilles, paon et surtout altises et aleurodes, grands amateurs de brassicacées. Les altises sont des petits coléoptères qui trouent les feuilles pour s’en nourrir, tandis que les aleurodes, apparentées aux pucerons, en sucent la sève: il suffit d’effleurer le feuillage pour les voir s’envoler en myriades floconneuses. Piqueurs et poinçonneurs se développent par centaines quand le temps est très sec. Peu assidue, notre lutte a été vaine et je les imagine volontiers se rincer les aisselles en ricanant sous mes douches de purin d’ortie, de savon noir et d’ail macéré à l’huile d’olive. Seule la pluie ou un arrosage intensif aurait pu véritablement freiner leur audace, mais les nuages ont fait de grands détours par delà la montagne et nos citernes d’eau étaient à sec. Bref, la plupart des choux étaient tellement misérables que, par pitié, j’ai fini par les donner aux lapins, pas trop difficiles. Mais ouf, il pleut enfin depuis quelques jours, ce qui a ressuscité les derniers moribonds. Quoi qu’il en soit, à défaut d’Alsaciens et de Bruxellois, nous devrions bien avoir quelques choux chinois pour les potées de cet hiver. Et les quelques graines de chou marin que je viens de ramener de Bretagne -avec la pluie- me donnent aussi beaucoup d’espoir.

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens