Myrtilles sur lit de sciure et bains d’oyas
Myrtilles sur lit de sciure et bains d’oyas

Enfin des myrtilles! Si si, je viens d’en cueillir cinq!  Ça n’a pas été facile, mais je crois que je suis sur la bonne voie pour en remplir une corbeille dans deux ou trois ans.

Petite historique:

  • 2010- installation d’un premier myrtillier américain Vaccinium corymbosum près du potager, sans terre de bruyère car pas question de contribuer à la destruction des tourbières européennes. Dépérissement.
  • 2012- Déménagement du myrtillier près d’un dôme de fourmis des bois, où le terrain était acidifié par les fourmis. Agonie.
  • 2015- Achat d’un second myrtillier et installation des deux arbustes dans un vieux bac à sable rempli d’un compost d’écorces forestières. Survie pathétique.
  • 2019- Suite à l’insistance de mon fils Gaël, apprenti horticulteur à Lulllier, où paraît-il les myrtilles sont gigantesques et innombrables, lancement en mars de la création d’une fosse pour les myrtilles. Espoir.

En pratique, il s’agissait de creuser un trou d’environ 50 cm de profondeur sur 3 mètres de long et un mètre de large. Une bonne dizaine de brouettes plus tard, et un lumbago en prime, j’ai tapissé le fond de la fosse de bois mort puis l’ai remplie avec une alternance de copeaux et sciure de menuiserie et de branches broyées d’épicéas, issues des arbres coupés pour la construction de notre cabane de jardin. La fosse s’est ensuite transformée en monticule culminant à environ 30 cm au dessus du niveau du sol, afin de compenser l’inévitable tassement des copeaux.

Trois nouveaux plans bio de myrtilles de différentes variétés, séparés d’un mètre,  ont pris place fin mars dans ce substrat mou, de même que mes deux vieux plants à moitié morts, insérés entre les nouveaux. Pour me donner toutes les chances de réussite, j’ai encore rajouté dans les trous de plantation un succédané de terre de bruyère proposé par Andermatt Biogarten. Pour l’acidité, le travail était conclu. Pour la fertilité, j’ai misé sur notre compost de toilettes sèches, généreusement saupoudré en surface. Restait à assurer l’irrigation, car dans la nature, les myrtilles poussent dans un milieu à la fois acide et très humide. L’occasion était belle de tester les oyas, des réserves d’eau en céramique micro-poreuse, inventées il y a 4000 ans et remises au goût du jour par des artisans du sud de la France. Ces poteries diffusent l’eau en profondeur et assurent une humidité constante au niveau des racines (voir vidéo en lien). J’ai donc enterré 4 oyas de 5 litres sur toute la longueur de la butte, que je me suis procurés en Suisse auprès de oyas.ch

Et bien le résultat a dépassé mes espérances! Non seulement les nouveaux plans se sont bien acclimatés et ont fait des premiers fruits, mais mes vieux myrtilliers ont ressuscité et revêtu un beau feuillage neuf! Grâce à la sciure et aux oyas, que je remplis grosso modo tous les 6 jours, le substrat est constamment humide. Les fraisiers qui entourent les myrtilles ont également bien prospéré. Seul souci: une bête sauvage, probablement un blaireau, adore venir gratter la butte, ce qui m’a obligé à lui barrer l’accès avec des branches de sapin. Mais c’est un moindre mal.

Les photos de ce billet achevées, j’ai enfin pu goûter mes premières myrtilles. Et je vous jure que c’était les meilleures du monde.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel, Aino Adriaens