Les vacances au jardin, c’est le pied!
Les vacances au jardin, c’est le pied!

«Il faut vous calmer! C’est encore trop tôt pour jardiner!» La vendeuse du “garden” a eu beau me prédire le pire des coups de froid, je ne l’ai pas écoutée. Et je ne le regrette pas. Car les vacances au jardin, c’était vraiment trop bien! Plus besoin de se dépêcher un peu avant ou un peu après le bureau, mais savourer le simple bonheur d’avoir tout le temps devant soi pour semer, planter, tailler ou contempler. Pendant que la moitié du canton dévalait les pistes de ski, j’ai donc fait mille aller-retour sur les pentes du jardin, avec ma brouette, un outil ou rien du tout dans les mains, car vite distraite par une plante ou une nouvelle idée qui émerge, j’ai une fâcheuse tendance à oublier en route ce que je suis allée chercher.

Vacances obligent, on y est allé au feeling, sans liste à biffer ni délais à tenir. Et sans repas à heure fixe. Chacun s’est laissé guidé par ses envies et son humeur du moment. Christian a bien avancé la construction du cabanon et terminé celle d’une paire de rame pour aller à la pêche. De mon côté, entre deux semis et une kyrielle de plantations, j’ai mis en œuvre des idées qui me taraudaient depuis longtemps: creuser une fosse à myrtilles et élever une clôture-abri à hérisson, mais je ne vous en dis pas plus: ce sont de bons sujets pour mes prochains billets… Avec la météo au beau fixe, on n’a pas vu le temps passer. Notre voisin retraité l’a vu pour nous, en fronçant les sourcils quand nous dépassions l’horaire règlementaire du travailleur salarié. J’ai beau lui expliquer tout sourire que «ce n’est pas du travail, mais du plaisir», je le sens très sceptique face à nos bras chargés et nos pantalons crottés. Pour bon nombre des anciens de la campagne, le jardinage est perçu comme une corvée et on n’y peut pas grand chose.

Pour calmer notre frénésie printanière, nos amis ont la meilleure des combines:  ils débarquent au jardin à l’improviste. C’est le moment de la pause et du gâteau. De la promenade aussi, pour admirer les nivéoles et saluer les bourdons. Et pour une fois on se dispute le hamac. Car les pieds en éventail, avec vue sur les Alpes au loin, ça fait aussi partie des vacances.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Aino Adriaens, Christian Lavorel