J’ai (presque) réussi mes poireaux!
J’ai (presque) réussi mes poireaux!

Bon d’accord, ils n’ont pas le profil court et trapu du poireau traditionnel, mais ils sont quand même délicieux et surtout, une bonne moitié d’entre eux a échappé à leur ennemi juré: la mouche mineuse. Rappelez-vous, réussir mes poireaux était l’une de mes résolutions de 2018 (lire billet du 09.01.18): un beau défi sachant que depuis quelques années ils sont systématiquement attaqués par Phytomyza gymnostoma, une sacrée petite peste qui prend un malin plaisir à transformer de vaillants légumes en pitoyables chiffes molles. Deux années ont passé. Aucun progrès au bout de la première. Cette année par contre, j’ai pris les choses en main dès les premières plantations et testé deux méthodes: la déroute et le voile anti-insectes.

La déroute

Appliquée lors de la plantation des poireaux le 7 mai, cette technique m’a été soufflée par un ami jardinier. L’idée est de rendre le poireau invisible olfactivement pour la mouche. On commence par préparer les plantons en raccourcissant les racines et en ôtant les feuilles abimées, mais plutôt que de les planter de suite, on les laisse reposer 24 heures à la cave, puis on les sort juste avant la tombée de la nuit, quand la mouche n’est plus active. On les intègre un à un dans un trou profond que l’on s’abstient de reboucher pour éviter d’écraser les tissus de la plante et donc de diffuser son odeur. On arrose et le trou se rebouche plus ou moins tout seul. Pour parfaire la déroute, j’ai planté les poireaux dans une zone truffée de semis spontanés de coriandre.

Résultat: les poireaux ont bien prospéré tout en hauteur (car je ne coupe pas les feuilles retombantes) et seuls les derniers poireaux que je cueille actuellement abritent quelques pupes.

Le voile anti-insectes

Pour la série de poireaux plantée le 14 juillet, j’ai adopté la méthode du voile à mailles très fines, histoire de parer les attaques d’automne car les mouches volent principalement au printemps et à la fin de l’été. Entre les poireaux, j’ai intercalé quelques choux chinois et choux cabus, afin de les soustraire par la même occasion à l’appétit des altises et des piérides (papillons ravageurs).

Résultat: Tout s’est très bien passé jusqu’à la mi-août. Croissance magnifique, choux chinois superbes en comparaison avec ceux sans protection. Les choses se sont ensuite gâtées sérieusement pour les brassicacées car les gastéropodes se moquent des voiles et les piérides ont apparemment réussi à pondre sous ou à travers les mailles: bien à l’abri des mésanges et de notre vigilance, limaces et chenilles s’en sont donné à cœur joie. Les poireaux par contre semblaient hors de danger. Mi-octobre, j’ai fini par ôter le filet pour tenter de sauver ce qui restait de choux. Grave erreur que je déplore ces jours-ci, car les mouches du poireau ont sévi. Sont-elles apparues fin octobre ou ont-elles pondu avant, sur les feuilles d’alliacées qui touchaient le filet? Je ne le saurai jamais mais le résultat est sans appel: sous le voile anti-insectes, j’ai raté à la fois les poireaux et toute la série de choux.

En conclusion, il faudra cette année que j’affine ces techniques ou que je fourbisse de nouvelles armes. Mais surtout, je m’engage à ne plus prendre de résolution à la légère. En 2020, je planterai encore des arbres: c’est une promesse beaucoup plus facile à tenir.

Belle année jardinière à tous!

Aino

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel