Hors-champs, cet autre spectacle
Hors-champs, cet autre spectacle

Dans mon quotidien de figurante de la Fête des vignerons, c’est un de mes moments préférés. Il a lieu aux alentours des 11 h ou des 21 h, suivant que le spectacle se déroule en journée ou en soirée. L’arène, prête pour le début du show, est alors tout juste remplie des spectateurs, tandis que ses abords sont – enfin – vides. La foule agglutinée aux différentes portes a disparu, avalée par l’immense structure. Le silence se fait dans les ruelles, et les terrasses alentours respirent. Mes gamins et moi, costumés, nous trouvons enfin une place assise. C’est un moment paisible, relativement silencieux, et tellement bienvenu. Tandis que la serveuse s’effondre, épuisée, sur le perron de son bistrot, profitant de ce court instant de répit, nous guignons les alentours et profitons d’un tout autre spectacle.

Car Vevey appartient à ce moment-là aux acteurs-figurants. Autour de nous, nombreux sont ceux qui flânent entre caveaux et terrasses, attendant leur heure de passage. Il y a des Dames Bourgeons, qui, désœuvrées revivent sur leur protable, via les vidéos diffusées en boucle sur réseaux sociaux, les soirées précédentes. Non loin d’elles, les Cent-Suisses rajustent leur costume avant de quitter leur caveau, ou plutôt leur stamm alors que les  insectes jaunes ailés de l’Harmonie rejoignent le théâtre attenant, c’est l’heure de chauffer leurs instruments. D’un air pressé,d es effeuilleuses passent, à petites enjambées, faisant froufrouter leurs robes tandis qu’une nuée de papillons et coccinelles – le chœur d’enfants – répète sagement la chanson du Petit chevrier devant quelques tablées.

Nous, figurants de la Saint-Martin, avons encore une bonne heure à tuer avant que vienne notre tour d’entrer en scène. Nous avons dés lors tout loisir de profiter du spectacle de la rue, nous laissant porter par les premières notes de musique qui s’échappent de l’arène. Mes gamins entament une nouvelle partie de cartes avec d’autres enfants de notre troupe qui viennent de nous rejoindre…  Ceux du tableau des Noces improvisent quant à eux une partie de foot dans la ruelle sous l’œil désapprobateur de grands-mamans craignant bien sûr pour les costumes. Messi passe alors son ballon à Ronaldo et Neymar lève les bras au ciel en hurlant «Gooooal !!!!»… Salué par des applaudissements de 20 000 personnes. A moins que ce ne soit pour la fin du premier tableau?

Texte(s): Claire Muller
Photo(s): Claire Muller