Nuée d’étourneaux
Nuée d’étourneaux

Attirés par la rumeur, nous allons nous balader avec mon fils au bord du lac en scrutant le ciel. Depuis quelques semaines, des groupes d’étourneaux se rassemblent en fin de journée pour venir dormir dans les arbres de cette partie du centre-ville. Le phénomène, par son ampleur, n’a pas passé inaperçu, puisqu’il a même été évoqué dans la presse.

A peine arrivés à la gare, un gigantesque essaim de petits oiseaux noirs nous survole soudain et disparaît derrière les immeubles. Un autre groupe croise dans le ciel. Il y a des oiseaux partout. A l’œil nu, on dirait des moucherons. Nous nous déplaçons vers les quais pour avoir du dégagement.

Plusieurs grands groupes d’étourneaux qui ont certainement passés la journée à picorer les derniers raisins dans la campagne voisine, se rassemblent. On dirait maintenant une rivière qui coule au-dessus de la Rade et serpente dans le ciel du couchant.

 «Regarde au-dessus de nous, c’est incroyable! On discute, on s’émerveille ensemble, on rigole, comme après une grosse chute de neige…»

En passant à proximité de grands arbres, une partie du cordon est comme siphonné. Des milliers d’oiseaux se posent, tandis que les autres continuent à voler. Est-ce que les individus choisissent sur quel arbre ils vont dormir ou sont-ils attirés par la force du groupe ?

Peu avant la nuit, qui tombe très vite maintenant que nous sommes passés à l’heure d’hiver, nous pénétrons dans un square arborisé, véritable hôtel pour ces milliers de passagers en transit.

Nous restons abasourdis. Les deux grands arbres exotiques dont je ne connais pas le nom bruissent du mouvement des oiseaux. On dirait que le vent souffle dans leurs branches. Des feuilles et des fientes tombent comme de la pluie et les cris stridents des oiseaux si nombreux font penser au bruit d’un torrent. A distance, pour ne pas être crépis de fientes, quelques badauds observent et prennent des photos avec leur téléphone portable.

Nous sommes confrontés parfois à des phénomènes qui nous déstabilisent. Ainsi, les grands rassemblements d’animaux, comme les vents très violents, les tremblements de terre ou les éruptions volcaniques, nous démontrent la puissance des forces qui régissent la nature. Ils devraient nous rendre un peu plus humbles dans notre rapport à l’environnement.

Texte(s): Pierre Baumgart
Photo(s): Pierre Baumgart