Dessin patriotique sous la pluie
Dessin patriotique sous la pluie

Le temps est maussade et nous ne sommes pas pressés d’aller nous promener. Une flânerie dans le vieux village d’Evolène, nous permet de contempler les chalets patinés par les ans, dont les balcons sont fleuris de géraniums. Je me remémore quelques propos de Marie Métrailler dans le livre «La poudre de sourire». Elle évoque cet endroit autrefois, avec ses traditions paysannes, ses récits de contrebandiers italiens et l’arrivée des premiers touristes anglais.

Après quelques achats, nous optons pour une balade sur les hauts d’Arolla et profiterons de la belle journée annoncée demain, pour une course en montagne plus ambitieuse. En suivant le chemin qui serpente dans les pâturages, nous traversons progressivement les premiers voiles de brume.  Comme le sentier est bien balisé et que le relief n’est pas dangereux, nous poursuivons notre marche. Nous dépassons quelques mayens qui semblent à l’abandon et nous retrouvons en face de plusieurs belles vaches d’Hérens.

La scène est féérique, mais le brouillard s’épaissit et la pluie se met à tomber…de plus en plus fort. Nous sommes très vite détrempés. La perspective d’une pâtisserie accompagnée d’une boisson chaude au village nous décide à rebrousser chemin! Nous coupons au travers du pâturage pour descendre au plus vite. En passant près d’une petite barre rocheuse, nous découvrons quelques jolies fleurs, sur un sol maigre et caillouteux: asters mauves au cœur orange, joubarbes, campanules et pour notre plus grand plaisir, quelques edelweiss. Un joli symbole en cette période de fête nationale!

La fleur n’est pas spécialement impressionnante.  Elle n’accroche pas le regard, comme les lumineuses gentianes ou les graciles soldanelles près d’un névé, mais on a créé autour d’elle un mythe si puissant, que l’on ne peut plus la regarder indifféremment.

L’edelweiss est devenu un logo de promotion touristique dès le 19ème siècle afin d’attirer les touristes en quête de romantisme alpin. Depuis lors, la fleur est devenue un symbole national, au point de retrouver son image un peu partout; des habits traditionnels paysans, aux casquettes des officiers de l’armée suisse en passant par la thune, à côté du billet de 20 francs, qui nous serviront à payer nos tartes aux abricots et notre thé fumant…

Texte(s): Pierre Baumgart
Photo(s): Pierre Baumgart