D pour dimanche, dessin et dodo
D pour dimanche, dessin et dodo

Je n’aime pas particulièrement sortir dans la campagne le dimanche, en milieu de journée, quand tout le monde se promène. Aujourd’hui pourtant, la douce lumière et la température clémente nous poussent, mon épouse et moi, à quitter la ville pour l’un de nos rendez-vous incontournables.

Au coin d’un bois des confins du canton de Genève, nous venons passer chaque année à cette période un moment parmi les fleurs printanières. Dessin, lecture et sieste au programme.

Arrivés sur place après une courte marche, nous scrutons tout de suite le sol jonché de feuilles mortes de chênes et de charmes et découvrons, quelques instants plus tard, les premières fleurs. Malgré leurs couleurs étincelantes, elles sont d’une étonnante discrétion! Les élégantes dents-de-chien aux pétales roses et retroussés sont en pleine floraison. Elles côtoient les scilles d’un bleu vif et les primevères jaunes.

Je choisis mon sujet et me mets au travail. Je me hâte de poser l’architecture de mon image, car je sais d’expérience que les pétales des fleurs bougent bien plus qu’on ne l’imagine! Et les ombres portées des troncs modifient sans cesse la lumière sur le sol.

J’essaie de me relaxer, en me concentrant sur le joli concert que nous offrent les oiseaux.

Je dessine un moment, puis j’imite mon épouse en m’installant confortablement contre un tronc et plonge avidement dans le roman policier islandais entamé il y a peu. Après seulement quelques pages, je ferme un moment les yeux et profite pleinement du soleil printanier. Je n’avais pas vraiment fait attention au bruit des avions jusqu’alors, mais maintenant que je suis en mode sieste, cela me perturbe…

Plusieurs rougegorges lancent leurs délicates cascades de notes tremblantes, un pinson égrène son chant répétitif, tandis qu’un roitelet susurre. Le troglodyte, pourtant si petit, étonne par la puissance de sa strophe. Et voilà maintenant le chant éclatant d’une fauvette à tête noire, tout juste de retour d’Afrique et les «tsip tsap» répétés inlassablement par le pouillot véloce. Le visage baigné de soleil, je me sens bien.

Je perçois encore le vol vrombissant d’une abeille qui tourne, tout près de moi. Je l’imagine qui passe d’une scille à l’autre pour butiner.

L’histoire s’arrête ici car je me suis endormi…