1,2,3… Semez!
1,2,3… Semez!

Trois fois par jour au moins, c’est le même scénario. Je retarde le moment de retourner dans mon bureau en faisant le tour des pots et plateaux de semis qui encombrent nos appuis de fenêtre et s’étalent sous les vélux. Et à chaque fois, j’éprouve le même bonheur à voir la terre se soulever, les cotylédons se dérouler, et les tiges s’élever presque à vue d’œil, comme si la vie jaillissant de ces petites graines m’insufflait le plein d’énergie pour la journée. Et ce n’est qu’un début! Car le mois d’avril est le mois des semis par excellence:  tout devient possible au jardin, dans la serre et sur le balcon. Bien sûr, cela n’empêche pas d’acheter ses plantons de légumes: des filières locales s’organisent pour soutenir leurs producteurs et répondre à la demande des jardiniers amateurs. Mais à l’heure où l’autonomie est salutaire, semer devient un geste nécessaire: de la graine à l’assiette, les plantes nous emportent dans une aventure extraordinaire, passionnante à chaque étape et absolument gratifiante lorsqu’elle finit bien. Vous trouverez des semences de fleurs et de légumes dans les magasins d’alimentation, mais un choix bien plus vaste et commandable en ligne chez les producteurs bio (Zollinger, Sativa) et les associations de sauvegarde des variétés anciennes (pro specie rara, Ressources)

Mais par quoi commencer?  Pour les tomates, poivrons et aubergines, c’est le dernier moment. Les graines se sèment plutôt fin février ou début mars au chaud, si on veut récolter des fruits avant le mois d’août, mais en situation bien exposée, comme sur un balcon en ville,  ce n’est pas trop tard pour se lancer. Pour le reste, le choix est extrêmement vaste. Voici quelques idées de semis pour les jours à venir, à moduler selon les situations de chacun.

Au chaud dans l’appartement. On sème en godets les espèces frileuses qui tournent de l’œil au moindre coup de gel. Par exemple melons, courges, courgettes, concombres et cornichons côté légumes;  ipomée et physalis côté fleurs. Disposez les plateaux sous les fenêtres les mieux exposées de la maison et veillez à maintenir le terreau humide, car il se dessèche très vite.

 

 

Sous abri ou en serre froide. La température y joue au yoyo au printemps, mais beaucoup de jeunes semis s’en accommodent plutôt bien si on n’oublie pas d’arroser régulièrement. On peut semer en godet choux, fenouils, cardons, maïs, tournesols, céleris, laitues, poireaux, …; des plantes aromatiques (basilic, hysope, agastache, estragon, persil…) et bien sûr des plantes vivaces ornementales et/ou comestibles qui complèteront les massifs dès le mois de mai.

 

 

En pleine terre au potager. C’est encore le moment de semer les pois mange tout, et ça ne fait que commencer pour les carottes, betteraves, radis, panais, laitues, navets, bettes à tondre,… Songez aussi à planter bulbes d’oignons et échalottes et mettez les plants de patates à germer. Les calendriers de culture qui figurent sur les sachets de semences et dans les guides et sites de jardinage sont un bon fil rouge quand on débute.

 

 

Et comment associer les plantes?  C’est une vaste question à laquelle je ne pourrai pas vous répondre en 2-3 coups de cuillères à pots. Il y a du bon sens, du tatonnement et de l’expérience, mais en permaculture, il y a aussi une grande part de hasard si on laisse chaque automne des légumes se ressemer  au petit bonheur. Personnellement, je m’inspire aussi volontiers du  livre “Plantes compagnes au potager“, qui synthétise de façon claire et efficace les associations favorables et celles qui le sont moins, et donne de bonnes idées de compagnonnage à tester.

Quoi qu’il en soit, peu importe si on ne fait pas juste du premier coup. Le jardinage n’est pas une science exacte. L’important, c’est de semer et de se faire du bien en regardant la vie qui pousse.

 

Texte(s): Aino Adriaens
Photo(s): Antoine Lavorel, Aino Adriaens