berne, Jura bernois

Balade chez la Dame blanche d’Erguël

Une légende raconte que son spectre arpente les ruines du château ­surplombant le village de Sonvilier et le vallon de Saint-Imier. On aurait plus de chances de l’apercevoir le soir de Noël, à minuit.

La pluie tombe finement sur Sonvilier ce jour-là, donnant une touche dramatique supplémentaire à notre balade menant aux ruines du château d’Erguël, dissimulées dans l’épaisse forêt au-dessus du village. Pour y parvenir, il faut se préparer à grimper sur les flancs du vallon de Saint-Imier. Après avoir franchi la route cantonale non loin du mini-marché, nous longeons la Suze par la route des Sauges, sans toutefois traverser ce mince cours d’eau. Profitant d’avancer d’un bon pas à plat, nous amorçons ensuite la montée en direction de la tour d’Erguël, émergeant de la cime des sapins, au bout de la route goudronnée.
L’ascension du flanc nord du Chasseral commence sur la droite, en suivant le sentier pédestre fléché et caillouteux. Après avoir franchi un pont en bois, le chemin sillonne l’impressionnante forêt, nous préservant des aléas de la météo. Les lacets sont serrés, le dénivelé important par endroits, les mollets souffrent. Puis arrive le replat tant attendu, nous menant jusqu’aux ruines du château d’Erguël, qui a longtemps donné son nom à la vallée. Ses origines bien mystérieuses remonteraient au XIe siècle. C’est ici qu’ont vécu les sires Arguel, ou Erguël, originaires de Franche-Comté.
On raconte que le soir de Noël à minuit, une Dame blanche se balade encore dans les ruines, pleurant son amant depuis des siècles. Selon la légende, il s’agirait du fantôme de Philippine, fille du seigneur des lieux. Elle n’aurait pas supporté la mort de son amoureux Pierre de Gliers, venu l’enlever de nuit, dans le plus grand secret. Une démarche cavalière qui ne plut pas du tout au seigneur. Il mit fin à cette idylle de la plus sanglante des façons, d’une flèche dans le cœur de Pierre. De chagrin, Philippine se serait laissée mourir de faim dans le château. Et le hanterait depuis.

À l’assaut du col des Pontins
Rénové après la guerre de Trente Ans, l’édifice a finalement été délaissé en 1754. Depuis lors, le monument a retrouvé ses lettres de noblesse, étant classé d’importance régionale. Il bénéficie même de la protection de la Confédération depuis 1929. Si l’on s’y rend avant tout pour son histoire, la vue, de ce site, est aussi impressionnante sur le Mont-Soleil et une bonne partie du vallon de Saint-Imier.
Après cette étape mêlant histoire, spiritisme – et pourquoi pas pause pique-nique sur les tables au pied de la tour – on reprend la route en direction du col des Pontins. On entre alors dans le périmètre protégé du Parc régional Chasseral. Un petit sentier escarpé, le long de la crête commençant en face du château, nous amène sur les hauteurs. Une fois le chemin forestier atteint, il faut continuer notre ascension sur la droite, jusqu’à la prochaine clairière. Puis traverser les pâturages, passant près de remarquables sapins, pour enfin parvenir au col, à 1111 mètres d’altitude. L’endroit est idéal pour reprendre son souffle… mais aussi des forces dans l’auberge qui s’y trouve, avant d’entamer la descente vers la vallée.
Plusieurs options s’offrent alors aux promeneurs souhaitant rejoindre Saint-Imier. Nous choisissons de nous diriger vers La Perrotte. Après un quart d’heure de marche sur une route goudronnée, le sentier part à gauche, en ligne droite à travers les prés, sous les câbles de la ligne électrique. La descente se poursuit en zigzag dans les bois, sur d’étroits sentiers ou de larges chemins forestiers jusqu’au cimetière de Saint-Imier, 300 mètres plus bas. On aperçoit alors la manufacture Longines. Elle nous rappelle qu’avant l’essor de l’horlogerie au XIXe siècle, la bourgade ne comptait que 900 habitants contre 5100 aujourd’hui

Texte(s): Céline Duruz
Photo(s): Jura Bernois Tourisme/Céline Duruz/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En train
Depuis La Chaux-de-Fonds/Le Locle ou Bienne, avec arrêt à Sonvilier. Pour le retour, un train par heure relie Saint-Imier à Sonvilier.

En bus
Par la ligne Saint-Imier – Franches-Montagnes.

En voiture
Depuis l’A5 à Neuchâtel, prendre la route principale J20 en direction de La Chaux-de-Fonds, puis la route 18 et enfin la 30 pour arriver à Sonvilier. C’est aussi la route 30 qui relie Bienne à Sonvilier. On y arrive aussi par le nord via Mont-Crosin et les Franches-Montagnes et au sud par le col des Pontins et le Val-de-Ruz.

Le parcours

Le sentier pédestre balisé choisi entre Sonvilier et Saint-Imier passe par la forêt et les pâturages, bonnes chaussures conseillées. Il faut compter un peu moins de 3 h pour réaliser ces 8,8 km de difficulté moyenne (dénivelé positif 437 m, négatif 423 m).

Se restaurer

À Saint-Imier, plusieurs restaurants sont regroupés autour de la place du marché, dont la Brasserie de la Place, prisée. Le service est très rapide. Tél. 032 941 40 80, www.brasserie-de-la-place.ch.
Au col des Pontins, restaurant Les Pontins, tél. 032 940 19 11.

Se renseigner

Sur www.sonvilier.ch, www.saint-imier.ch, à l’Office du tourisme www.juratroislacs.ch et sur Mémoires d’ici, www.m-ici.ch.