vaud, Alpes vaudoises

Balade à skis, pour le plaisir des yeux

Pour la première randonnée à skis de la saison, nous sommes montés au Gros-Châtillon. Réputé pour être sûr même par conditions de neige délicates, il nous offre une vue époustouflante sur les Alpes vaudoises.

Dans la mémoire des skieurs de randonnée, l’hiver 2016-2017 risque de laisser le souvenir d’un millésime très moyen. Fort heureusement, les amateurs de cette activité n’en sont pas pour autant condamnés à rester chez eux en ­attendant un hypothétique retour des flocons. Car même en sachant que les conditions de ski ne sont pas optimales, une sortie peut toujours réserver son lot de (bonnes) surprises. En ce qui nous concerne, nous décidons – après avoir pris conseil auprès des guides de montagne de la région, car le danger d’avalanches était marqué – d’aller faire un tour du côté des Frenières-sur-Bex.

Seigneurial Muveran
Sans tarder, nous nous mettons en route. Le ciel semble hésiter: va-t-il s’ouvrir ou au contraire se laisser envahir par les rouleaux de brume qui croisent au-dessus de la plaine? Après avoir traversé un premier pâturage, nous entrons sous le couvert des arbres. Dans cette forêt plus verte que blanche, où mousses, rochers et troncs ne sont que très légèrement saupoudrés de neige, on se croirait plus en automne qu’en hiver. La couche qui recouvre la route forestière a la finesse du papier. Si ce n’est pas fait pour réjouir le skieur, il y a quand même un point positif. Les traces des écureuils, lièvres, renards et autres chevreuils s’y lisent parfaitement, nous laissant tout le loisir de réviser nos connaissances naturalistes.
Après la forêt, nous coupons à travers un autre pâturage et gagnons un replat. Depuis ce promontoire, nous dominons tout le fond de la vallée. Lové au pied de la forteresse austère du Grand-Muveran, le hameau des Plans-sur-Bex, qui en marque la fin, est comme une île perdue au milieu des sapins. Nous passons devant plusieurs chalets d’alpage avant d’attaquer une montée plus raide, qui nous oblige à effectuer des conversions.

Pas perdus… mais presque!
Suants, nous peinons dans la neige fraîche qui n’a pas encore été tracée par le passage d’autres skieurs. Nous sommes si absorbés par l’effort que nous remarquons à peine le brouillard qui nous enveloppe. Nous nous retrouvons dans la ouate, avec une visibilité qui n’excède pas vingt mètres. Heureusement, le cheminement est simple. Depuis le chalet des Colatels, il suffit de se tenir à gauche de la crête qui mène droit sur le Gros-Châtillon. De temps à autre, nous nous octroyons une pause pour nous désaltérer. Le sommet ne doit plus être très loin à présent. Alors que nous serpentons dans une zone boisée, suivant d’anciennes traces à demi effacées, un coup de vent déchire les nuées. Juste au-dessus de nous apparaît un coin de ciel bleu azur. Une poudreuse légère comme du sucre glace se met alors à tomber des sapins qui frissonnent sous l’effet de la brise. Magique!
Nous abordons la pente finale. La vue sur le Grand-Muveran est encore plus belle et plus impressionnante qu’auparavant. D’autres sommets apparaissent: le Petit-Muveran, la Dent-Favre, la Dent-de-Morcles. Encore quelques conversions et nous atteignons une sorte de replat. À vrai dire, le Gros-Châtillon est plus une bosse sur la crête qu’un sommet individualisé, mais quel panorama! Au-dessus du stratus émerge la chaîne des Alpes vaudoises. Face à nous, les Dents-du-Midi, immense diamant de neige et de rochers bleutés, en imposent particulièrement. Sur leur gauche, au second plan, on aperçoit même l’Aiguille-­Verte et la chaîne du Mont-Blanc. On peut dire merci au brouillard qui nous a laissé le temps de profiter de la vue. Le voilà qui revient, il est temps de descendre.

Texte(s): Alexander Zelenka
Photo(s): Clément Grandjean/Infographie Pascal Erard

infos pratiques

Y aller

En transports publics
Train jusqu’à Bex, puis bus pour Frenières-sur-Bex.
En voiture
Parking gratuit à Frenières-sur-Bex, 200 mètres environ sur
la gauche après la maison d’hôte Heidi’s Guesthouse.

Le parcours

Du parking, suivre la route forestière jusqu’au chalet des Colatels. De là, remonter les pâturages et les clairières, direction sud, en passant par le chalet situé à 1442 m d’altitude puis par celui à 1601 m. Prendre ensuite sur la gauche pour contourner une langue de forêt et revenir sur la crête qu’on peut suivre jusqu’au sommet. Descente par le même itinéraire. Cotation ski: F pour facile. Dénivelé positif: 900 mètres. Descente: idem. Compter 4 à 5 heures.

Se restaurer

Emporter de quoi boire pendant la course et un pique-nique à savourer au sommet, si possible avec la vue.

À noter

Nous recommandons de faire cette course avec un guide professionnel. Ou sous sa propre responsabilité, après avoir consulté la carte du danger d’avalanche (www.slf.ch) et s’être muni d’un appareil de recherche de victimes d’avalanche, d’une pelle et d’une sonde. Carte de randonnée à skis au 1:50 000 No 272S (Saint-Maurice).