valais, Fully

Balade autonmale au Grand-Chavalard

Au mois d’octobre, mélèzes et myrtilliers flamboient. Un spectacle magnifié par la lumière, plus rasante en cette saison. Mais ne tardez pas à en profiter: les couleurs tournent vite et, en montagne, l’hiver arrive tôt.

En voiture de Fully, la route escarpée nous hisse rapidement à plus de 1800 mètres d’altitude. Une aventure en soi, car la piste se rétrécit à mesure qu’on s’éloigne de la vallée et il faut éviter les voitures chargées de raisins qui dévalent la pente en direction du pressoir. Car en ce début d’octobre, on s’affaire encore dans le vignoble. Mais très vite, les mélèzes remplacent les rangs de vigne et les vergers de la plaine ne sont plus qu’un quadrillage étincelant au loin. C’est à l’Érié que commence notre balade. À la limite de la forêt, le sentier parcourt le flanc sud du Grand-Chavalard: nous voilà comme sur un balcon suspendu au-dessus du Rhône, qui scintille paresseusement en contrebas. Vu d’ici, on peut pleinement apprécier les imposantes dimensions de la vallée, et tenter de se représenter la puissance du fleuve et des glaciers qui l’ont ouverte.
Après une petite heure de marche, le chemin file vers le nord et le lac inférieur de Fully. C’est une gemme bleutée, comme une goutte de rosée en suspension sur un tapis de mousse. L’endroit a quelque chose d’irréel. La végétation, la couleur de l’eau et la vitesse à laquelle défilent les nuages, rien dans ce paysage n’est familier. Si la silhouette du Grand-Combin ne se profilait pas à l’horizon, on s’imaginerait volontiers sur une île volcanique et tourmentée. Peut-être est-ce l’approche de l’automne qui donne cet air de gravité au lieu. Pour bon nombre de Fulliérains, le cirque de Sorniot (c’est son nom) est plutôt synonyme de camp d’été et de pique-nique au bord de l’eau. Le lac fait aussi le bonheur des pêcheurs, qui viennent y surprendre farios, truites arc-en-ciel et cristivomer. Et il incarne à merveille la manière qu’a l’homme de façonner son environnement pour qu’il lui convienne: en effet, cette gouille est en partie artificielle et si l’endroit est aujourd’hui un haut lieu de la pêche à la mouche, c’est uniquement parce que l’Amicale des pêcheurs de Fully «empoissonne» ses eaux trois fois par année.

Les forces de la montagne
Un peu en amont se trouve le lac supérieur de Fully que le sentier contourne par l’est. Plus grand que son cousin, il doit une partie de son étendue au barrage qui le ceinture. Construit en 1912 et mis en service deux ans plus tard, il permet d’alimenter la centrale de Fully, quelque 1600 mètres plus bas. Une telle chute était d’ailleurs un record mondial jusqu’au début des années 1930, mais l’absence de glacier rend l’approvisionnement aléatoire. Aujourd’hui, l’usine hydroélectrique de Fully ne produit qu’aux moments de forte demande et a été partiellement convertie en théâtre.
Avec le lac et le soleil dans le dos, nous poursuivons notre chemin en direction du col de Fenestral, atteint après une demi-heure de montée. Les vaches d’Hérens ont fait place aux marmottes qui s’enfilent dans leurs terriers en sifflant. Au col, la masse rocheuse de la Dent-Favre et des deux Muverans s’impose au regard. Le sentier caillouteux redescend alors dans les pierriers en direction d’Euloi. Sur la droite, les pentes nord du Six-du-Doe sont clairsemées de petits névés qui forment des taches lumineuses sur les éboulis sombres. L’itinéraire suit une petite combe avant de replonger vers le sud. Il passe par la cabane de Lui-d’Août avant de continuer en pente douce dans une vallée encaissée. On retrouve progressivement les graminées, puis les mélèzes mordorés. Le chemin s’accroche à la pente, qui se fait de plus en plus raide, pour finalement rejoindre l’Érié. Comme nous, le soleil a tourné autour du Grand-Chavalard. Dans ce vallon, la nuit tombe tôt et mieux vaut rentrer à Fully, où c’est encore l’été.

Texte(s): Vincent Jacquat
Photo(s): Vincent Jacquat

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En transports publics

Il est malheureusement difficile de faire cette balade en transports publics. Les plus courageux peuvent utiliser les remontées mécaniques d’Ovronnaz et rejoindre le parcours vers la cabane du Lui-d’Août.

En voiture

Par l’autoroute A9 jusqu’à Fully. De là, monter jusqu’au parking de l’Érié, au-dessus du village de Chiboz.
La route est étroite et assez raide, elle est fermée en hiver.

Le parcours

Boucle de 13 km avec un dénivelé de 750 m. Compter 4 h 15 de marche. Le sentier est balisé en rouge et blanc (sentier de montagne). Il est bien marqué, mais il y a quelques passages de pierriers. Des chaussures montantes sont donc conseillées. Le col de Fenestral culmine à 2450 mètres d’altitude et peut déjà être impraticable au mois d’octobre s’il y a des chutes de neige.

Se restaurer

La cabane de Fenestral est ouverte toute l’année, mais en octobre, elle n’est gardiennée que les week-ends. La cabane du Lui-d’Août est gardiennée tous les week-ends de l’année. En été, possibilité de déguster une raclette AOP à la cabane de Sorniot. On peut dormir dans chacune des cabanes.

Se renseigner

Brochure téléchargeable sur www.fullytourisme.ch.
On peut aussi télécharger un tracé
GPS sur le site de SwissMobile:
https://map.schweizmobil.ch.