Bien sûr qu’en Suisse romande nous avons aussi des montagnes de 4000 m et des glaciers qui en jettent. Mais à Chamonix leur concentration est telle et les possibilités d’ascensions si nombreuses qu’on comprend vite, une fois sur place, que l’ancienne Chamouni, mentionnée pour la première fois en 1741 dans le récit de deux aristocrates anglais, soit devenue l’une des Mecques européennes de l’alpinisme et de la randonnée. Le sentier du Grand Balcon Nord, qui relie le Plan-de-l’Aiguille au Montenvers, est l’un des plus spectaculaires. Il est d’autant plus recommandable que n’importe quel marcheur peut l’emprunter, enfants compris.

Express pour la montagne
Embarquant à la suite d’un groupe de touristes chinois dans le téléphérique de l’Aiguille-du-Midi, on avale en cinq minutes chrono les 800 mètres de dénivelé séparant Chamonix de la station intermédiaire du Plan-de-l’Aiguille. À peine descendu de la benne, on pousse le premier «oh!» de la journée – il y en aura bien d’autres. Le panorama est à tomber. On ne sait plus où donner de la tête, alors on fait comme nos compagnons de voyage asiatiques: on sort les appareils photo. Clic-clac, le Mont-Blanc. Clic-clac, les Aiguilles-de-Chamonix. Clic-clac encore, le massif des Aiguilles-­Rouges, qui s’étend face à nous, de l’autre côté de la vallée.
Après nous être encoublés une ou deux fois en lorgnant par-dessus notre épaule, on se met en chemin pour de bon. Le sentier passe au pied des moraines des glaciers de Blaitière puis des Nantillons, à travers un chaos de blocs rocheux qui réverbèrent la lumière du soleil. Au-dessus de Grand-Chalet, on s’arrête pour admirer une fois encore ces impressionnantes Aiguilles-de-Chamonix, dont les arêtes effilées semblent si proches: l’M, les Charmoz, Blaitière, le Plan, l’Aiguille-du-Midi… Une brise légère se lève. Quelques marmottes sifflent pour la forme alors que nous nous remettons en route. Nous continuons de suivre le sentier qui serpente à flanc de coteau, enjambant de petits torrents où nous nous rafraîchissons régulièrement. Au point 2071, nous arrivons devant une bifurcation. Si vous faites cette balade vous aussi, optez pour la variante panoramique de droite, vous ne le regretterez pas.

Encore des «oh!»
Une montée en lacets conduit d’abord au Signal inférieur des Charmoz. Particulièrement beau à cet endroit, le sentier passe sur de larges dalles de pierre. Très photogénique! Au moment où les Drus surgissent devant nous, impossible de retenir une nouvelle série de «oh!» admiratifs face à cette splendide flèche de granit de 3754 m qui s’élance droit vers le ciel. Nous poursuivons la montée jusqu’au Signal Forbes. De là, nous dominons la mer de Glace, semblable à un fleuve immobile. Au fond se dresse la muraille austère de la face nord des Grandes-Jorasses. Difficile de faire plus spectaculaire. Une brève descente nous mène au Montenvers, terme de la balade. Nous redescendrons à bord du petit train à crémaillère rouge à Chamonix. Non sans un dernier «oh!» pour la route.